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En rayon ce jour : Le Chasseur.

Par Aaapoum Bapoum
Yen a qu'un donc ne trainez pas.... Le Chasseur,Richard Stark et Darwyn Cooke. Traduit de l’anglais par Tonino Benacquista, éditions Dargaud, 139 pages, 14€ au lieu de 19€

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Les années 60 collent à la peau de Darwyn Cooke. Quoique dessinent ses pinceaux, une épaisse fumée de cigarette envahit les pages, les silhouettes féminines s’incurvent et l’Amérique heureuse de l’après-guerre ressuscite. Il y a peu de temps encore, Cooke reprenait les enquêtes du Spirit de Will Eisner, et ravivait à travers elles un peu de cette atmosphère pulp surannée, une teinte de nostalgie par ici, une touche de modernité par là. C’est alors que le public entrevit le livre exceptionnel que serait un vrai polar mis en scène par ce graphiste et conteur de génie.

C’est chose faite avec l’adaptation du Chasseur de Richard Stark (a.k.a Donald Westlake). Classique parmi les classiques de la littérature noire, porté à deux reprises à l’écran avec Lee Marvin (Point Blank) puis Mel Gibson (Payback) dans le rôle titre, le Chasseur conte la vengeance d’un criminel trahis par ses associés et la femme qu’il aimait. Laissé pour mort, il resurgit d’entre les ténèbres pour réclamer son dû, 40000 dollars. Et quiconque se trouve en travers de sa route devra succomber. 

Alors, pourquoi revenir une nouvelle fois cet archétype du Hard Boiled tant de fois ressassée que, par certains aspects, l’intrigue devient éculée ? Tout simplement pour la puissance plastique du trait et l’audace de mise en scène sous forme de bande dessinée. 13 pages muettes ou presque ouvrent le livre. 13 pages d’observation, en lignes épurées, en rehaut de lavis gris. A la quatorzième, le monde de Parker et son tempérament sont clairement définis. Il évolue, littéralement, dans un univers où le noir et le blanc n’ont aucune valeur l’un sans l’autre. 

Evidemment, ce dialogue entre le noir et le blanc serait d’une sombre banalité si Cooke ne poussait pas cette interdépendance dans ces retranchements, à en extraire un style personnel. Il parvient, dans ses illustrations les plus pures, à représenter le monde en creux, ne dessinant que les ombres.

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Une main va se deviner par l’ombrage des doigts porté sur une surface blanche, une fenêtre va se détache de la façade grâce à l’ombre du renfoncement. Les contours sont dès que possibles effacés et seul le contraste entre formes, leur lutte pour exister, permet de percevoir personnes et objets, distance et lumière. Le gris, lui, ne sert que l’atmosphère. D’une élégance parfaite, le Chasseur de Cooke est un aboutissement esthétique, une forme de quintessence du polar imagé.


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