Au début des années 1980, Kathy, Tommy et Ruth vivent à Hailsham, un pensionnat complètement coupé du monde extérieur dont ils n’ont aucune connaissance. Par la voix de leur nouvelle gouvernante (Sally Hawkins), ils vont découvrir qu’ils sont en fait des clones élevés pour donner leurs organes.
Adapté du roman éponyme de Kazuo Ishiguro (Auprès de moi toujours en français), le nouveau long-métrage de Mark Romanek avait pourtant bien débuté. Que ce soit au niveau de la mise en scène, du soin apporté aux décors et aux costumes ou du rythme à la fois posé à certains moments et précipité dans d’autres, Never let me go séduit pendant la première demi-heure où l’on apprend à connaître les trois personnages principaux de cet univers fermé. Progressivement, l’histoire s’installe. On ne découvre l’intrigue que plus tard dans le film. Le hui-clos a cet avantage d’offrir une atmosphère singulière parce qu’il plonge le spectateur dans un monde qu’il ne connait pas où les règles de vie sont propres à ce microcosme. La curiosité nous incite toujours à aller voir ce qu’il se passe derrière ces murs, à l’instar de ceux que l’on rencontre dans le film Home de Ursula Meier ou Canine de Yorgos Lanthimos.
Organisé en trois temps, Never let me go s’essouffle malheureusement trop vite. À partir du moment où Kathy, Tommy et Ruth quittent le pensionnat pour rejoindre les Cottages, une ferme située en pleine campagne anglaise, le long-métrage de Mark Romanek s’éloigne d’un sujet qui aurait mérité d’être mieux étudié. On comprend la volonté du réalisateur de vouloir retrouver l’ambiance du roman de Ishiguro, elle est légitime mais ne justifie pas pour autant de tomber dans un sentimentalisme geignard et pleurnicheur. À la différence de l’écrivain britannique, Romanek utilise ses plus gros sabots pour essayer de nous transmettre les sentiments et les émotions que ressent le trio d’acteur incarné par Carrey Mulligan (Une éducation, 2010), Keira Knightley (Orgueil et Préjugés, 2006) et Andrew Garfield (Boy A, 2007). La délicatesse et la légèreté ne sont visiblement pas du ressort du réalisateur américain ; encore moins du scénariste, ce qui n’est guère étonnant puisque ce dernier est aussi celui de 28 jours plus tard de Danny Boyle. Le film aurait été certainement mieux traité s’il avait su se détacher du roman de Ishiguro et proposer une version plus fantastique.
Au cinéma, le clonage humain n’est plus un sujet nouveau. The Island de Michael Bay est probablement l’un des rares qui sache se distinguer des autres. L’intention de s’attacher davantage aux ressentiments est louable mais le résultat quant à lui est bien décevant.
Sortie en salles le 2 mars 2011