Magazine Humeur

Vaut-il mieux un mauvais débat plutôt que pas de débat du tout ?

Publié le 28 février 2011 par Nicolas007bis

LucaA partir de la question de savoir si engager un grand débat public sur l’Islam est judicieux ou non, Corto se demande plus généralement « si nous sommes aujourd'hui capables, en France, d'aborder un sujet fondamental pour la cohésion républicaine et notre Vivre Ensemble sans sombrer dans les dérapages, les invectives, les jugements péremptoires et autres calculs électoraux ? »
Il me semble qu’il n’y a pas besoin de faire une analyse texte très fouillée pour déduire de la manière dont est posée la question, que la réponse de Corto est « non, nous ne sommes pas capables de … »

Et puisque Corto me fait le plaisir de solliciter mon avis sur cette question, eh bien, je dirais, hélas, exactement la même chose et sans le point d'interrogation !!!!...j’ai d’ailleurs eu souvent l’occasion de m’en plaindre dans de précédents billets !

C’est bien simple, les grands débats de ces dernières années ont tous foirés ou avortés !

Celui sur le projet de constitution européenne n’a été qu’une confrontation entre les maladresses des uns et les affirmations péremptoires et simplistes sinon mensongères des autres !

Celui du financement des retraites, sujet qui concerne pourtant tout le monde, qui peut dire, sans rire, qu’il a été efficace !!!!

De part et d’autre, chacun est resté sur ses positions !...un débat à l’issue duquel tout le monde reste sur ses positions, positions souvent radicales de surcroit, est un débat raté !

Nous avons eu, d'un côté, ceux qui considéraient que le bruit médiatique, les manifestations fleuves et les grèves à répétition pouvait faire office de débat et de l'autre ceux qui ont tout fait pour limiter le débat à quelques aspects précis du sujet, non négociables !

Souvenons-nous lorsque Martine Aubry avait eu le malheur d’évoquer que peut-être, sous certaines conditions, il n’était pas aberrant d’imaginer de relever l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 61 voire 62 ans, le tollé général que ça a provoqué à Gauche !!!!

Pas l’ombre d’une discussion, d’un débat, même interne au PS, non, non, ça a été immédiatement le tir au mortier sur la Martine qui s’est évidemment empressé de faire une piteuse marche arrière !

Mais le pire, ce ne sont pas les débats ratés mais les débats qui n’ont pas lieu ou qui n’ont lieu qu’à moitié, parce que le sujet a été déclaré, sans débat préalable évidemment, tabou !

Le débat sur l’identité nationale en est un exemple parfait puisque ce n’a été qu’invectives et anathèmes non pas sur le fond mais sur l’opportunité ou non de débattre du sujet !!!

En Janvier de l’année dernière, sur ce sujet, je m’étais bien énervé suite au coup mediatico-politique de Peillon qui avait, sans prévenir et au dernier moment, refusé de participer à un débat organisé par France2 sur l’Identité nationale.

Dans ce billet intitulé « Sans débat pas de démocratie », que je viens de relire et qui 1 an après n’a malheureusement pas pris une ride, je répondais déjà à la question de Corto (un petit extrait) : « (…) il faut en avoir des certitudes et des œillères pour ne pas voir que sur beaucoup de sujets autour de ce thème, comme l’immigration mais pas seulement, il y a de nombreuses questions qui méritent d’être débattues pour que la collectivité nationale fonctionne mieux et de manière plus apaisée !

Même si on se limite au sujet de l’immigration, au vu des réactions que provoquent la moindre expulsion d’immigrés clandestins, pourtant opérée dans le cadre de la Loi de la république, il y a clairement un manque de consensus sur un sujet important !....Et comment peut-on le rechercher, sinon le trouver, ce consensus, sans débat ?? »

Dans cette catégorie des non débats, on trouve un tas de sujets : l’immigration évidemment, la TVA sociale, l’intégration, le communautarisme, les banlieues, la délinquance ou l’islam qui est bien partis pour intégrer la liste !
Or, refuser de débattre, surtout sur des sujets sensibles, c'est laisser la place aux extrêmes, c'est les laisser exprimer leur populisme et leurs fausses réponses sans contradictions !

Donc si on résume, entre les débats foirés pour cause de « dérapages, invectives, jugements péremptoires et autres calculs électoraux » et les débats qui n’ont pas lieu alors qu’on en aurait besoin, il ne reste pas grand-chose pour faire fonctionner notre démocratie !

Et, je le répète, sans débat, pas de démocratie !

Ce qui amène tout naturellement à la vraie question que pose le billet de Corto à propos de l’Islam mais qui peut être généralisée à beaucoup d’autres sujets: Vaut-il mieux un mauvais débat plutôt que pas de débat du tout ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nicolas007bis 70 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines