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Épouvantail Marine Le Pen

Publié le 07 mars 2011 par Argoul

Panique chez les bobos : Le Pen en tête ! Tactique classique à gauche : célafôta… Sarkozy bien sûr ! Gros dos à droite : notre Président reste le meilleur candidat. Selon le sondage par internet Harris Interactive-Le Parisien, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec 23%. Avant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry à 21%, puis François Bayrou loin derrière avec 8%, Dominique de Villepin et Eva Joly à 7%. Enfin Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon à 5%.

Pour moi, la leçon de ce sondage est clair : « Sarkozy, dégage ! »

Épouvantail Marine Le Pen
On peut, certes, contester « les sondages ». Dire que cliquer par Internet est plus ludique, donc moins fiable, que répondre de vive voix à un enquêteur. On peut contester les méthodes de « redressement » des votes selon l’âge, la catégorie socioprofessionnelle ou l’habituelle minoration de l’extrême droite. Je n’y crois pas. Ou, plus exactement, je pense qu’un sondage 14 mois avant une élection n’est pas un vote « si jamais c’était dimanche prochain » – contrairement à ce que répète la bêtise médiatique… C’est une leçon au Président. Un halte là ! Un signe pour le premier tour.

Marine Le Pen a pour une fois raison : les Français en ont assez de Nicolas Sarkozy. De Funès en politique, c’est l’agitation permanente, le ministère de la parole, une loi pour chaque victime… et pfuitt ! Rien de concret ne se produit. La crise augmente le chômage, l’État est toujours aussi mal géré (un prof sur deux ne fait pas classe !), les islamistes ne cessent de rogner la loi républicaine, défendus par les zâssociâtions… De ministre affairiste en violeur récidiviste relâché par impéritie administrative, du recul constant des élèves dans les évaluations Pisa aux rodomontades d’ingénieurs qui n’arrivent pas à vendre centrales nucléaires, Rafale ou TGV, les Français au pouvoir gardent arrogance et grande gueule sans résultat. Le monde entier se moque des échafaudages administratifs qui font sanctionner au collège le trafic… de sucettes tandis que la drogue circule librement dans les quartiers branchés ; rigole de voir les superproduits d’ingénieurs invendables pour cause de complexité et de prix ; s’esclaffent de la naïveté des technocrates qui vendent de la technologie ferrée ou aérienne à la Chine pour se faire aussitôt copier.

Nicolas Sarkozy a été un bon candidat en 2007. On allait voir ce qu’on allait voir. On a vu. Stop. Les « vrais » problèmes des Français ne sont pas les grands principes que les cuistres appellent « kantiens » – mais ce qui se passe dans la rue. Pourquoi la loi n’est-elle pas respectée ? Pourquoi n’est-elle pas égale pour tous ? Pourquoi ratiocine-t-on sur ces pôvres musulmans « obligés » en France à vivre selon des coutumes qui ne leur conviendraient pas ? Revendique-t-on l’accès libre au whisky ou au cognac en Arabie Saoudite ? Ou de se promener comme à Paris ou New York torse nu dans la rue ? Ou de se baigner en monokini dans les piscines ouvertes ? N’importe où dans le monde, le visiteur doit s’adapter aux coutumes locales. Pourquoi pas en France ?

Parce que les bobos s’en foutent, eux qui habitent les beaux quartiers protégés parce que très chers ? Parce qu’ils se font ainsi une morale publique à bon compte ? Un Chirac n’ira pas au procès, mais le petit voleur sera condamné à des années. Un ministre peut inciter ses parents à investir dans l’immobilier, mais le prête-nom moyen est lourdement sanctionné. Les copains sont les coquins, comme disait le Mélenchon des années communistes, ils empilent les châteaux et les cadeaux. Les « petits », eux, sont traqués par le fisc, l’URSSAF, leur banque et la morââle médiatique.

La place de l’islam en France mérite débat, et c’est dommage que la gauche n’ait rien à dire sur le sujet que d’ânonner les bondieuseries laïcardes du XIXe siècle. L’immigration du Maghreb vers la France inquiète, d’autant que « la démocratie » arabe reste à inventer. A cela que répond l’opposition ? Que Sarkozy ne cesse de créer des ennemis pour apparaître en blanc sauveur. Que le sondage plaçant Marine Le Pen en tête est « alarmiste ». Laurent Fabius y voit même un complot de Nicolas Sarkozy pour chercher un nouveau 21-Avril en agitant la menace du Front national. Est-ce que cela répond aux inquiétudes populaires des Français ? Ce prétexte politicien permet de refuser la réalité : la détresse sociale, le sentiment de déclassement, le délitement des institutions républicaines, la dissolution de l’identité culturelle et historique dans le magma multiculturel mondialiste.

Cela montre que « le système UMPS » est déconsidéré. L’UMP garde un looser, le PS cherche encore son candidat. Quant aux autres, les Bayrou, Villepin, Borloo et autres, ils sont inaudibles. Nicolas Sarkozy ne convainc plus guère que le noyau dur de la vieille droite qui ne vote que « tout sauf » la gauche. Le centre l’a lâché, n’ayant voté pour lui que par défaut en 2007, au vu du score Bayrou au premier tour. Les dissidents de l’UMP sont confortés par la montée de Marine Le Pen.

Jacques Chirac a joué tactique avec l’insécurité dès 2001, préparant la voie à Le Pen devant Jospin aux présidentielles 2002. Peut-être ne l’a-t-il pas voulu (est-il capable de réfléchir ? la dissolution imbécile de 1996 permet d’en douter), mais c’est ce qui s’est passé et il a été réélu. Poser de bonnes questions sans être en mesure d’y répondre est dangereux. L’identité nationale est un débat qui n’a accouché de rien, que des tartarinades à la Hortefeux pour qui il faut « une loi » pour chaque cas, et en urgence ! Vite votée, sans débat ni analyse, « la loi » n’est qu’un chiffon de papier. Combien attendent encore leurs décrets d’application, tout simplement parce que leur aspect touffu, contradictoire ou en conflit avec une autre loi n’ont pas été vus ni réglés ?

Aujourd’hui nul ne voit d’alternative à Sarkozy à droite, François Fillon allant même dans Le Figaro jusqu’à vanter le Président comme le meilleur candidat ! C’est se tromper d’époque et de personne. On pouvait encore douter, avant l’été. Depuis les affaires à répétition Woerth-Alliot-Marie, c’est toute une équipe qui est déconsidérée, et son chef en premier. Si Sarkozy se présente, la droite sera probablement battue. A moins que la gauche soit encore plus nulle qu’en 2007


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