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[Critique] 127 Heures

Par Kub3

Même perdu au beau milieu d'un canyon de l'Utah, Danny Boyle sait où il habite : dans le bruit et la fureur de vivre.

Le cul entre deux falaises

Danny Boyle commence à avoir derrière lui une belle carrière de touche-à-tout. De la comédie d’âge tendre (Millions) à l’horreur apocalyptique et traumatisante (28 Jours plus tard), il nous aura fait passer par tous les genres… et surtout par toutes les émotions, toujours intenses chez cet esthète de la performance. Pour saisir davantage encore son public aux tripes, il ne lui restait guère plus qu’à accoler la mention “inspiré d’une histoire vraie” : c’est désormais chose faite avec ces 127 Heures que James Franco va, à son corps défendant, passer coincé dans un canyon.

[Critique] 127 Heures

Je vous fais le pitch ? Je vous fais le pitch. Aron Ralston est un jeune sportif de l’Utah, tout feu tout flamme voire passablement irritant dans sa fougue de trompe-la-mort. Si bien que, un jour où il aurait mieux fait de rester couché, le jeune Aron s’aventure dans le Blue John Canyon et, chemin faisant, se fait tomber un énorme rocher sur le bras. La suite est l’histoire d’une longue agonie, certes, mais surtout d’une survie.

D’emblée, on pense à une autre sortie cinématographique récente, à savoir Buried, où le personnage principal attend lui aussi une mort certaine s’il ne réussit pas à s’extraire du cercueil dans lequel il a été enterré. Pour autant, nul d’exercice de style ascétique chez Boyle ! Fut-il question là aussi d’un tombeau (à ciel ouvert), le réalisateur se moque de l’unité de lieu ou même de temps et va très vite multiplier les flashbacks et autres rêves -délirants- du prisonnier.

A la différence encore du film de Rodrigo Cortés, 127 Heures s’appuie sur une mise en scène des plus démonstratives. Dès les premières images, le ton est donné : écran constamment splitté en trois par la verticale (évoquant le sort de sandwich humain du personnage) et musique grandiloquente voire volontairement tapageuse d’A.R. Rahman. C’en serait presque trop et l’on n’est pas mécontent que la nature vienne mettre un coup d’arrêt à ce départ en trombe.

Pour autant, cet aspect sauvage que l’on serait en droit d’attendre (après tout, qu’est-ce qu’un type coincé au milieu de nulle part sinon l’éternel thème “man VS wild” ?) n’advient jamais vraiment, et l’on serpente singulièrement entre traitement clipesque et velléités documentaires. Un rapace qui survole la faille, quelques fourmis qui se perdent dans une pilosité en friche : esquissée tout au plus lors de quelques plans prétextes à encore plus d’exhubérance technique, la beauté intrinsèque du cadre animal et minéral peine elle aussi à émerger, au risque de susciter une légère frustration.

Au silence et au calme, c’est plus fort que lui, Danny Boyle a toujours préféré le bruit et la fureur (de vivre). Preuve en est le dénouement même de l’histoire, qui n’a pas fini d’en faire -du bruit-, puisqu’il aura causé un évanouissement jusque dans la micro-séance “blogueurs” à laquelle votre serviteur était convié. A partir de l’héroïque tragédie d’Aron Ralston, Danny fait du Boyle et, devinez quoi ? C’est ce qu’il sait faire de mieux.

[Critique] 127 Heures

En salles le 23 février 2011

Crédits photos : © Pathé Distribution


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