Fennec - Lewis Trondheim & Yoann

Titre : Fennec
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Yoann
Parution : Septembre 2007

« Fennec » est une bande-dessinée d’une trentaine de pages scénarisée par Lewis Trondheim et dessinée par Yoann. Elle met en place une histoire autour d’un jeune fennec et de divers animaux africains dans de courtes séquences d’une demie-pages. L’aspect strip (chaque demie-page a une chute) allié à une histoire longue rappelle immanquablement d’autres œuvres de Trondheim comme « Le Pays des Trois Sourires » ou encore « Politique étrangère ». Ce n’est pas la première collaboration entre les deux hommes. Ils avaient déjà réalisé ensemble un épisode de « Donjon Monsters ».

Un jeune fennec se retrouve acculé par des serpents car il a mangé leurs œufs. Suite à cela, le petit animal se voit obligé de s’exiler de son désert natal. Il part alors à la recherche du collier mythique d’un chaman qui aurait le pouvoir de faire pleuvoir et donc de faire disparaître les serpents.

Très vite on s’aperçoit que le fennec est un animal peu sympathique. Les auteurs jouent parfaitement sur sa dualité : d’un côté il est petit et vulnérable, de l’autre il est carnivore et n’hésite pas à tuer. Sa rencontre avec d’autres animaux plus doux (dont un singe) va renforcer cet état de fait. Trondheim joue parfaitement avec ce côté ambigu du fennec, entre proie et prédateur.

Comme tout voyage un tant soit peu initiatique, le fennec rencontre donc des animaux hauts en couleur à la personnalité très affirmée (le singe est complètement myope par exemple). C’est la partie la plus réussie de l’album. Dès que le fennec a un autre animal avec qui discuter, Trondheim ajoute un côté décalé dans les dialogues. C’est d’ailleurs aussi le principal défaut de l’album : quand le fennec est seul au début de l’histoire, l’humour est très poussif. Il faut un peu de courage pour passer les premières pages et se prendre au jeu.

Il est à noter qu’on retrouve un aspect parodique de la quête initiatique par moments, comme le chemin donné de façon métaphorique. Le fennec sera déçu qu’on lui demande de « traverser la rivière » sans aucune énigme à résoudre… En cela, on retrouve par moment l’esprit de la série des « Donjon ».

Le dessin de Yoann est le point qui m’a le plus attiré vers cet album. Ses aquarelles sont très belles et vraiment adaptées au style de l’histoire. Son dessin, à l’aspect très enfantin, correspond au dessin animalier. Quant à l’utilisation de l’aquarelle, elle permet de fixer l’ambiance africaine de l’ensemble, tout en couleurs chaudes. C’est une vraie réussite.

Au final, « Fennec » n’est pas aussi réussi qu’il aurait pu l’être. Après un départ poussif, il se conclue un peu vite (seulement trente pages). Cependant, le soin apporté aux dessins et aux couleurs ajouté au scénario de Trondheim fait mouche quand bien même et on aimerait qu’une chose : qu’il y ait une suite ! 

par Belzaran

Note : 14/20