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Cette semaine, Arte nous fait redécouvrir Va, vis et deviens

Par Mickabenda @judaicine

Va, vis et deviensÀ voir et à revoir le film de Radu Mihaileanu, ce jeudi 24 février, à 20 h 40 sur la chaine franco-allemande.

Va, vis et deviens

Arte
24 février, à 20 h 40

Film drame

Durée : 2h25

Année : 2005

Réalisateur : Radu Mihaileanu
avec : Yaël Abecassis (Yaël) , Roschdy Zem (Yoram)

Sévèrement touchée par la famine qui atteint toute l’Afrique de l’Ouest, une mère se réfugie avec son fils au Soudan. L’Etat d’Israël propose aux milliers de juifs éthiopiens de s’installer en Israël. Chrétienne, la jeune femme ne peut pas prétendre à être accueillie, mais elle convainc son fils de 9 ans de se faire passer pour juif afin d’échapper à la famine. Le stratagème fonctionne et le petit «Schlomo» est adopté par une famille française sépharade établie à Tel-Aviv. Malgré l’accueil chaleureux de ses parents d’adoption, il grandit avec la peur d’être démasqué. Il découvre tant bien que mal la judaïté, mais aussi le racisme et la guerre dans les territoires…

Sans titre

Entretien avec Sirak M. Sabahat, acteur de ‘Va, Vis et Deviens’

Quel est votre parcours personnel ?
Je suis arrivé en 1991 en Israël, à l’âge de 11 ans, durant l’opération Moïse. J’ai alors suivi mes études dans une « boarding school » à Kfar Saba et j’ai ensuite intégré une école d’art dramatique à Haïfa.

Comment avez-vous rencontré Radu Mihaileanu ?
Je suis arrivé à l’audition pour le film grâce à une annonce dans le journal :ma mère a vu l’annonce et m’a persuadé d’y aller. Olivier Jacquet, le premier assistant de Radu, m’a fait passer la première audition. Deux semaines plus tard, j’ai fait la connaissance de Radu et c’était la première fois qu’on se rencontrait. Cette rencontre a changé ma vie.

Vous êtes-vous identifié au personnage de Schlomo ?
Evidemment, car son histoire est en réalité en grande partie ma propre histoire. Son parcours n’est pas seulement une histoire personnelle, mais elle retrace l’histoire des Ethiopiens en général qui ont tout perdu pour arriver en Israël. L’identification est tellement forte qu’il ne s’agit pas seulement d’une identification mentale, mais d’une identification physique.

Comment vous êtes-vous préparé au rôle ?
J’ai vécu les mêmes événements que Schlomo dans le film et toute notre communauté a vécu cette expérience. Pourtant, en dépit de cette identification, il a fallu que je travaille dur, 24 heures sur 24, pour faire ressurgir tous mes sentiments, tout ce que je connaissais, tout ce que j’avais vécu et enfoui au fond de moi.

Comment se sont passées les relations avec les deux plus jeunes comédiens qui interprètent Schlomo ?
Nos relations étaient excellentes et je suis devenu leur frère aîné en quelque sorte. Nous avons beaucoup travaillé ensemble pour construire le personnage de Schlomo, car chacun l’incarne à un âge différent de sa vie et il était important que le personnage reste cohérent. Ce sont deux enfants incroyables qui ont énormément de talent, et nous sommes bien sûr encore en contact aujourd’hui.

Quelles ont été vos relations avec Yaël Abecassis et Roschdy Zem ?
Yaël est une des personnes les plus humaines que j’ai rencontrées dans ma vie. C’était un plaisir de travailler avec elle, et sa gentillesse,son talent et sa douceur ont illuminé le tournage. Roschdy est un acteur incroyable, mais c’est surtout un homme qui a le talent de communiquer avec tout le monde. Je l’apprécie non seulement en tant qu’acteur mais surtout en tant qu’être humain.

Que pensez-vous de la manière dont Radu a représenté le parcours des Juifs éthiopiens dans le film ?
Radu connaissait tous les faits concernant le parcours des Juifs éthiopiens, y compris dans ses moindres nuances. Tout ce qui a été représenté dans le film est authentique et véridique.Personne d’autre que Radu ne pouvait faire un film qui représente si bien le parcours et l’intégration de notre communauté.

Comment avez-vous vécu le tournage ? Etait-ce particulièrement difficile ?
Le tournage a été très intensif et nous avons travaillé très dur, mais chaque jour était un nouveau défi. Le fait que le film représente l’histoire de ma communauté m’a donné l’énergie de venir chaque jour sur le plateau,comme si c’était le premier jour du tournage. L’ambiance sur le plateau, grâce à la sensibilité de Radu et de l’équipe, était toujours chaleureuse et amicale, même si nous avons traversé ensemble des moments difficiles.

Comment travaille Radu avec les comédiens ?
Radu travaille avec les acteurs d’une manière très précise. C’est un homme qui ne se satisfait pas d’un « bon travail », mais qui exige de tout le monde et surtout de lui-même le meilleur,la perfection. Grâce à sa personnalité,il pousse l’équipe et les acteurs à arriver à la précision parfaite. Mais, d’un autre côté, il fait confiance aux autres et leur laisse une certaine marge de liberté.

Il paraît que vous êtes resté sur le tournage tous les jours, même quand vous n’aviez pas de scène à tourner, pour aider Radu…
Oui,je venais sur le plateau même lorsque je n’avais pas de scènes à tourner. Ma relation avec Radu est très spéciale : il est comme un frère pour moi. Je voulais être près de lui durant tout le tournage du film pour l’aider,dans quoi que ce soit,qu’il s’agisse de la direction des enfants qui interprètent le rôle de Schlomo, ou qu’il s’agisse des figurants éthiopiens ou même de la traduction de l’hébreu en amharique (la langue éthiopienne). Mon implication allait au-delà du simple fait d’être sur place en tant qu’acteur : je voulais faire partie de la création de ce film pour pouvoir aider à raconter l’histoire de ma communauté. C’était très important pour moi de venir chaque jour sur le tournage, de voir de mes propres yeux mon histoire et l’histoire de ma communauté devenir un film.

Quels sont vos souvenirs les plus forts de ce tournage ?
Pour moi, toute cette expérience a été importante, et ce film a vraiment changé ma vie. Je ne peux pas indiquer de souvenirs en particulier, et je ne veux pas non plus, car chaque jour m’a marqué d’une certaine façon. Lorsque je repense à cette période, je revis l’expérience tout entière, et non par bribes de souvenirs. C’est tout le film, du début à la fin, qui a été marquant et continue d’influencer ma vie.


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