Magazine Cinéma
Tout comme la Anna M. de Spinosa ou l’Angélique de Colombani (A la folie, pas du tout), l’intérimaire érotomane d’Obsessed aime sans retour. Soit Lisa (Ali Larter de Heroes), une psychopathe bimbo enragée qui s’immisce dans la parfaite vie américaine du parfait couple propret (Idris Elba et Beyoncé Knowles) en point de départ du premier film peu inspiré de Steve Shill, transfuge du petit écran (Dexter, Les Sopranos, Urgences). Combat impitoyable entre la blonde et la brune, Obsessed accumule les clichés jusqu’au ridicule, parcourant les sentiers battus du thriller avec lourdeur et sans vergogne. Pris au sérieux, le trio Derek-Beth-Lisa est aussi caricatural que grotesque, n’offrant qu’un espace réduit à l’innovation et à l’angoisse. Tout y est tristement prévisible, des séquences d’ouverture où les protagonistes se noient dans un bonheur surfait jusqu’au pugilat féminin final. De manière plus fun, la spirale hautement rocambolesque de laquelle il ne parvient pas à s’extirper, entraîne un comique de situation involontaire mais franchement poilant où jaillit, d’entre les lignes, l’illustration saisissante (ou effrayante, au choix) des valeurs made in America. Soit une purée capitaliste et puritaine qui se donne bonne conscience (respect des quotas de gays et d’afro-américains), grossièrement servie d’un bout à l’autre d’un récit qui d’un côté punit l’adultère et les mauvaises pensées, de l’autre glorifie le mariage et la famille. On ne saura finalement rien de l’oppresseur (cette méchante tentatrice en talons aiguilles) mais beaucoup des pauvres victimes, et du triptyque nécessaire à la réussite moderne : grosse maison, belle voiture, bébé sage. Pour du vrai cinéma, on peut toujours ressortir des cartons le Harcèlement (Disclosure) plus couillu de Levinson, où l’homme assailli avait nettement plus d’aplomb.