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Le métier de bibliothécaire (2010) IX

Par Hiram33

3 Ressources humaines, management des équipes et gestions de projets.

Les statuts publics

Chaque fonctionnaire appartient à un corps (Etat) ou à un cadre d’emploi (Fonction publique territoriale).

Les corps et cadres d’emploi sont classés selon trois catégories : la catégorie A+/A pour les emplois de cadres supérieurs et cadres, la catégorie B pour les emplois de cadres intermédiaires ou de techniciens supérieurs, enfin la catégorie C pour les emplois d’agents. Les corps et cadres d’emploi comptent plusieurs grades. L’avancement à l’intérieur d’un même grade se réalise par le passage d’échelons. L’avancement d’un grade à un autre se fait par inscription sur un tableau d’avancement par ordre de mérite ou par réussite à un examen professionnel puis inscription sur une liste d’aptitude et sur un tableau d’avancement après avis de la CAP ou par la réussite d’un concours professionnel.

Le passage d’une catégorie à l’autre se réalise soit par nomination à la suite de la réussite au concours soit par promotion interne après inscription sur un tableau d’avancement.

Les statuts privés

Les bibliothèques sous statut privé ont choisi de reproduire les grades de la fonction publique ou bien ont créé des grilles spécifiques plus simples. Cependant, la carrière des salariés est ici essentiellement réglée par la cadre contractuel.

Les emplois de la catégorie A+/A sont ceux des personnels dots « scientifiques » (conservateurs généraux et conservateurs des bibliothèques dans la fonction publique d’Etat, conservateurs territoriaux de bibliothèques dans la fonction publique territoriale) ou d’encadrement (bibliothécaires d’Etat ou bibliothécaires territoriaux). Les emplois de catégorie B renvoient aux personnels techniques : BAS et Assistants de bibliothèques dans la fonction publique d’Etat, assistants et assistants qualifiés territoriaux de conservation du patrimoine et des bibliothèques dans la fonction publique territoriale. Les emplois de catégorie C sont ceux des personnels dits d’execution (magasiniers dans la fonction publique d’Etat, adjoints du patrimoine dans la fonction publique territoriale). S’agissant de la fonction publique d’Etat, on note une prédominance féminine (70%). Il y a 36% d’agents en A, 40% en B et 24% en C. Dans la FPT il y a 77% de femmes et 10% d’agents en catégorie A, 33% en B et 57% en C.

Les fonctions stratégiques

Le directeur, assisté de son équipe de direction, est chargé d’élaborer la stratégie d’ensemble de l’établissement afin de répondre de manière idoine aux objectifs visés par la politique publique culturelle de sa tutelle. Son rôle consiste également à mettre en oeuvre cette stratégie, à en contrôler la réalisation et à en évaluer les résultats. La stratégie d’un établissement se traduit notamment par l’énoncé de sa mission principale, de ses missions secondaires,des publics visés, objectifs généraux et opérationnels à atteindre, de l’offre des services de documentation ou de valorisation à renforcer ou à créer. La direction a pour fonction de contrôler et d’évaluer les résultats.

Les fonctions administratives

Elles correspondent essentiellement à la gestion du budget et des ressources humaines.

Les fonctions logistiques

L’arrivée de la bureautique, la gestion informatisée des bibliothèques, la mise à disposition du public de postes informatiques multimédia et de ressources numériques imposent une fonction technique pointue et réactive pour assurer le fonctionnement et la maintenance des machines et des systèmes.

Les fonctions de production

Elles renvoient à la constitution d’une offre documentaire, au traitement intellectuel et bibliothéconomique mais aussi matériel des collections, enfin à la médiation entre ces dernières et le public.

Droits, garanties, obligations et régime disciplinaire

Tout bibliothécaire est appelé à s’acquitter de ses fonctions et à assumer ses responsabilités en se rapportant aux principes de service public (continuité, mutabilité, égalité et neutralité) afin de satisfaire l’intérêt général. Le code de déontologie du bibliothécaire adopté le 23 mars 2003 par le conseil national de l’ABF, à la suite notamment de pratiques de censures liées à l’arrivée de certains exécutifs locaux dans des villes du sud de la France en 1995, complète le Manifeste de l’UNESCO et la charte documentaire propre à chaque établissement. Les bibliothécaires s’engagent à adopter, au regard de l’usager, des collections, de leur collectivité et de leur profession, un certain nombre de principes tels que le respect des usagers, l’égalité des traitements de ces derniers, la confidentialité des usages, le libre accès à l’information mais aussi le pluralisme et l’encyclopédisme des collections. Les bibliothécaires doivent exercer leurs fonctions en respectant les principes de responsabilités financière, comptable, pénale et administrative, mais surtout scientifique et technique.

Organigramme fonctionnel

Le modèle par segmentation fonctionnelle

Ce modèle dit « classique », utilisé dans les bibliothèques traditionnelles, BU et BM de taille importante, est basé sur une segmentation technique par nature d’activité. On trouve en général les services suivants : le service des acquisitions, le service du catalogage, le service de l’accueil du public et du prêt, le service de la conservation et de la gestion des collections. Une telle organisation du travail risque d’entraîner un cloisonnement des services, un fonctionnement bureaucratique et de réduire la mobilité des bibliothécaires en raison de l’absence de polyvalence des compétences. Cependant, cette organisation possède des avantages en matière de productivité, d’expertise et de qualité du travail réalisé.

Les modèles par segmentation opérationnelle

Le modèle thématique ou la départementalisation

Ce modèle, qui prédomine majoritairement dans les bibliothèques moyennes ou plus récentes, dans quelques BU et à la BNF est fondé sur une organisation du travail en départements qui regroupent des disciplines connexes. Chaque service est responsable de toutes les fonctions documentaires liées à cet ensemble disciplinaire. La polyvalence des activités est assurée par chacune des équipes mais on constate une expertise moindre dans chacune des fonctions techniques.

Le modèle par segmentation des publics

CE modèle utilisé dans de nombreuses BM ou BU est fondé sur une segmentation par âge (jeunesse, adultes), par niveau (1er cycle, 2è ou 3è) ou par supports (vidéothèque, discothèque). Avec un tel modèle, les passerelles entre les services et la mobilité du personnel sont aussi minimes.

Le modèle d’organisation matricielle

C’est un modèle temporaire, créé dans une logique de gestion de projet. Les responsables fonctionnels sont mis sous la responsabilité d’un chef de projet en vue de résoudre un problème ou d’atteindre un objectif précis.

Pilotage, management et gestion des équipes

A la différence du management privé qui dépend des exigences du marché, le management public, qui a pour fondement l’efficience sociale, est spécifique. Défini comme la conduite des femmes et des hommes ayant à atteindre, ensemble les objectifs de l’organisation, le management se décompose en deux réalités : le management humain et le management stratégique. S’appuyant sur les compétences, sachant les valoriser, le management relationnel renvoie à une attitude de confiance a priori, de respect des identités et des savoir-faire professionnels. Afin d’inscrire la bibliothèque d’aujourd’hui dans un mouvement de modernisation, d’adaptation et de réactivité face aux nombreuses évolutions de la société, il importe de promouvoir un management participatif qui permet une meilleure gestion d’un environnement devenu complexe : diversité des missions et compétences, multiplicité des partenaires, caractère innovant des actions ou dispositifs, caractère événementiel des opérations, niveau important d’incertitudes. Ce management participatif développe le sens des responsabilités et de l’autonomie de chacun et fait appel à l’esprit d’initiative et d’inventivité. Il implique ainsi la circulation de l’information et la délégation du pouvoir à la différence d’un management autoritaire.

Evaluation des agents

L’évaluation doit permettre de contribuer à une meilleure cohérence entre les orientations individuelles et collectives, d’offrir une réelle équité de traitement dans la prise en compte des situations individuelles, de dialoguer sur les perspectives individuelles tant internes qu’externes. Elle doit, en tant que telle, valoriser les compétences intellectuelles, techniques, managériales et relationnelles qui composent le cadre d’exercice des agents. Elle doit reposer sur des missions claires et explicites, des objectifs réellement concrets, quantifiés et adaptés, des priorités fixées et des tâches précisément définies. En dehors du projet d’établissement et de l’organigramme, les fiches de postes demeurent l’instrument de référence et de négociation d’un contrat avec chaque membre de l’équipe.

VII Formation, information, réseaux professionnels

1 La formation professionnelle

D’un point de vue du contenu, on peut d’abord constater que les formations, quels que soient leur statut et leur position chronologique par rapport au recrutement, se répartissent en deux grandes familles :

Les formations plutôt technico-professionnelles, souvent destinées aux futurs employés et techniciens que sont les personnels de catégorie B et C des fonctions publiques.

Les formations destinées à former les futurs cadres, pour lesquelles la part technique est plus faible et le contexte professionnel traité de façon plus large.

Les formations initiales universitaires

Issu de la spécialité « carrières de l’information » des Iut, qui avait fait ses preuves notamment pour former des techniciens de la documentation, le nouveau Dut Information-communication a été créé en 1991. Sa création a été l’occasion d’introduire une nouvelle option « Métiers du livre et du patrimoine » qui fait référence aux bibliothèques. Parmi les licences professionnels on en trouve plusieurs partiellement ou totalement dévolues à la formation de futurs bibliothécaires. Il existe un master en métier du livre qui peut faciliter la recherche d’emploi en cas de réussite à un concours territorial, notamment celui de bibliothécaire.

Les formations professionnalisantes hors université

L’association des bibliothécaires de France assure elle-même la formation d’auxiliaire de bibliothèque, formation de base proposée par ses différents groupes régionaux. Elle est classée au niveau V (BEP, CAP) et vise la catégorie C et les bénévoles. L’Ecole de bibliothécaires documentalistes, qui dépend de l’Institut catholique de Paris, propose des formations dans le domaine des bibliothèques : « Gestionnaire de l’information et des documents de niveau II (Bac + 4), « technicien bibliothécaire documentaliste ». Cette formation ne confère pas le statut d’étudiant à ceux qui la suivent.

Après concours : les formations statutaires post-recrutement

L’ENSSIB offre une formation de 18 mois aux conservateurs ponctuée par des stages. Les bibliothécaires sont également formés à l’ENSSIB. Les assistants des bibliothèques de l’Etat reçoivent pendant leur année de stage une formation post-recrutement de 150 heures dispensée par un ou plusieurs CFCB.

La formation continue : des enjeux, des réseaux, des mutations.

Il semble que l’essence du métier des bibliothèques soit l’hyper-polyvalence : tantôt médiateur, tantôt magasinier-conservateur, tantôt administratif, tantôt technico-ingénieur, tantôt chercheur-acquéreur, le bibliothécaire (de tout statut) est un personnage étrange qui change de fonction plusieurs fois par jour. Une telle polyvalence doit s’entretenir : l’ouverture de nouveaux services, l’arrivée de nouveaux publics, les attentes croissantes de tutelles plus présentes, tout cela renforce les besoins d’une profession qui, parce qu’elle est aussi une profession de l’information, est bien placée pour cerner l’immensité des besoins de formation qui sont les siens.

Dans les BU, un réseau de correspondants formation a été mis en place, chargé d’élaborer et de mettre en oeuvre le plan de formation du service, en l’insérant si possible dans la politique globale de l’établissement. Ce plan sert à la mise en place des formations assurés par les CFCB mais aussi par l’ENSSIB et par les unités régionales de formation à l’information scientifique et technique. En BM, l’acteur le plus institutionnel est le CNFPT mais il y aussi les formations que les BDP mettent en place pour leurs réseaux départementaux. Le droit individuel à la formation, voulu par les partenaires sociaux et entré dès 2004 dans le droit du travail, a été étendu aux fonctions publiques en 2006.

Tout agent se voit accorder un DIF de 20 heures par an, cumulable jusqu’à 120 heures. Le DIF peut servir à faciliter des reconversions et des évolutions professionnelles fortes.

2 l’information professionnelle

Le bibliothécaire doit connaître les textes règlementaires qui s’appliquent à sa mission et l’encadrent, et se tournera vers les organes émanant de ses tutelles pour les obtenir. Le Bulletin officiel de l’Education nationale et le Bulletin officiel du ministère de la culture et de la communication sont les supports à privilégier pour l’obtention des textes règlementaires qui régissent la profession et son exercice. Il faut également consulter le site du ministère de la culture et de la communication et celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche. La BNF propose de nombreuses informations sur son site internet et publie en accompagnement Chroniques et la Revue de la Bibliothèque nationale de France. La BPI a également un site web riche de renseignements que le bulletin De ligne en ligne complète sous forme papier.

L’ENSSIB propose sur son site internet plusieurs rubriques précieuses pour l’information et la formation professionnelles (concours, formation continue).

L’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur donne des informations sur ses activités et celles de son réseau sur son site internet et par le biais de sa revue Arabesques.

Le Bulletin des bibliothèques de France fait référence dans la profession. Créé en 1956, la BBF est une revue professionnelle traitant du monde des bibliothèques. Sa gestion est confiée à l’ENSSIB. Bimestrielle, le BBF est bâti autour d’un dossier.

Bibliothèque (s) prenant la suite du Bulletin d’information de l’Association des bibliothécaires français, créé en 1906, la revue bibliothèque (s) paraît tous les deux mois, depuis 2002. Cette revue reflète l’activité de l’ABF et de ses groupes régionaux. Elle propose également un dossier central sur des thèmes variés. Livres hebdo est une revue professionnelle hebdomadaire publiée par Electre qui consitue une véritable caisse de résonance de l’actualité des bibliothèques pour l’ensemble des professions du livre auxquelles elle s’adresse. E-Lis est une archive ouverte thématique, dédiée aux sciences de l’information et des bibliothèques, créée en 2003. Elle est maintenue et mise à jour par une équipe internationale de volontaires constituée d’une soixantaine de bibliothécaires issus de 42 pays. E-Lis fait partie du projet de recherche « Research in computing Library and Information Science qui vise à recenser et à disséminer le plus largement possible les travaux de recherche dans le domaine des sciences de l’information et des bibliothèques. Elle oeuvre également à la promotion de l’open access auprès des bibliothécaires. Des éditeurs spécialisés comme les Presses de l’ENSSIB, les éditions du Cercle de la librairie ou la collection « Médiathèques » de l’ABF proposent des livres de référence en bibliothéconomie. Bibliopedia est un site collaboratif pour les bibliothécaires, documentalistes et archivistes francophones. Basé sur le principe du wiki, il recense toutes les informations nécessaires aux professionnels des bibliothèques : informations officielles, concours, revues. Une large place est également faite aux initiatives personnelles, tels les blogs.

3 Interprofession et solidarités professionnelles : consortium et associations professionnelles

Les consortiums

Consortium universitaire de publications numériques (Couperin) Fondé en 1999 par les directeurs des SCD de Strasbourg I, Nancy, Marseille II et Angers, le consortium Couperin est une association loi 1901 regroupant différentes structures : universités, écoles supérieures, organismes de recherche. Il compte 213 membres. Son objectif initial est de négocier au meilleur prix des périodiques électroniques pour un groupe donné de SCD afin de favoriser l’accès des établissements publics de l’enseignement scientifique et technique. Le consortium fonctionne sur le principe général de la mutualisation et du bénévolat. Les groupements de commandes sont portés par des opérateurs, dont le plus important est l’ABES.

Consortium pour l’acquisition des ressources électroniques en ligne (Carel). Fruit d’un travail initié en 2002 dans le cadre de la mission coopération et action territoriale de la BPI, la création du consortium s’est concrétisée en 2003. Son but est de faciliter l’introduction des ressources numériques en bibliothèque de lecture publique. Il propose le recensement des ressources électroniques payantes éditées en français, encourage les éditeurs à proposer une offre aux bibliothèques publiques et diffuse des informations sur les négociations, notamment les politiques commerciales et tarifaires des éditeurs.

En 2009, 208 établissements adhèrent à Carel.

Les associations professionnelles françaises

Association des bibliothécaires de France

Cette association nationale à vocation fédératrice a vu le jour en 1906 sous le nom d’Associations des bibliothécaires français. Elle adopte de nouveaux statuts et le nom d’Association des bibliothécaires de France en 2006. Elle recrute ses membres parmi tous les types d’établissements, sans distinction de catégorie, de grade ou de fonction. Elle est structurée en 22 groupes régionaux et en commissions et groupes de travail qui suivent un domaine particulier. L’ABF représente et défend les intérêts de la profession aux niveaux national et international. Elle entretient la réflexion sur l’évolution et le devenir de la profession. Elle participe activement à l’IFLA. Elle publie la revue Bibliothèque (s).

Association des directeurs et des personnels de direction de BU et de la documentation (ADBU). Elle regroupe les directeurs de SCD, des grands établissements ainsi que le responsables des sections documentaires. Elle s’ouvre aux conservateurs et bibliothécaires. Ses principaux objectifs sont de mettre en oeuvre les politiques documentaires les plus adaptées à la diversité et à l’éclatement des sites documentaires, d’assurer le développement documentaire des universités en cohérence avec celui des réseaux régionaux, nationaux et internationaux. Elle est membre de l’IFLA et organise un congrès annuel.

Association des directeurs des BM et intercommunales des grandes villes de France (ADBGV)

Fondée en 2002 elle a pour buts la mutualistation d’expériences et de savoir-faire, la réalisation d’études, d’enquêtes et d’outils répondant à des besoins communs.

Association des directeurs de BDP (ADBDP)

Créée en 1987, l’ADBDP regroupe la majorité des 96 directeurs de BDP et de leurs adjoints pour réfléchir à l’organisation d’un service public de lecture et de documentation dans un réseau départemental.

L’IFLA

Fondée en 1927 à Edimbourg et à Paris, l’IFLA est une fédération internationale d’associations représentant les intérêts des bibliothèques, des services d’informations et de leurs utilisateurs. Elle compte près de 1700 organismes membres représentant 150 pays et à son siège à La Haye. Elle tient un congrès annuel et publie L’IFLA Journal.

European bureau of library information and documentation (EBLIDA)

Créée en 1992, Eblida est la fédération européenne des associations et institutions agissant dans le domaine des bibliothèques et de la documentation. Elle a pour mission de promouvoir et défendre les intérêts de la bibliothéconomie et de la documentation à l’échelon européen, d’exercer une veille sur le droit d’auteur et à l’accès à l’information dans l’ère numérique.

La Ligue des bibliothèques européennes de recherche (Liber)

Fondée en 1971, Liber regroupe des bibliothèques et des institutions de coopération dans le domaine de la documentation. Ses 400 membres oeuvrent à la constitution d’un réseau de bibliothèques de recherche, à la conservation du patrimoine européen et à l’accès à la documentation. Ses travaux sont axés sur la propriété intellectuelle, la numérisation des documents et les normes.

4 Les nouveaux modèles de bibliothèques à l’étranger.

Situation, évolution, tendances

L’Europe du Nord, le monde anglo-états-unien et les zones qui sont sous son influence culturelle sont des régions où les bibliothèques sont reines. Depuis le début de ce siècle, les « pays des bibliothèques » ont réaffirmé leur dynamisme et leur inventivité en entamant une évolution rapide et profonde dans tous les domaines de la bibliothéconomie. Dans ces pays, la mutualisation des efforts et des compétences pour créer et entretenir des services coopératifs, de même que l’existence de sociétés de service aux bibliothèques, sont des éléments essentiels qui permettent l’évolution rapide des bibliothèques, en adéquation avec les attentes des usagers.

Les grandes tendances

La bibliothèque est aujourd’hui une organisation entièrement tournée vers le public. Il s’agit de penser l’institution en fonction de ses usagers, réels ou potentiels, sur site ou à distance, et de l’adapter aux comportements du public. A cet effet, la bibliothèque conçoit certes une offre, mais elle est prête à suivre au plus près les mutations culturelles et sociales du public, en faisant évoluer ses espaces, collections et services selon la demande. Elle modifie ses horaires d’ouverture pour permettre la plus large fréquentation sur des plages adaptées : 71 heures par semaine, 7/7 jours et 357 jours par an pour les Idea stores de Londres. Que la bibliothèque soit nouvellement construite ou rénovée, l’accent est mis avant toues choses sur le confort, la qualité de l’environnement et la convivialité des espaces : les bibliothèques sont aujourd’hui des lieux de sociabilité, de rencontre et de mixité; pour certains, comme le directeur de la bibliothèque de Delft, elles doivent aussi être des lieux de plaisir. Cafés et restaurants agrémentent le séjour, qui est long et diversifié.

Repenser le modèle de la bibliothèque signifie repenser les collections. Les bibliothèques étrangères sont capables de prendre des décisions radicales pour adapter leur offre aux nouveaux usages et besoins du public. Les collections physiques, moins utilisées, sont élaguées, mais renouvelées à un rythme rapide. La notion de collection s’efface au profit d’une couverture généraliste de la production nationale.

Dans les bibliothèques étrangères, la notion de portail est déjà dépassée pour laisser place à celle de 2è bibliothèque. Il ne s’agit plus de fournir des accès plus ou moins sophistiqués à des catalogues, des documents ou des informations, mais bien d’offrir en ligne à tous les usagers les moyens d’une vie autonome, individuelle ou collective, dans une 2è bibliothèque, virtuelle, aussi importante que la 1ère.

On peut s’inscrire, consulter des catalogues, demander des renseignements, parcourir les rayonnages, se voir suggérer des lectures, emprunter des documents numériques, réserver des documents physiques ou numériques, payer forfait et indemnités de retard, se former grâce à des tutoriels, bénéficier de l’aide scolaire, écouter une histoire, participer à un club de lecture, groupe de discussion, adhérer aux réseaux sociaux créés par la bibliothèque sur facebook ou myspace. L’usage couplé des SIGB et de la RFID, ainsi que l’autonomie des usagers, à la bibliothèque comme dans les banques ou les supermarchés, a conduit les bibliothèques de l’Europe du Nord et des Etats-Unis à promouvoir le « dot it yourself » et à dégager entièrement le personnel des tâches de transactions au profit d’une plus grande disponibilité auprès du public.


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