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New York - La Librairie de France ferme ses portes

Par Benard

La Librairie de France du Centre Rockefeller à New York, seule librairie française aux Etats-Unis, va fermer ses portes dans quelques mois pour des raisons financières. Le loyer exorbitant aura eu raison de la passion d’Emmanuel Molho, le patron de cette institution culturelle. Les plus anciens locataires du gratte-ciel devront maintenant se tourner vers l’avenir…

Racontez-moi l’histoire de votre Librairie ?

Emmanuel Mohlo : La Librairie a été fondée par mon père, Isaac Molho, Juif de Thessalonique, qui arriva à New York dans les années 20. Il a ouvert l’établissement en 1935 sur l’esplanade du Centre Rockefeller.

Quelques années après son inauguration, pendant la Seconde guerre mondiale, la Librairie de France est devenue le refuge des écrivains français fuyant le nazisme. Des écrivains qui rêvaient d’une France libre ! Mon père créa pour eux, avec Vitalis Crespin, une maison d’édition, « La Maison française », qui publia des auteurs comme Jules Romain, André Maurois, Louis Aragon, Jacques Maritain et Antoine de Saint-Exupéry (dont Pilote de guerre fut publié par Isaac Molho). Il faut aussi rappeler que la fonction première du Rockefeller Center, lors de sa création en 1932 était d’accueillir l’élite intellectuelle européenne fuyant l’Europe en crise.

L’âge d’or de la boutique s’est situé entre les années 1940 et les années 1970. On recevait deux tonnes de livres français chaque semaine. Il y avait plus de cinquante employés dans la Librairie. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que six, dont mes deux enfants, ma fille Deborah et mon fils Brian. Nous avions aussi deux autres magasins, un sur la 19e rue, et l’autre à Los Angeles, qui ne désemplissaient pas. J’ai repris la boutique en 1988 à la mort de mon père. A l’époque, il y avait déjà des difficultés liées au coût exorbitant du loyer. La Librairie de France avait dû céder 60% de sa surface après une augmentation de loyer de 300%.

Le chiffre d’affaires a régulièrement baissé ces dernières années. Comme le dit ma fille Déborah : « Le sentiment anti-français qui régnait après le 11 septembre et la guerre en Irak ont conduit certains clients à déserter les lieux. Nous avons même du poster un vigile devant la porte ! La baisse du dollar par rapport à l’euro est également en cause : nous nous fournissons directement chez les éditeurs et nous avons du mal à rentabiliser l’activité. »

Lire la suite : http://apf-francophonie.org/spip.php?article1030


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