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L’absent du quai Voltaire

Par Benard


Critique du livre de Bruno Dive “Le dernier Chirac” (Editions Jacob-Duvernet, Préface de François Hollande).

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Lever le voile sur l'intimité d'un président à la retraite, l'exercice pouvait être au mieux insignifiant, au pire inconvenant. A fortiori après l'émotion soulevée récemment par des échos sur la santé de Jacques Chirac, soixante-dix-huit ans. Seulement, presque quatre ans après avoir quitté l'Elysée, sa popularité et son statut légitiment l'attention qu'on lui porte, malgré lui. A la différence de Valéry Giscard d'Estaing, « ex » éternel, lui ne se pose pas en victime de l'histoire et refuse de prendre part au débat public. « Jacques Chirac forge sans vraiment le vouloir, mais sans l'ignorer non plus, cette figure originale du personnage présent dans le paysage politique et silencieux », écrit Bruno Dive, éditorialiste de « Sud Ouest », dans le livre qu'il consacre au plus célèbre retraité du quai Voltaire.

Si « Le Dernier Chirac » n'est pas inconvenant, c'est qu'y sont dépeintes, avec brièveté et pudeur, les atteintes de l'âge : une surdité qui le fait parler trop fort, un pas si mal assuré qu'il appellerait une canne plutôt qu'une épaule amie. Et, drôlement, Bruno Dive sait aussi montrer que le vieux Gaulois n'a rien perdu de sa grivoiserie.

Ce livre est loin d'être insignifiant, surtout, car il poursuit intelligemment un portrait qui, pour être complet, ne saurait s'interrompre en 2007. «  Après quarante années d'une folle carrière, l'homme s'est enfin trouvé, analyse Bruno Dive. Son image s'est comme inversée. Il était arriviste ? Le voici retiré. Il incarnait le cynisme et la trahison ? On le trouve élégant et loyal. » Mais aussi absent au monde, étranger à Paris. Tristement indifférent à ce prochain procès, qu'il semble ne pas comprendre. Un peu tragique, ce « Dernier Chirac » souffre de n'avoir plus l'action en remède à l'angoisse. Comme souvent, c'est à un ami cher, l'écrivain corrézien Denis Tillinac, que revient le trait le plus fin : « Je crois qu'au fond de lui, il a fait le deuil du bonheur depuis q ue Pompidou est mort et que sa fille aînée Laurence est tombée malade. »

JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

L'extrait « Un républicain débonnaire qui n'aura rien engagé de considérable ni d'exceptionnel, qui aura fait de la politique avec les moyens du bord, et certains n'étaient pas le plus purs mais qui, attaché à un territoire, à une culture, à des rites républicains, donne l'impression d'un temps qui s'efface avant qu'un autre ne se propose, le reste n'étant qu'une parenthèse. » François Hollande (préface).

L'auteur Auteur d'« Air Sarko » et de « La Malédiction Matignon » (en collaboration), Bruno Dive est éditorialiste au quotidien « Sud Ouest ».
Les Echos

Source : http://lecercle.lesechos.fr/node/33603


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