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Note de lecture ! De nègres et de Békés de Henri MICAUX

Publié le 05 mars 2011 par Halleyjc

Ami lecteur, si tu es un habitué de ce Blog, tu auras sans doute repéré ce petit poème que j’avais extrait d’un recueil de poésie de Henri MICAUX.

http://halleyjc.blog.lemonde.fr/2009/12/09/gallard-avec-la-bienveillante-autorisation-de-henri-micaux/

Tu as aussi sans doute retrouvé cette annonce du dernier roman du même Henri MICAUX.

http://halleyjc.blog.lemonde.fr/2011/02/20/de-negres-et-de-bekes-une-journee-de-chien-par-henri-micaux/

L’avantage de vivre en Guadeloupe, c’est de pouvoir ce plonger dans ce roman et en vivre, in situ, quelques épisodes, simultanément…. j’avoue une certaine difficulté à rentrer dans ce roman car il est difficile de sortir de sa tête, de son esprit, de son cœur les contraintes du moment. Pourtant le soir venu je revenais vers Galard pour déambuler le long de ces paysages, sur ces petites routes perdues dans la montagne ; j’imaginais presque vivre quelque tragédie dont je fus le héros.

Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.

Oui ! avec Henri MICAUX nous sommes bien au théatre.

Le théâtre de cette seconde moitié du 20ème siècle (1949) que l’auteur s’oblige à encadrer dans les règles classiques inspirées elles mêmes du théâtre antique.

En un jour : c’est l’unité de temps. L’action ne dépasse pas une révolution de l’astre solaire. Nous y sommes bien avec ce réveil à l’aube cheminant avec deux nègres pour nous retrouver 15 heures après dans cette rivère du Galion que traverse le pont de la route de Galard.

En un lieu : l’unité de lieu. Toute l’action se déroule dans un même lieu situé entre Saint-Claude et Basse-Terre. Henri MICAUX aime ce lieu il l’aura sans doute parcouru mille et une fois pour nous décrire de si belle façon le moindre rocher, la moindre parcelle d’une végétation luxuriante, le moindre pavé de la route, le moindre épisode climatique. Ce n’est pas un décor de palais mais c’est tout comme.

En une intrigue : l’unité d’action. Tous les événements de ce roman sont naturellement liés, de l’exposition jusqu’au tragique dénouement. Peut-on évoquer l’action principale ? sans doute pas ! les actions secondaires ou accessoires contribuent t’elles à l’action principale ? sans doute oui. Peut-on en supprimer une sans nuire à l’ensemble ? il eut été dommage de le faire !Si l’auteur semble bien connaître cette règle des trois unités il éparpille cependant notre attention de “lecteur, spectateur, acteur” avec des détails étonnants et une description tellement méticuleuse que l’on s’échappe un moment de l’intrigue.

In fine, le héros n’échappe pas au péril qui le menace ; Oups pour la règle de bienséance !

“Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose :
Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ;
Mais il est des objets que l’art judicieux
Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux”

Mais le héros soudain s’échappe de ces contrainte du temps et du lieu pour se retrouver à nos cotés dans une nouvelle tragédie : celle que nous vivons un demi siècle plus tard. Et dorénavant ce héros affronte pour nous, avec nous un autre péril sinon le même péril : celui de la vie marquée par l’amour, la mort, la misère et l’indescriptible intolérance des hommes,

Le “lecteur, spectateur, acteur” est-il touché ? Oui ! Se sent-il concerné par ce qui se déroule sur la scène ? Oui !

Je crois sincèrement que Henri MICAUX dans ses écrits sait chercher le coeur, l’échauffer et le remuer.

Je te passe la main, ami lecteur !


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