Dans l’advaita vedanta, Shamkara appelle surimposition l’erreur fondamentale que nous commettons par distraction : nous identifions le Soi avec le non-Soi. Nous confondons l’ultime sujet avec des objets. En fait, nous recouvrons le Soi avec des surimpositions (des upadhis, adhyasa) qui dès lors nous le masquent.
Voilà un texte de Shamkara essentiel sur ce sujet ; il s'agit du début de son commentaire aux Brahma-sûtras (que je fais rééditer chez Almora au mois de mars)
« Etant acquis que l’objet et le sujet domaines de la notion du toi et du moi, opposés par nature comme les ténèbres à la lumière, ne peuvent s’interpénetrer, et que leurs propriétés peuvent s’interpénétrer bien moins encore, on doit considérer comme erroné de surimposer au sujet, conscience (cit), domaine de la notion du moi, l’objet, domaine de la notion du toi et les propriétés de l’objet et inversement de surimposer à l’objet le sujet et ses propriétés. Pourtant surimposer à l’un l’essence et les propriétés de l’autre, en manquant à distinguer ces deux catégories et leurs propriétés, qui sont choses absolument distinctes, accouplant ainsi le vrai et le faux ; en disant « je suis ceci » ou « ceci est à moi », c’est là une pratique innée de la vie courante qui dérive d’une connaissance erronée. » Shankara
L’erreur vient donc d'une surimposition réciproque du soi et du non-soi.
Douglas Harding propose une interprétation intéressante de cette surimposition.
Nous confondons, disait-il, ce que nous sommes avec ce que nous paraissons être. L’erreur tient en quelques mots : « Je suis ici ce que je parais être là-bas ».
En effet l’individu que je crois être c’est le petit gars qui apparait dans le miroir et qui est vu par les autres. Quand je vois mon apparence dans le miroir : je dis : "ça c’est moi ». Ou quand je vois une photographie de mon corps : je dis "ça c’est moi".
Et ainsi je recouvre ce que je suis réellement (Le Soi) avec ce que je ne suis pas (L'individu : le corps mais aussi les pensées)
Cette identification est profonde aussi profonde qu’un rêve.
Jlr