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Les changements climatiques auront des conséquences considérables sur la finance mondiale

Publié le 17 février 2011 par Bioaddict @bioaddict
D'après Mercer, grande firme internationale spécialisée en consultation, en impartition et en investissements, les atermoiements et le manque de coordination des gouvernements en matière de changements climatiques risquent de coûter des milliers de milliards de dollars aux grands investisseurs au cours des 20 prochaines années.

"Les changements climatiques ont des répercussions fondamentales sur les stratégies d'actif, les risques et le rendement des placements. Les investisseurs institutionnels devraient inclure des facteurs à long terme, comme les changements climatiques, dans leur planification stratégique", a ainsi déclaré Andrew Kirton, chef du placement chez Mercer.

Les inondations en Australie et au Pakistan ou encore les incendies de forêt en Russie ont récemment montré les dizaines de milliards que pouvaient coûter des catastrophes naturelles comme celles qui devraient se multiplier avec les changements climatiques. Le coût total des destructions d'infrastructures de transport, de récoltes, ou de sources d'eau potable pourrait dépasser les 4000 milliards d'ici 2030, estime l'étude, avant d'augmenter en flèche à partir de 2050.

Le rapport Climate Change Scenarios - Implications for Strategic Asset Allocation - analyse ainsi les possibles conséquences financières d'un changement climatique sur les portefeuilles d'actifs, en envisageant quatre scénarios d'évolution climatique à horizon 2030. Le rapport identifie une série de mesures concrètes que les investisseurs institutionnels peuvent d'ores et déjà envisager dans leur allocation stratégique d'actifs.

Les connaissances scientifiques sur ce genre de phénomènes ne permettent toutefois pas encore d'intégrer ces pertes potentielles dans les modèles d'analyse stratégiques utilisés par les investisseurs institutionnels, rapporte l'étude de 132 pages réalisée en collaboration avec un groupe d'investisseurs mondiaux, la Société financière internationale, le Carbon Trust britannique, et des chercheurs de la London School of Economics. Il en va autrement des nouvelles technologies à faible émission de carbone qu'on mettra au point au cours des 20 prochaines années, poursuit-on. Ces dernières devraient représenter 1 % de l'ensemble des risques dont les grands investisseurs devront tenir compte, mais constitueront aussi une magnifique occasion d'investissement d'environ 5000 milliards.

Les choses se corsent lorsqu'il est question des mesures qui seront éventuellement mises en place par les gouvernements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, dit Mercer. Les politiques elles-mêmes, mais surtout l'incertitude qui les entoure, pourraient en effet coûter plus de 8000 milliards d'ici 2030 et représenter jusqu'à 10 % des risques totaux pesant sur le portefeuille des investisseurs. "Le futur coût des politiques de réduction des gaz à effet de serre augmente à mesure qu'on en retarde l'adoption, qu'on nous garde dans le brouillard et qu'elles seront mal coordonnées."

L'étude se penche sur quatre scénarios possibles. Le plus souhaitable, mais aussi l'un des moins probables, serait celui où les gouvernements conviendraient ensemble de mesures énergiques pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre. L'impact sur la croissance économique des 20 prochaines années serait plus marqué, mais les perspectives d'investissement seraient aussi beaucoup plus claires et riches en possibilités.

L'avenir risque toutefois d'être fait d'un mélange de "divergence régionale", où l'Europe et la Chine avanceraient beaucoup plus vite que les États-Unis ou le Japon, et d'"action retardée", où personne ne fera rien jusqu'à ce qu'on se réveille tout d'un coup et qu'on adopte une flopée de mesures en catastrophe. Dans les deux cas, la facture pour les gouvernements, ainsi que les pertes pour les investisseurs risquent d'être beaucoup plus salées.

S'adressant aux gestionnaires de grandes caisses de retraite et autres investisseurs institutionnels en quête de rendements raisonnables, mais constants, l'étude de Mercer leur recommande premièrement de mettre à jour leurs méthodes d'analyse et de placement afin d'y tenir compte de la question des changements climatiques. La meilleure façon, dit-elle, de se prémunir contre les risques liés à cet enjeu n'est pas d'essayer de s'en isoler, mais d'y investir intelligemment en recherchant les pays, les secteurs et les entreprises les mieux positionnés en la matière.

Les grands investisseurs devraient ainsi encourager les entreprises, dans lesquelles ils mettent leurs billes, à se mettre à la page, elles aussi, poursuit l'étude. Elles pourraient commencer par se montrer plus transparentes en se soumettant à des mécanismes d'évaluation crédibles de leurs émissions polluantes et de leurs politiques de développement durable.

On invite aussi, et surtout, les grands investisseurs à faire entendre leurs voix auprès des gouvernements pour leur dire que leurs politiques en matière de changements climatiques doivent être "claires, crédibles et bien coordonnées internationalement s'ils veulent attirer les investissements et aider à réduire leurs primes de risques". Car "plus on attend, plus cela coûtera cher à tout le monde", rappellent les auteurs de l'étude.

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