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Challenge "Regarde ce que tu lis" (2) : Dracula (Stoker/Coppola)

Par Carolune

   Dans le cadre du Challenge « Regarde ce que tu lis » proposé par Nodreytiti sur Livraddict, un petit mot sur deux œuvres que  j’adore : Dracula par Bram Stoker, et par Francis Ford Coppola…

Le livre…

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Aaah, ce livre, je l’ai lu et relu, et c’est toujours un plaisir… Il raconte l’histoire de Jonathan Harker, un jeune clerc de notaire anglais, qui est envoyé dans les Carpates pour finaliser une importante transaction immobilière (la vente d’une abbaye londonienne et d’autre terrains) auprès du Comte de Dracula, après la défection de son prédécesseur, qui a mystérieusement sombré dans la folie… Il arrivera bien sûr chez qui l’on sait, et, après un accueil royal quoique surprenant (un festin l’attend, mais son hôte a bien sûr, « déjà mangé »), il découvrira petit à petit que le comte n’est pas le charmant gentleman qu’il paraît être… C’est d’abord le journal de voyage de Jonathan que nous lisons, avant de lire des pages du journal de sa fiancée, puis des journaux de recherches de différents médecins qui se retrouveront également dans l’affaire… Il s’agit donc d’un roman à plusieurs voix, sans aucune narration extérieure, et cette polyphonie est tellement bien maîtrisée qu’elle vaut à elle seule la lecture.

Si Mina a un rôle à jouer, c’est parce que sa meilleure amie, Lucy, va être victime des attaques du Comte, et aussi parce que c’est un magnifique personnage féminin, sensible, subtil, rationnel, auquel Bram Stoker accorde une très grande place…j’y vois toujours une splendide marque de féminisme !

Les autres personnages sont également passionnants, et notamment le groupe de médecins et de scientifiques qui vont se pencher d’abord sur le cas de Lucy, puis s’attaquer directement à Dracula. A leur tête se trouve le génial et truculent Van Helsing, médecin à l’esprit aigu, anticonformiste, généreux et bourru…

Je ne veux pas en dévoiler plus sur l’histoire elle-même – soit vous la connaissez, soit vous m’en voudrez de trop en révéler ! – mais Dracula est vraiment un grand roman, dense, magnifiquement écrit, et très instructif sur beaucoup de points de la société anglaise de la toute fin du XIXè siècle, de la place de la femme aux évolutions de la médecine et de la psychiatrie.  

Le film…

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Là encore, une oeuvre culte pour moi ! Coppola s’est attaché à suivre de près le roman de Stoker – le titre qui apparaît au générique est d’ailleurs Bram Stoker’s Dracula -, tout en modifiant certains aspects pour rendre l’œuvre plus contemporaine, surtout en ce qui concerne la relation entre Dracula et Mina : je vais y revenir.

Mais d’abord : quelle beauté ! ça c’est du cinéma comme je l’aime : il y a un travail splendide sur l’image – au tout début par exemple, avec les guerriers empalés montrés en ombres chinoises sur fond rouge, emprunt à Kurosawa -, sur les ambiances… Tout est soigné et somptueux, on sent à chaque plan le plaisir et la générosité du réalisateur... Les images sont d’un romantisme (et parfois d’un érotisme) enivrant…

L’adaptation du scénario est elle aussi très réussie : tous les éléments du roman sont repris, avec quelques modifications bien senties, qui, je trouvent, rapprochent le spectateur contemporain de l’oeuvre. Le film prend par exemple un aspect historique, avec une scène dans l’un des premiers cinémas de Londres, Coppola rendant ainsi hommage aux pionniers de cet art…

Mais la modification principale touche, comme je le disais, la relation entre Dracula et Mina : là où le roman de Stoker insiste sur le fait que Dracula est finalement une âme damnée à laquelle il faut offrir la paix, Coppola propose une autre lecture, tout aussi passionnante, du personnage, en faisant de Mina la réincarnation de l’amour de sa vie, qui s’est suicidée pendant les guerres contre les Turcs parce qu’elle croyait son mari mort : découvrant cela, Dracula a renié Dieu, se faisant un vampire – et bon sang (sans jeu de mots !), que la scène d’ouverture du film, consacrée à cet épisode, est sublime !! : Mina devient du coup un personnage plus ambigu, plus fragile aussi, et plus important car elle sera la principale actrice de la « délivrance » de Dracula.

Pour ne rien gâcher, le film est servi par des acteurs absolument magnifiques, avec un coup de cœur spécial pour Winona Ryder, qui passe en un instant de la candeur à la damnation, et Anthony Hopkins, splendide en Van Helsing…sans parler bien sûr de Gary Oldman, stupéfiant dans les différents visages du Comte...

Deux œuvres d’un romantisme fou, à lire et/ou voir absolument !

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