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De Gainsbarre à Bashung

Publié le 03 mars 2011 par Feuavolonte @Feuavolonte

De Gainsbarre à Bashung

par Williams Fonseca-Baeta, Aurélie Lanctôt et Olivier Morneau

Ils ont charmé les oreilles des mélomanes des soixante dernières années à coup de pianos, de guitares et de chants embués de nicotine. Serge Gainsbourg et Alain Bashung ont tous deux disparu durant un mois de mars. Ils ont laissé en héritage aux adeptes de la musique française un immense répertoire de succès qui survivra aussi longtemps que la langue de Molière. Feu à volonté! a récapitulé les chansons les plus marquantes des deux artistes.

L’homme à tête de chou – Alain Bashung (reprise de Serge Gainsbourg)

Avant sa mort en 2009, Alain Bashung a repris l’entièreté de l’album L’homme à tête de chou de Serge Gainsbourg pour en faire la trame sonore d’un concert de danse. Le français Gallota réalise le spectacle qui sera de passage à Montréal du 4 au 13 mars au Théâtre de Maisonneuve.

Le poinçonneur des lilas – Serge Gainsbourg

Écrite et composée par Gainsbourg, Le poinçonneur des lilas parait en 1958 sur son premier album, Du Chant À La Une! On la considère comme étant son premier succès, avec son rythme effréné, son piano tapageur et ses p’tits trous, toujours ses p’tits trous. La pièce est empreinte de la candeur timide des premières années, alors que Gainsbourg se considère encore comme un débutant à la mine ingrate qui a tout à prouver à son auditoire. La pièce vieillit cependant admirablement, arrachant chaque fois un sourire et quelques sifflements.

Aurélie Lanctôt

Je fume pour oublier que tu bois – Alain Bashung

Écrite en collaboration avec Boris Bergman, la chanson ouvre en force Roulette russe, le deuxième album studio de Bashung, paru en 1979. Il a plus de trente ans et une dizaine d’années de carrière bien campées dans la voix quand il popularise Je fume pour oublier que tu bois. Douce complainte, on se berce d’une mélancolie presqu’apaisante au fil des couplets; un air certain de revenez-y.

Aurélie Lanctôt

Bonnie & Clyde – Serge Gainsbourg

Le crime amoureux a été le pêché préféré des chansons de Gainsbourg. L’artiste mord scrupuleusement à la Pomme d’Éden dans les années 60 lorsqu’il commence une relation avec une actrice mariée. Brigitte Bardot appelée B.B. par Gainsbourg sur la pièce Initials B.B. devient alors la flamme et l’inspiration du musicien.

Sans surprise, il demande en ’68 à Bardot de chanter sur une pièce musicale s’inspirant d’une relation amoureuse de criminelles en fuite. Les premières paroles de Bonnie & Clyde proviennent du poème romancé The Trail’s End écrit par la criminelle Bonnie Parker à la veille de sa mort.

Williams Fonseca-Baeta

Pas question que j’perde le feeling – Alain Bashung

La chanson parait également sur Roulette russe et est signée conjointement par Bashung, Bergman et Daniel Tardieu. Bal de presque country, les paroles sont ludiques; la pièce surprend, à l’aube des années 80. On swigne joyeusement, tapotant le volant qu’on pourrait sentir entre nos mains, l’air désinvolte, la route se déroulant à l’infini par devant. Et pourquoi ne pas la faire jouer encore une fois?

Aurélie Lanctôt

Ballade de Melody Nelson – Serge Gainsbourg

Le temps d’un disque, Gainsbourg est devenu le conteur érotique des fantasmes interdits. Au son d’une mélodie anglaise du nom de Jane Birkin, le chanteur a repoussé les limites de la musique française et a écrit une ballade pour les mal-aimés. Dans l’album Melody Nelson, les histoires, les orchestrations symphoniques et le funk se fréquentent dans un ménage à trois que seul Gainsbourg pouvait provoquer. Ce n’est pas pour rien que ce disque est devenu le préféré de nombreux réalisateurs de films pornographiques.

Williams Fonseca-Baeta

Osez Joséphine – Alain Bashung

Cette chanson marque le retour du succès pour Bashung. Hymne à la vie, Osez Joséphine progresse avec une guitare électrique rock imitant le hennissement sauvage d’un cheval, tout en laissant la charmante voix du Français et les arrangements de cordes charmer l’auditoire.

Olivier Morneau

Je t’aime . . . moi non plus – Serge Gainsbourg

C’est en 1967 que Gainsbourg écrit les paroles et la musique de la choquante, la suggestive Je t’aime… moi non-plus. Il imprègne ses mots et ses mélodies d’un érotisme avoué, la plume muée par une passion à peine dissimulée, alors qu’il a une liaison avec Brigitte Bardot. La Bardot étant alors mariée, elle refusera de voir les enregistrements de la chanson diffusés. Transi et amer, Gainsbourg se tournera vers Jane Birkin, qui deviendra sa compagne, pour l’interprétation dudit duo. Finalement, à sa sortie, en 1969, le tube déclenchera la grogne et le mépris. On accuse le couple de verser dans la pornographie musicale et l’imposture. Plus de 40 ans plus tard, la pièce demeure néanmoins légendaire et aura contribué à faire passer l’oeuvre de Gainsbourg à la postérité.

Aurélie Lanctôt

La nuit je mens – Alain Bashung

Après avoir obtenu trois victoires de la musique en 1999 pour l’album Fantaisie Militaire, Bashung a livré cette chanson sur la même scène six ans plus tard, lors de l’édition 2005 du concours. Lors de l’événement, l’opus a été consacré meilleur album des 20 dernières années. Si Bashung ment parfois la nuit, son talent ne ment jamais.

Olivier Morneau

Aux armes et cætera – Serge Gainsbourg

La Marseillaise, l’hymne national de la France, a été depuis la Révolution française la sainte nitouche de la musique francophone, mais pour Serge Gainsbourg rien n’est intouchable, pas même les chansons frigides. Il crée la polémique à l’aube des années 80 en reprenant l’hymne national sous des tonalités reggae. Véritable doigt d’honneur à la droite politique française, Gainsbourg se fout des règles de convenance et fait de La Marseillaise sa dernière grande conquête avec Aux armes et cætera.

Williams Fonseca-Baeta

Il voyage en solitaire – Alain Bashung

Composée par Gérard Manset en 1975, cette superbe chanson clôt le dernier album de Bashung, Bleu Pétrole. Tout tranquillement, en fredonnant «Mais il est seul, un jour l’amour l’a quitté s’en est allé», le chansonnier s’approprie le succès de Manset pour produire un concentré sonore de sa propre vie, et de sa mort. On reste marqué par l’émotion dégagée de la voix du légendaire chanteur.


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