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Côte d'Ivoire : comment Ouattara étouffe Gbagbo

Publié le 18 février 2011 par 237online @237online

Écrit par lefigaro.fr   

Vendredi, 18 Février 2011 18:12

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Côte d'Ivoire : comment Ouattara étouffe Gbagbo
Une à une, les sources de revenu du président sortant sont asséchées. Mais ce dernier construit une économie parallèle pour pouvoir se maintenir au pouvoir et payer ses troupes. Au risque de ruiner le pays.
L'assiégé n'est peut-être pas celui qu'on pense. Dans la bataille entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo pour la présidence de la Côte d'Ivoire, il ne faut pas se fier aux apparences. Certes, Ouattara, vainqueur de l'élections présidentielle du 28 novembre, ne peut pas sortir de l'hôtel du Golfe encerclé par les forces militaires restées fidèles à Gbagbo. Mais ce dernier, qui ne veut pas lâcher le pouvoir, se trouve de plus en plus coupé de ses ressources financières par la stratégie d'asphyxie de son adversaire.

«À défaut d'une intervention militaire impossible, la seule arme de Ouattara c'est l'économie», explique Vincent Darraque, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri). «L'objectif, au final, est de diviser le clan sur fonds de banqueroute.» Alassane Ouattara et ses alliés internationaux ont donc fermé un à un tous les robinets de cash alimentant le trésor de guerre du président sortant.

«Gbagbo bricole»

Mais, à chaque fois, «Gbagbo bricole, développe une économie artisanale et il semble impossible de réduire ses ressources à zéro», observe Rinaldo Depagne, de l'ONG International Crisis Group (ICG). Le camp Ouattara a par exemple décrété la suspension des exportations de cacao, Gbagbo ayant la haute main sur la filière. L'Union européenne a suivi, ainsi que de grandes multinationales du secteur. Mais, prévient un observateur travaillant pour une banque française, le président détourne l'embargo via les chemins de contrebande.

Le coup le plus dur porté au clan Gbagbo est passé plus inaperçu: la planche à billet lui a été confisquée par la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Son allié à la tête de la gardienne du franc CFA, monnaie commune aux pays de la région, a été délogé mi-janvier. Son remplaçant, un pro-Ouattara, a fermé immédiatement l'antenne de l'institution à Abidjan. Gbagbo a alors organisé le braquage de la succursale qui héberge 268 milliards de francs CFA (408 millions d'euros). D'après le magazine Jeune Afrique, il n'a pu empocher que 8 milliards, ne pouvant pas ouvrir les coffres: «les codes d'accès sont gérés depuis Dakar, au Sénégal, et changés quotidiennement».

Extorsions d'impôts

A défaut de pouvoir forcer les portes blindées des réserves de la BCEAO, Gbagbo peut toujours compter sur une de ses ressources principales: le pétrole. Près d'un tiers de la production serait siphonné par son clan, soit environ 20.000 barils/jour. Outre l'or noir, Gbagbo contrôle la direction des impôts ivoirienne. Les entreprises se trouvent du coup prises entre deux feux. Ouattara les a appelé à ne pas verser leurs taxes au Trésor, mais Gbagbo dépêcherait maintenant des hommes en arme pour les extorquer. Plus les sources de cash de Gbagbo se raréfient, plus ses réactions sont extrêmes. Dernière en date: la réquisition des banques, notamment les filiales de BNP Paribas et Société générale qui ont fermé cette semaine.

Combien de temps tiendra encore le président sortant? «Gbagbo a déjà puisé dans ses réserves avant ses élections pour acheter des voix. Il a beaucoup arrosé», rappelle le géographe Christian Bouquet. L'ONU estime qu'il doit trouver chaque mois jusqu'à 150 millions de dollars pour payer 104.000 fonctionnaires et 55.000 soldats. Le clan du président sortant dit pouvoir tenir deux mois «sans problème». Impossible à vérifier. En attendant, l'économie ivoirienne, privée de ses banques, se délite.


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