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Omar Pene - "Myamba" 2005 Faces

Publié le 22 février 2011 par Audiocity

 

La jeunesse dakaroise n'est pas prête d'oublier qui il fut, et celui qu'il est encore. Dans les années 70 elle l'a unanimement élevé au triomphe, trop heureuse de trouver en lui le porte voix unificateur de leurs attentes déchues. Les radios indépendantes se faisaient l'écho de son message et diffusaient sa musique alors qu'il n'était engagé par aucun contrat.  Sa carrière de footballeur avortée, il a suivi l'intuition de Baïla Diagne, qui, après avoir décelé chez le jeune homme des capacités de chanteur certaines, le prédestinait à une brillante carrière d'artiste musicien. Il l'a suivi sans faillir, orientant son jeu en opposition avec  la tradition sacrée des griots, n'hésitant pas à dénoncer les pratiques en cours d'un Etat aveugle et sourd, bien loin des réalités journalières que pouvaient vivre les citoyens. Souvent taxé de marginal parmi les conservateurs, fidèles adorateurs de moeurs et de coutumes immuables (pour faire simple, par les vieux), la modernité de son discours unifia toutes les banlieues et cristallisa en une force majeure tous les laissés pour compte de cette politique univoque contestée par la majorité. De plus, le son de son groupe emprunté au jazz ou au reggae faisait fureur dans toute cette fange de la population (bien plus prête que ses aînés à embrasser le changement), et des millions d'adolescents, hommes et femmes, souvent pauvres et sans travail, se reconnaissaient en lui.
Omar Pene était l'idole des jeunes (il l'est encore) lorsqu'il officiait parmi le Super Diamono de Dakar, groupe majeur des années 70 en "concurrence" directe avec le non moins exceptionnel "Super Etoile De Dakar" de Youssou N'Dour. Comme lui, il reste encore aujourd'hui l'un des artistes sénégalais préférés de la diaspora (même si "You" a depuis nettement viré sa cuti et perdu de son ampleur). Passé maître de la chronique sociale de son pays (vous l'aurez compris), fidèle à ses valeurs et à son "rôle" d'orateur populaire, il place les rythmes mbalax sur le devant de la majorité de ses productions.
A ce titre, les connaisseurs admettront que "Myamba" n'est pas vraiment l'album le plus représentatif de son oeuvre. Dans les rues de Dakar et d'ailleurs, il est plus fréquent d'entendre les tubes qu'il a produits au pays (vous en aurez bientôt quelques échantillons) plutôt que ces morceaux, pas assez parlant pour beaucoup de sénégalais, et manquant quelque peu d'aspérité. Epaulé par le producteur Olivier Bloch-Lainé, Omar Pene souhaitait parvenir à travailler sur ce qu'il appellera le "mbalax cool", un métissage de sonorités entre Afrique et Occident orientant l'écriture vers un rendu plus "conventionnel", et surtout plus adapté à l'exportation du projet. Bien sûr, les sabars et autres djembés sont toujours présents, mais l'esprit général change vraiment des habitudes du chanteur.
100% acoustique et très harmonieux, le dépouillé "Myamba" met l'accent sur les mélodies plus que sur les rythmiques frénétiques du mbalax traditionnel, et, disons-le, c'est mon principal "regret" sur ce disque. Quelques embardés dans la conception auraient été les bienvenues, mais qu'importe, car loin de décevoir la majorité de ses adorateurs, il permettra surtout au public international de découvrir cet artiste sans craindre de se trouver floué par la marchandise, ce qui reste non négligeable.
«On a mis du temps à préparer ce disque, car on cherchait une certaine couleur. Je suis ouvert et j’aime bien découvrir, mais on m’a toujours connu avec le Super Diamono et c’était très important de garder notre cachet. On voulait changer tout en préservant l’authenticité de notre musique. On a fait plusieurs tests, on a travaillé dans une bonne ambiance. Je n’ai pas assisté à toutes les étapes car j’avais des concerts, mais j’étais satisfait du résultat».

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