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MyBoox Affinity promet de trouver votre livre idéal : verdict

Par Benard


Posté par Benjamin Berton le 13.02.11 à 10:44

Le livre a beau être fini, fini, d'étranges business continuent de fleurir sur la toile pour en vanter les mérites et ENFIN (ce qu'on demande depuis 10 ans) le considérer pour ce qu'il est depuis toujours : un article de beauté, un accessoire de séduction et une babiole comme une autre. Depuis la mort de la spécificité culturelle, l'effondrement des valeurs classiques, la disparition des réticences qui voulaient que la culture soit traitée différemment des autres biens de consommation, les éditeurs commencent à s'amuser et à comprendre que leur profession n'aura d'avenir (sombre) que s'ils se comportent comme des marchands de soupe, l'économie littéraire est en mouvement : baisse tendancielle des ventes (d'où l'horizon sinistre), intégration plus poussée des stratégies marketing dans l'écoulement de la marchandise, buzz, sélection des auteurs selon des critères esthétiques (et de look) : on est heureux d'entrer dans un monde où peu à peu le commerce du livre se réforme et se banalise pour garder ses dernières parts de marché.

Dernier avatar en ligne de cette petite révolution, le site My Boox Affinity, modeste et risible application qui se moque des sites de rencontres, vous propose désormais de trouver votre livre favori (et de l'acheter, hé, hé) ou d'en offrir à une personne que vous connaissez bien (ou souhaiteriez connaître mieux), à partir d'un quizz psycho-féminin en 6 ou 8 questions. L'entrée, comme dans les sites de rencontres (gageons donc qu'il y a des livres de filles et des livres de mecs et que c'est le 1er critère de choix, sic), passe par la détermination sexuelle. Homme ou femme ? Par l'âge. Critère de sélection n°2 donc, comme si il y avait donc des livres pour les vieux (il y en a mais tout de même….) et des livres pour les jeunes (je mets de côté les gamins de moins de 5 ans qui lisent assez mal Shakespeare et Don DeLillo). S'ensuit, comme vous le verrez si vous allez jusqu'au bout de cette joyeuse idée de pubard plumivore, d'autres interrogations qui fonctionnent selon une grille de lecture primitive (beau, romantique, chaud du cul, idéaliste, planplan, surprise) pour vous refourguer au bout du compte de bons gros best-sellers qui tâchent.

Si les résultats laissent un peu à désirer (je me suis fait proposer en faisant la chose le plus sérieusement du monde un livre de Beigbeder en “livre idéal”, beurk), la mécanique est amusante mais tout de même un peu longue pour le degré de finesse à laquelle elle aboutit, c'est-à-dire des goûts moyens, médians, pour ne pas dire médiocres (si l'on considère, mais on n'ouvre pas le débat ici, qu'un lecteur peut avoir des goûts médiocres). Au final, et comme souvent avec ces initiatives nouvelles, on est assez partagés :

1) OUI au dynamitage des représentations qui sanctifient le livre et entament sa survie par rapport à des modes de communication et à des contenus qui ont le vent dans le dos.

2) Est-on obligé à chaque fois de se retrouver avec ce genre de bêtises naïves, intellectuellement désolantes et probablement mal assurées sur le plan marketing. Le commerce du livre est un univers si peu fréquentable et porteur que chaque initiative semble avoir été conçue par un mauvais stagiaire en école de commerce plutôt que par des vrais pros capables de vendre des bouquins comme on engagerait une campagne pour une automobile : avec professionnalisme, respect du produit et la bave aux lèvres. A suivre sur vos iPads.  

Source : http://livres.fluctuat.net/blog/


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