Le XVIe siècle, en France : la jeune Lara, seize ans et accusée de sorcellerie, meurt lentement sur le bûcher. En appelant à la déesse des sorcières, Sha, elle demande le pouvoir de se venger des tortures qu’elle a subi et de la fin funeste qui l’attend… Cinq siècles plus tard, dans la métropole de New Eden, l’inspecteur Duffy est chargée d’enquêter sur le suicide bien mystérieux d’un trafiquant d’armes membre de l’ésotérique Fondation du Destin. Mais sitôt arrivée sur les lieux du crime supposé, des hallucinations l’assaillent.
Des visions qui semblent venir d’un passé bien lointain. Qui hurlent leur haine. Et réclament vengeance… Pour Duffy, c’est le début d’un chemin de croix pour le moins inhabituel, où des choses restées longtemps oubliées lui reviennent peu à peu en mémoire – mais des choses douloureuses, pleines de sang, de soufre, et de malédiction.
Si on ne garde aucun souvenir de nos vies passées, après tout, il y a bien une raison.
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Mais comme à toutes règles on trouve des exceptions, il s’avère que l’œuvre dont il est question ici appartient à l’autre catégorie : celle qui conjugue avec bonheur deux genres a priori incompatibles – et précisément la fantasy avec la science-fiction typée cyberpunk.
Religion qui demeure une des caractéristiques principales des États-Unis contemporains : toujours hanté par ce passé puritain sur lequel ils se sont fondés et dont ils n’ont jamais vraiment voulu se débarrasser, ils laissent encore la foi conditionner leur quotidien.
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Il semble alors logique de la part du scénariste de s’associer pour un tel projet avec un artiste non seulement spécialisé dans le genre du médiéval-fantastique mais qui en est souvent considéré comme précurseur et leader sur le média de la narration graphique.
Ainsi, Sha se présente comme une œuvre tout à fait exceptionnelle. D’abord en réussissant à marier deux genres de l’imaginaire très peu enclins à l’union ; et ensuite à travers des graphismes qui ne se résument pas à de simples illustrations mais qui accentuent les idées du récit.
Nous aurons l’occasion de voir, dans les chroniques des tomes suivants, que cette alchimie ne se gâte pas sur le long terme…
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(1) le lecteur soucieux d’approfondir la problématique que j’évoque ici peut-être trop brièvement se penchera avec bonheur sur cet article de Gérard Klein paru dans le n°21 (février 1992) de NLM.
(2) mérite d’être rappelé que de nombreux colons du Nouveau Monde étaient des protestants qui fuyaient les persécutions religieuses en Europe.
Chroniques de la série Sha :
1. The Shadow One (le présent billet)
2. Soul Wound (à venir)
3. Soul Vengeance (à venir)
Sha, t.1 : The Shadow One, Pat Mills & Olivier Ledroit
Soleil Productions, novembre 1996
46 pages, env. 13 €, ISBN : 978-2-877-64565-2
- le site officiel d’Olivier Ledroit
- d’autres avis : Les singes de l’espace, NANOOK, Krinein Magazine, Blog Bazar