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La lettre de démission

Publié le 17 février 2011 par Mamantoutecroche
La lettre de démissionPour travailler avec mes petits bonhommes, il faut, selon la convention collective, être disponible une fin de semaine sur deux. Pour un salaire à peine plus élevé que le salaire minimum. Je ne peux plus m'offrir le luxe de refuser des démonstrations érotiques qui en deux ou trois heures, me rapportent autant, ou plus, qu'une fin de semaine complète à mon emploi initial. C'est donc avec une petite boule dans la gorge et un gout un brin amère dans la bouche (fait chier cette rêgle quand même, ils ont tellement besoin de personnel!) que j'ai écrit ma lettre de démission.
J'ai cru bon y souligner que sans cette règle, j'aurais continué avec plaisir, sur un horaire différent, et que j'aurais été pratique comme remplaçante d'urgence puisque je demeure à deux minutes...  En toute diplomatie bien sur...
Je suis extrêmement triste, c'est une décision d'affaire, pas de coeur.
Je ne vais l'annoncer à mes petits bonhomme que lors de ma dernière journée, c'est le genre de situation qui les rends anxieux et désorganisés et que, malheureusement, ils vivent souvent vu les conditions de travail difficiles. Je crois que je vais pleurer, mais il faudrait que je sois forte pour eux. Pas facile.
J'ai pu me pratiquer à quelques reprises hier soir, alors que je travaillais pour la première fois depuis deux semaines, à cause de mon accident de cou.
Résident le plus attachant vulnérable: Snif, snif...
Moi: Ben voyons, pourquoi tu pleures mon ... ?
Résident: Ca faisait longtemps t'étais pas venue... Je pensais que tu viendrais pu...
Moi (émue, triste et tentant d'être forte): Ben non voyons, je lâcherais pas sans vous en parler et vous dire bye...
Résident: Tu vas pas nous lâcher toi hein? Tu vas pas partir comme ... et ... et ...? On t'aime beaucoup, on t'aime bien, on t'aime beaucoup, on t'aime bien (il répète quand il est anxieux...)
Moi: Si jamais je ne travaille plus ici, je vais faire tout mon possible pour venir vous voir de temps en temps...
Résident ado (n'aime rien ni personne en particulier, plus tendance à nous dire qu'il nous hait que l'inverse...): C'est toi qui vient à l'hôpital avec moi demain?
Moi: Oui
Résident: C'est correct, je t'aime ben toi. Au début je t'aimais pas, mais la je t'aime ben...
Je ne fais pas ce travail pour être aimé, mais c'est touchant venant de quelqu'un d'aussi difficile à apprivoiser... Et personnellement, je les aimes tous énormément.
Quand on prend soin de quelqu'un, on s'y attache. Et ca fait presque six mois que je prend soins de mes petits bonhommes, que je les réconforte quand ils ont peur, que je les rassure quand ils sont inquiets, que je les défends lorsque, durant une sortie quelqu'un qui à la chance de n'être pas déficients ose les regarder croche ou soupirer trop fort parce qu'ils sont lent à la caisse du dépanneur. Ca fait presque six mois que je les connais et après à peine une semaine je les aimait déjà.
J'ai le coeur un peu gros ce matin. Je ne sais pas comment j'arriverai à leurs annoncer sans pleurer. Il me reste deux semaines pour me préparer. Et je ne sais pas s'il me sera possible d'aller les voir sur une base bénévole, je ne connais pas les politiques sur le sujet... J'espère de tout coeur, il sera plus facile de leurs annoncer que je quitte l'emploi si ca n'implique pas que je ne les reverrai plus. J'espère de tout mon coeur que c'est faisable.

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