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" All around " au Café de la Danse: une forêt enchantée en plein Paris

Publié le 28 février 2011 par Assurbanipal

Régis Huby+ Yann Appery « All around »

Paris. Le Café de la danse.

Samedi 26 février 2011. 20h.

Régis Huby : violon, composition, direction

Maria Laura Baccarini : chant

Frédéric Pierrot : récitant

Sabine Balasse : violoncelle

Yves Rousseau : contrebasse

Guillaume Séguron : contrebasse, guitare basse électrique

Bruno Angelini : piano

Christophe Marguet : batterie

Roland Pinsard : clarinette basse

Catherine Delaunay : clarinette

Jean Marc Larché : saxophone soprano

Olivier Benoît : guitare acoustique, électrique

J’avais enregistré que le concert commençait à 20h30 alors que c’était à 20h. Résultat : j’arrive en retard. Faute. Par miracle, je trouve une place assise bien située. Un Brésilien venu avec deux Italiens admirer Maria Laura Baccarini me l’avait gardé. Involontairement.

Dès le départ, c’est superbe. L’orchestre à cordes tourne comme une voiture de sport italienne. Rouge de préférence. Maria Laura Baccarini est aussi belle à voir qu’à écouter. Ca décolle. Par rapport à l’album, il y a en plus un acteur qui lit un texte en français, une fable écologique écrite par Yann Appéry en plus des chansons. La chanteuse est aussi actrice. Ses mouvements accompagnent le texte, l’illustrent.

Les morceaux s’enchaînent comme dans un concerto de musique classique. Pas de solo, de standard, d’applaudissements aux pauses. Paroles et musique nous racontent une belle histoire. Nous applaudirons à la fin. J’avais déjà remarqué en écoutant l’album qu’il s’agissait d’une œuvre de forme concertante. A écouter dans son ensemble et non pas morceau par morceau. C’est encore plus net en concert. C’est un groupe de virtuose soudé, cohérent (Bruno Angelini remplace Benjamin Moussay au piano avec maestria) qui porte la chanteuse comme seule vedette. Elle le mérite. Ah je reconnais le petit air breton écrit par le Rennais Régis Huby ! La musique déferle sur nous comme les vagues de l’Océan Atlantique à la Torche, celles qui faisaient peur à Robbie Naish. Retour du petit air breton. Ca me rappelle la terre natale. L’acteur est censé voyager, apprendre les mystères de la Nature lors d’une nuit en forêt sous la conduite de la féé jouée par la chanteuse. Maria Laura Baccarini en fée est parfaitement crédible. L’acteur, s’il lit bien, l’est moins. Quand ils agitent les bras, elle décolle, pas lui. Un homme ne doit pas se mesurer à une fée. C’est la leçon des légendes, de Bretagne et d’ailleurs.

Silence. Place au texte. L’ambiance a changé. Après les lumières, la brume. Après la joie, la tristesse. Le piano vient ajouter quelques notes claires. Dans le public, une femme pose la tête sur l’épaule de son homme. L’ambiance s’y prête. La musique est très bien écrite et l’interprétation est à la hauteur des compositions. Ca redémarre. L’air est redevenu vif, chaud, lumineux. L’acteur présente la taupe prêcheuse. Je n’imaginais pas la taupe prêcheuse si séduisante. Quelle voix ! Guillaume Séguron passe de la contrebasse à la guitare basse électrique. Solo de guitare électrique. Ca devient plus rock , plus dur. Puis la souplesse, la langueur des cordes l’emportent. La musique tempête à nouveau mais sans emphase wagnérienne, grâce aux Dieux ! 

Pause. Les instruments s’accordent. C’est le moment de tousser. « Une salle de concert est un lieu où des gens se retrouvent pour tousser » (Alphonse Allais). Un portable sonne. On a pendu pour moins que ça !  

Ca repart sur un duo vif entre violon et chant. La chanteuse est pieds nus sur scène comme sa consoeur Elina Duni. Duo batteur aux balais/acteur. Solo de batterie aux baguettes comme pour faire monter le soleil à l’horizon. Il faudra jouer cette musique en plein air, au théâtre de verdure de Sables d’Or les Pins par exemple. Ce soir elle repousse les murs mais ne les efface pas. C’est comme la Mer. Après une première vague dans un sens, une deuxième vient vous emporter dans l’autre. Sauf que c’est sans risque pour la santé puisque seule votre âme est emportée le temps du concert. Maria Laura termine en chantant « All around » entourée par l’orchestre. Logique, non ? Mon voisin de gauche est sceptique. Sa femme applaudit pour deux. Mon voisin de droite, Brésilien, est enthousiaste et moi aussi. 

RAPPEL

« Take a ray of light » chante Maria Laura Baccarini dans un anglais impeccable. Avec ce petit air breton qui donne envie de danser aux humains, aux fées, aux korrigans, peut-être même à l’Ankou.

A l’opposé de Max Weber, la création de Régis Huby – Yann Appery – Maria Laura Baccarini et leurs complice a pour but d’enchanter le réel. Mission accomplie.


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