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Discours d'acceptation d'Ian McEwan du Prix de Jérusalem

Par Benard

publié le mercredi 23 février 2011

Le 20 février 2011, Ian McEwan a prononcé son discours d’acceptation lors de la cérémonie de remise du Prix, à l’ouverture du Salon du Livre.

Prix de Jérusalem [1]

Monsieur le maire de Jérusalem, Mesdames et Messieurs les membres distingués du jury, israéliens et palestiniens et citoyens de cette belle cité, visiteurs du Salon international du Livre, et Monsieur Zev Birger, rescapé de Dachau, dynamique humaine, ami de la littérature et force de soutien à ce salon, je suis profondément touché de recevoir cet honneur, le célèbre Prix de Jérusalem qui reconnait l’écrivain qui défend l’idée de « la liberté de l’individu dans la société ».

En fin de compte, la qualité de tout Prix ne peut être jugée que par la totalité de ses lauréats. La « liste des ouvrages » récompensés par ce Prix est inégalée dans le monde. Beaucoup de ces écrivains que vous avez honorés dans le passé ont longtemps fait partie de mon propre univers intellectuel, ils ont façonné mon entendement de ce qu’est la liberté et de ce que peut accomplir l’imagination. Je ne peux croire un instant d’être digne de figurer aux côtés de personnalités comme Isaiah Berlin, Jorge Luis Borges, ou Simone de Beauvoir. Je me sens quelque peu dépassé que vous ayez pu le croire.

Depuis que j’ai accepté l’invitation pour venir à Jérusalem, je n’ai pas eu un moment de calme. De nombreuses organisations et personnes, en des termes différents, à des degrés divers de civilité, m’ont exhorté à ne pas accepter ce Prix. Une organisation a écrit à un journal national disant que quel que soit ce que je pense de la littérature, de sa noblesse et de sa portée, je ne pouvais échapper au caractère politique de ma décision. A contrecoeur, malheureusement, je dois admettre que c’est le cas. Je viens d’un pays de relative stabilité. Nous avons peut-être nos sans-abri, mais nous avons une patrie. A tout le moins, l’avenir de la Grande-Bretagne n’est pas en question, à moins qu’elle ne se fragmente par des régionalisations acceptées de façon démocratique et non violente. Nous ne sommes pas menacés par des voisins hostiles, et nous n’avons pas été déplacés. Les romanciers dans mon pays ont le luxe de pouvoir écrire beaucoup ou peu sur la politique, comme il leur plaît. Ici, pour les romanciers, israéliens comme palestiniens, la « situation », ha matsav, est omniprésente, pressante, comme une obligation, ou un fardeau ou une obsession fertile. C’est un combat créateur de la traiter, et c’est un combat créateur de ne pas la traiter. Je dirais, comme principe général que lorsque la politique pénètre dans tous les recoins de l’existence, c’est qu’alors quelque chose s’est profondément égaré. Et nul ne peut prétendre ici que tout va bien quand la liberté de l’individu, c’est-à-dire, de tous les individus, se retrouve si malheureusement dans la situation présente de Jérusalem.

Lire la suite : http://www.france-palestine.org/article16779.html 


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