Magazine Culture

De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen

Par Wellreadkid

De l’eau pour les éléphants est de ces romans qui, en quelques mois, deviennent des phénomènes littéraires, s’arrachant dans les librairies. L’atout du roman de Sara Gruen réside sur l’intrigue, basée sur deux ingrédients : un portrait sans concession de l’Amérique de la Grande Dépression, et une description dure mais réaliste de l’univers du cirque. Ajoutez à cela la rencontre de deux êtres blessés par la vie et vous obtenez la recette d’un très bon roman.

Etudiant en école vétérinaire, Jacob est un jeune américain des années 30 comme les autres, il songe aux filles et rêve de réussir à ses examens. Son monde s’effondre à la mort brutale de ses parents. Dans un contexte de Grande Dépression, Jacob est jeté sur les routes : il saute à bord d’un train, sans se douter qu’il vient de rejoindre le cirque des frères Benzini. L’aventure commence : entre une galerie de personnages pittoresques et la vie au cirque, Jacob découvre un monde à deux facettes, entre ombre et lumière.

de l'eau pour les éléphants Sara Gruen
Le récit nous présente deux Jacob : le Jacob jeune et alerte des années 30 et le vieux Jacob, pensionnaire dans une maison de retraite. Leurs voix alternent, à la première personne, donnant davantage de profondeur au récit. Jacob nous émeut lorsqu’il perd ses parents. Il nous touche encore plus quand, soixante-dix ans plus tard, il nous dévoile sa déchéance physique, son impuissance à accomplir les tâches les plus simples, ses problèmes de mémoire. Le roman tout entier est bâti sur un contraste : contraste entre le jeune Jacob et le vieux Jacob, contraste entre la scène, où tout n’est que paillettes et lumière, et l’envers du décor, où règnent l’injustice et la cruauté. Car Jacob découvre très vite qu’au cirque, tout est illusion. Son maître en la matière sera probablement son supérieur August, un homme à la fois très charismatique, et odieux. Personnel et animaux sont exploités : les uns sont menacés d’être expulsés du train, les autres de servir de pitance aux fauves.

Dans le contexte de la Grande dépression, l’enjeu financier pour le cirque est crucial : Jacob a bien conscience que sans le refuge du cirque, il serait probablement à la rue et affamé. Dans cette course au profit, Oncle Al, monsieur Loyal sans scrupule, est prêt à tout : son rêve est d’avoir son propre éléphant. C’est là que Rosie l’éléphante entre en scène. C’est alors que se tissent entre Jacob et l’éléphant une improbable amitié, tout en regards et caresses. A ce duo se joint la belle Marlène, écuyère au grand cœur, qui fera tourner la tête de Jacob et montera sur celle de Rosie sur scène.

En quelques coups de pinceau, Sara Gruen dessine un univers sans merci, impitoyable, dans lequel se forme un trio impensable. Dès les premières lignes, le monde se ferme et le roman prend toute sa réalité. C’est ce qu’on appelle un « page-turner ». De ce genre de livre qu’on ne peut reposer tant que l’on ne l’a pas terminé. A la recherche d’un grand roman d’amour, ou d’amitié, d’un roman historique sur les Etats-Unis, ou d’un récit sur le cirque, ou tout simplement amateur de belles histoires, lancez-vous !

Je remercie vivement les éditions Le livre de poche et Livraddict pour m'avoir permis de découvrir cette très belle histoire.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wellreadkid 75 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines