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« Pourquoi la sagesse est-elle nécessaire ? Parce que nous ne sommes pas heureux », André Comte-Sponville dans « Le bonheur, désespérément »

Par Bgn9000

Je pense en effet que nous ne sommes pas heureux. Il ne s’agit pas d’un simple sentiment, romantique, ni de la tendance actuelle sur la recherche du temps perdu, de l’ici et du maintenant, d’une relation compassionnelle envers l’humanité ou que sais-je encore. Non, l’homme et la femme sont structurellement malheureux. Que ce soit la souffrance que nous partageons tous. Que ce soit les maladies, la perte des êtres chers et notre propre mort. Mais la seule et unique raison est que nous sommes pétris de doutes. Et ces doutes sont la conséquence directe de notre liberté face à notre nature, à nos origines animales. Nous avons été bannis du Paradis, car nous avons mordu à la pomme de la curiosité à cause d’un désir irrépressible, d’une soif de S…avoir.

Tout ce long discours pour vous faire comprendre que si la sagesse nous semble nécessaire pour nous aider à mieux vivre, pour trouver un certain type de bonheur qui ne peut pas s’éloigner trop loin de la vérité sans avoir un arrière-goût de factice comme le disait très justement André Comte-Sponville en introduction, quelques lignes plus tôt.

Par contre, ce qui suis me paraît un peu trop simpliste pour ce grand philosophe, mais après tout il ne s’agit que d’une conférence pour du grand public : « voilà pourquoi la sagesse est nécessaire. Parce que nous mourrons, et parce que nous ne sommes pas heureux. Si nous ne mourrions pas, même sans être heureux, nous aurions le temps d’attendre, nous nous dirions que le bonheur finira bien par venir, fût-ce dans quelques siècles… ». Au risque d’être dur, je dirais que c’est du niveau d’un adolescent rêveur, mais nous sommes tous de grands rêveurs, nous qui décrivons ce que nous pensons intimement. D’ailleurs, le constat se confirme à la page suivante : « Si nous étions heureux sans être immortels, ou immortels sans être heureux, notre situation serait acceptable ». J’ose dire que si l’homme est mortel, c’est tant mieux, en tout cas du point de vue de son bonheur, du moins de sa carence en bonheur, car pour le reste, ce sont des rêves qui nous poussent à apprendre sans cesse.

Pour la suite, je trouve André Comte-Sponville assez juste : « Mais être à la fois mortel et malheureux, ou se savoir mortel sans se juger heureux, c’est une raison forte pour essayer de s’en sortir, de philosopher pour de bon, comme disait Épicure, bref pour essayer de devenir un peu plus sage ». Et, d’un seul coup d’un seul, André Comte-Sponville cite Malraux qui citait lui-même un vieux prêtre catholique : « Je vous dirais deux choses. La première, c’est que les gens sont beaucoup plus malheureux qu’on ne le croit. La deuxième, c’est qu’il n’y a pas de grandes personnes ». Être malheureux, c’est dans notre nature dénaturée. Toutefois, cette apparente fatalité serait finalement un problème secondaire si l’homme devenait enfin un adulte. C’est ce que j’entends par sagesse et ce qui me motive dans la philosophie et dans mes écrits. Nous sommes malheureux, et alors? La belle affaire, mon fils qui est en CP et qui apprend à lire et à écrire se plaint à tout bout de champ. Et si je lui disais d’abandonner croyez-vous que ce serait lui rendre service? Comment dois-je agir pour son bonheur? L’ignorance est si douce. Mais ne croyez pas qu’un abruti ne ressente pas ce doute qui caractérise nos existences. Il est dans l’incapacité de pousser plus loin. Alors entre le doute dans l’ignorance ou le doute dans la connaissance de notre non-savoir, que choisir? Je choisis de devenir une grande personne, car c’est le seul remède à notre émancipation, d’animal évolué. Il faut continuer notre chemin.

16 février 2011

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