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Bright Eyes – The People’s Key [2011]

Publié le 16 février 2011 par Feuavolonte @Feuavolonte

Bright Eyes – The People’s Key [2011]Bright Eyes
The People’s Key

Saddle Creek
États-Unis
Note : 7/10

par Élise Jetté

Conor Oberst est un homme tourmenté. Ce n’est pas à tort qu’on avait collé à son groupe l’indélogeable étiquette emo, mais Bright Eyes est un groupe évolutif. Ce qu’il y a de complexe avec l’évolution, c’est d’essayer de distinguer ce qu’il faut garder de ce dont il faut se débarrasser. Depuis 2005, Bright Eyes s’est peu à peu métamorphosé en groupe indie, conservant toutefois une mélancolie poignante dans le choix des mots, dans la composition des textes.

Dans la voix d’Oberst, on a toujours entendu et on entend toujours une souffrance, une tourmente. Lorsque j’ai fait entendre ce groupe à de nouveaux auditeurs, soit on a adoré, soit on a détesté. Le chanteur de Bright Eyes possède une voix emplie de sensibilité qui, même sans les musiques, peut aisément interpeller. Cette voix est particulièrement exacerbée et accroche ou repousse son auditeur sur Firewall ainsi que sur Jejune Stars, pièce qui sonne très Vampire Weekend dans la composition musicale. Dans Shell Games, le premier single de l’album, on entend des bribes électro travaillées sur synthétiseur. Ceci est bien rafraîchissant et amène une rythmique intéressante à cette pièce au texte joliment composé.

Le perfectionnisme musical s’entend également sur Haile Selassie, un peu plus rock et très savoureuse. Le refrain rythmé de percussions de A Machine Spiritual est si agréable qu’on le voudrait plus long alors que The Beginner’s Mind propose un refrain tout à fait exquis qui tue le reste des paroles du morceau. Approximate Sunlight offre d’un autre côté une longue et douloureuse lamentation de fin de soirée éthylique. Ladder Song qui traite du suicide d’un ami d’Oberst est tout aussi difficile à écouter par rapport à l’humeur dans laquelle elle nous plonge.

Ecclésiastique. C’est un mot qui pourrait décrire le plus récent opus du groupe mené par Conor Oberst, de retour d’une collaboration de deux ans avec le Mystic Valley Band. Que vient faire le clergé dans les mélodies de Bright Eyes? Les paroles très introspectives des pièces mènent au côtoiement de Jésus. On aime ou on n’aime pas, tout comme on doute à propos des extraits de rencontres évangéliques où l’on entend un pasteur prédire un avenir en enfer.

Bright Eyes possédait déjà cette habitude d’insérer des extraits dialogués, sans musique, au début ou à la fin des pièces, comme dans I’m Wide Awake, It’s Morning où l’histoire de At The Bottom Of Everything est expliquée pendant plus d’une minute avant que l’on entende les premières notes. L’histoire passait bien, le pasteur peut-être un peu moins, surtout compte tenu du fait qu’il est entendu sur quatre pièces (dans Firewall, durant plus de deux minutes).

De façon générale, certaines audaces colorent bellement cette nouvelle parution de Bright Eyes, alors que la douceur et les sourires qui ressortaient de I’m Wide Awake, It’s Morning et de Lifted se noient dans l’obscurité de People’s Key. Les auditeurs déjà vendus pourront toutefois apprécier un retour mettant fin aux quatre années de jeûne imposées par Bright Eyes.


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