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La médiathèque de Strasbourg et le patrimoine portuaire

Publié le 09 mars 2011 par Peregrinationsculturelles

La médiathèque André Malraux est installée depuis septembre 2008 dans un ancien entrepôt, dans le cœur historique du Port Autonome de Strasbourg. Ce quartier a fait l’objet depuis une dizaine d’année d’une grande réhabilitation urbaine, résolument culturelle, puisque l’on a vu s’installer dans les environs un cinéma multiplex, le Vaisseau (espace de médiation scientifique), les Archives départementales et municipales, et le Conservatoire.

La médiathèque de Strasbourg et le patrimoine portuaire

Le bâtiment utilisé par la nouvelle médiathèque, constitué d’un silo et d’un magasin d’entreposage, est connu par les strasbourgeois pour avoir longtemps porté l’inscription « Armement Seegmuller ».Il ne s’agit pas là d’une usine d’armement, mais bien d’une compagnie d’armateurs navals, qui ont loué durant toute leur histoire les trois entrepôts, construits pour le Port Autonome par l’architecte Gustave Umbdenstock sur le bassin d’Austerlitz au début des années 1930.

A l’abandon depuis les années 2000, le lieu est choisi en 2003 pour accueillir la médiathèque. Le concours de maîtrise d’œuvre est remporté par le cabinet d’architecte de Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, qui a également signé récemment l’extension du Palais des Beaux-Arts de Lille et les Archives départementales dIlle et Vilaine .

L’entrepôt se voit rehaussé de trois niveaux, allongé, dépouillé de son parement extérieur, de sa toiture et habillé d’une structure en verre, dans le prolongement exact du silo. A l’intérieur, celui-ci a été vidé et constitue un hall d’entrée avec un surplomb de près de trente mètres. Le béton brut existant a été valorisé en étant recouvert de résine brillante, de façon à conserver les cicatrices du vécu du bâtiment industriel. Les espaces sont parcourus par un ruban rouge, sorte de fil conducteur, déployé en angles vifs sur les sols, les plafonds et les rayonnages, à travers tout le bâtiment.

La médiathèque de Strasbourg et le patrimoine portuaire

La signalétique a été confiée au graphiste Ruedi Baur, et intégrée à l’architecture à la manière des tags qui envahissaient le bâtiment désaffecté. La façade du silo a été peinte en gris métallisé, des citations et des poèmes ont été inscrits sur les façades, mais également à l’intérieur dans les escaliers et les espaces de lecture. Sur la façade du silo, on peut lire par exemple des éléments d’interprétation du site, sur l’extrémité de la façade vitrée la définition d’une médiathèque selon le Ministère de la Culture, et dans les escaliers le manifeste Dada

Les deux grues à portiques qui étaient utilisées sur le site ont été conservées et ont fait l’objet d’une importante restauration : repeintes et sécurisées, elles sont maintenant exposées sur le parvis de la médiathèque, et recouvertes chacune de dizaines d’ampoules lumineuses qui font apparaître leurs silhouettes dans la nuit.

La médiathèque de Strasbourg et le patrimoine portuaire

Il est toutefois à déplorer que, tout comme pour la plupart des reconversions de bâtiments industriels, la charte de Venise ne soit pas respectée, et que les transformations entreprises n’aient rien de réversible. A l’intérieur du bâtiment, seuls les poteaux massifs à chapiteaux en forme de pyramides distinguent la partie initiale des étages ajoutés, qui ne les reprennent pas. La couleur des briques et le béton peint en blanc, qui faisaient l’unité et la beauté brute des trois entrepôts, a été abandonnée au profit du gris métallisé s’accordant avec la nouvelle enveloppe vitrée.

Malgré le travail louable de réhabilitation et de conservation de ces bâtiments, cela montre bien que ce type de patrimoine n’arrive pas encore à être apprécié, assumé et accepté en tant que tel. L’avenir des deux autres entrepôts de la presqu’île fait aujourd’hui l’objet de réflexions et de projets. Espérons que ceux-ci seront plus respectueux de la nature des bâtiments.

Plus d’images : Galerie Picasa

Les plus:

  • un bâtiment industriel rénové qui retrouve une seconde vie

Les moins:

  • une réhabilitation pas vraiment respectueuse du bâtiment d’origine

Par C.M.

Plus d’informations:

Les architectes Ibos et Vitart

La médiathèque André Malraux


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