Magazine Cinéma

"Two friends" : sans elle

Par Vierasouto


21 - 02
2011
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Dans le cadre de la carte blanche à Michel Gondry consécutive à son expo au Centre Pompidou "L'Usine de films amateurs" (lire ma visite de l'expo...), le réalisateur a sélectionné un certain nombres de films et pour l'expo et pour la télévision (CinéCinéma). Parmi ces films, l'un d'eux m'a particulièrement tentée car rare et pour cause, c'est le premier long-métrage de Jane Campion pas sorti en salles mais à la télévision en en DVD à l'époque, "Two friends", un téléfilm  australien de 1986.

Pitch.
Deux ados amies inséparables vont être séparées à cause du beau-père de l'une d'entre elles qui lui interdit de fréquenter une école pour laquelle les deux jeunes filles ont réussi à l'examen d'entrée.

Comment en est-on arrivé là? A la dernière scène présentée au début du film en première scène, et tout le film est ainsi à rebours, de juillet, lors une veillée funèbre d'une ado qui vient de se suicider, on remonte par tranches, d'abord en février, 5 mois plus tôt, puis en janvier, en décembre, en octobre... Monté en 5 châpitres, c'est étrangement un peu compliqué à suivre à cause des pancartes surindicatives successives qui disent à chaque fois "un mois plus tôt" mais il ne s'agit pas d'un mois plus tôt que juillet, point de départ de cette chronologie à l'envers, mais du mois traité en question, donc inutile de suivre les indications, on se débrouille mieux sans.
En juillet, Kelly a un look de paumée vaguement grunge, les cheveux hirsutes, peroxydés, elle débarque chez sa mère pour fêter son anniversaire, habite désormais un squatt, reçue fraîchement pas son beau-père. Un copain demande des nouvelles de Kelly à Louise, sa meilleure amie, ado sage et juvénile au cheveux courts qui lui donnent un air androgyne, mais Louise et Kelly se sont perdu de vue... En remontant le temps, Louise est  filmée de plus en plus clean, les amies de plus en plus proches jusqu'à ce jour clé de décembre : les deux filles on réussi l'examen de passage d'entrée à l'école "City girls", les parents de chacune d'entre elles assistent à la cérémonie d'intronisation des lauréats, Kelly et Louise exultent. Mais le beau-père de Kelly, type tordu se pensant imprégné d'idéologie progressiste, a trouvé le discours de la directrice réac, sur le chemin du retour, il laisse entendre qu'il ne donnera peut-être pas à Kelly la permission de fréquenter l'école "City girls" avec Louise, les deux amies risquent donc s'être séparées...

photo Milestone
Film cruel sur l'événement extérieur, même infime, qui peut changer un destin, mais pas seulement, le film est plus fin que cela. Les deux amies sont très différentes, l'une, Kelly, déjà femme, attirée par les garçons, le sexe, prenant une pilule contraceptive "au cas où", l'autre, Louise, encore enfantine, polarisée sur ses études scolaires. Que se serait-il passé si c'était à Louise qu'on avait interdit l'école "City girls"? Et d'ailleurs, compte tenu de son insertion familiale, Louise s'entend bien avec sa mère qui a un compagnon sympa, l'aurait-on contrariée dans ses projets créatifs? En revanche, Kelly, malheureuse avec son beau-père qui exploite sa mère, tentant de trouver refuge chez son vrai père, futile et absent, vivant avec un ami parasite qui la drague, est une proie et pour la méchanceté stupide de son beau-père et pour être démolie par un stimulus émotionnel extérieur ; être séparée de Louise et sa mère, chez qui elle avait trouvé une famille de substitution, va déstructurer le seul lien affectif de Kelly, elle va sombrer.
Le film est froid et coupant, découpé aussi en tranches, le cadre lui-même découpé souvent, Jane Campion a d'entrée un style, un univers, une démarche factuelle de montrer les micro-événements d'une vie sans faire de psychologie, en évitant le pathos, mais sensible à sa manière minimale, tout en montrant et cachant ce qu'il faut pour que le spectateur en arrive aux conclusions qui s'imposent,le récit est tragique mais sans larmes, il y a une sorte de résignation chez Kelly à s'enfoncer, chez Louise à tourner la page, à faire avec l'absence de l'autre.
"Two friends" Diffusion sur CinéCinémaClub le 10 mars à 22h30

"Two friends" vient d'être présenté également le 17 février 2011 au
Centre Pompidou dans le cadre de la carte blanche  à Michel Gondry en parallèle de son expo "L'Usine de films amateurs"
Carte blanche à Michel Gondry sur CinéCinéma du 4 au 11 mars 2011
CinéCinéma Classic
"L'Atalante" de Jean Vigo, 1934 (4 mars/22h10)
"L'Ibis rouge" de Jean-Pierre Mocky,1975 (11 mars/20h40)
CinéCinéma Club
"Deux Filles d'aujourd'hui" de Mike Leigh, 1997 (7 mars/20h40)
"La Gueule de l'autre" de Pierre Tchernia, 1979 (8 mars
/20h40)
"Le Passe-muraille" de Pierre Tchernia, 1977 (8 mars/22h20)
"Eternal sunshine of the spotless mind" de Michel Gondry, 2004 (9 mars/20h40)
"Kes" de Ken Loach, 1970 (9 mars/22h25)
"Egg" de Danniel Danniel, 1989 (9 mars/0h15)
"Two friends" de Jane Campion, 1986 (10 mars/22h30)
"I've been twelve for ever"  (11 mars 21h)/(doc 2003 sur Michel Gondry)/POUR LES FANS! (programmé aussi au Centre Pompidou)
"One day" de Michel Gondry, 2001 (11 mars/22h20) (court-métrage)

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Mots-clés : CinéTV, CinéRécent, cinéma australien, Two friends, Jane Campion

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