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Rire et sexe à toute heure pour spectateurs oisifs

Par Tred @limpossibleblog
Rire et sexe à toute heure pour spectateurs oisifsQue faire lorsque l’emploi du temps de la journée est vide, que les vacances touchent à leur fin et qu’on a des films en retard ? Une excursion en salles obscures paraît indispensable. C’était déjà le programme de la veille, mais j’avais enchaîné deux films sombres. Tous deux très bons, mais tous deux très noirs : Avant l’aube et Santiago 73 : post-mortem. Le lendemain j’avais donc envie de rire. Après tout c’est encore les vacances, il ne faudrait pas trop plomber l’ambiance, quand même.
Ca tombe bien parce qu’en ce mardi 8 mars, j’avais un film immanquable sur mes tablettes : Halal, Police d’état. Immanquable en ce jour, car il semble que le lendemain, le film serait invisible sur Paris (il ne passe plus qu’Pathé Wepler sur Paris intramuros). La nouvelle comédie écrite et interprétée par Eric et Ramzy ne semble pas s’être transformée en succès du moment auprès du public parisien, malgré les excellentes critiques dont le film a joui dans la presse. Ce sont d’ailleurs ces critiques enthousiastes qui m’ont motivé, car je dois bien avouer que les films d’Éric et Ramzy, ce n’est pas trop ma came. Je suis loin de les avoir tous vus, mais ce que j’en ai vu m’a toujours convaincu que les deux compères ne sont pas les plus grands comiques de leur génération. Loin de là.
Rire et sexe à toute heure pour spectateurs oisifsMais bon, il faut bien leur laisser une nouvelle chance de temps en temps, et vu que j’avais zappé Seuls Two, la lecture de la critique de Libération, où Didier Péron va jusqu’au dithyrambe en comparant l’humour du duo au meilleur de la comédie américaine, m’a finalement donné envie d’aller jeter un œil à Halal Police d’État. Il m’aura finalement fallu trois semaines pour y aller, moins par doute que pour attendre un ami désireux de le voir mais n’ayant finalement pas trouvé le temps. Tant pis pour lui, moi j’ai saisi la dernière chance de le voir sur grand écran. Et plutôt qu’une des petites salles de l’Orient Express, qui ont leur charme bien à elles (haha), j’ai opté pour une belle salle de 200 places à Bercy, à 11h30. Semaine du matin en semaine pour une comédie d’Éric et Ramzy dont le public est plutôt ado… résultat, on n’était même pas dix pour suivre les aventures parisiennes du duo de flics algériens Nerh-Nerh et Le Kabyle, loin d’avoir inventé l’eau chaude et mandatés pour prêter main forte à la police française sur une affaire de serial killer à Barbès.
Avec les six ou sept autres spectateurs calés dans le fond de la salle, j’avais l’impression d’avoir le film pour moi tout seul, et au début ça m’a un peu fait peur. Je ne me souviens pas avoir ri pendant le premier quart d’heure du film, en fait. Ca sentait déjà la daube à la Double Zéros à plein nez. Et puis finalement, petit à petit, je me suis mis à rire. Des gags commençaient à faire mouche. L’esprit absurde de l’entreprise prenait nettement mieux que sur leurs précédents films. Je n’irais pas jusqu’à m’enflammer comme Péron dans Libé, mais force est de constater qu’Eric et Ramzy ont fait des progrès. L’un des points essentiels est qu’il parvienne à rendre leurs personnages sympathiques, ce qu’ils ont habituellement bien du mal à faire. Chez eux, débile rime trop souvent avec horripilant, ce qui pose problème.
Mais ici, entre les « blédards » posant pour leur calendrier, le concierge d’hôtel tendance Norman Bates, l'enlèvement extraterrestre qui imprime un accent français et les chinois qui s’appellent Cohen, les gags pullulent, et souvent dans le bon sens. Bon d’accord, ça pullule dans tous les sens, et plus d’une fois ça tombe à plat. Mais comparé aux précédentes aventures cinématographiques d’Eric et Ramzy qui tombaient constamment à plat, il y a du mieux.
Rire et sexe à toute heure pour spectateurs oisifsDans le genre qui part dans tous les sens, Halal Police d’État n’est pourtant pas le plus fou que j’ai vu ce jour-là. Toujours en recherche d’humour, je suis ensuite allé poser mes fesses dans la grande salle du Balzac pour Rio Sex Comedy de Jonathan Nossiter. Voilà longtemps que je ne m’étais pas trouvé dans la belle salle du Balzac. D’ailleurs je n’étais pas allé au Balzac depuis l’été dernier, lorsque j’avais découvert la petite « salle de luxe » du cinéma pour City of Life and Death. Eh bien le mardi à 14h, il n’y a pas grand monde au Balzac non plus. Dans la grande salle de 300 places (à vue de nez), comme pour Halal Police d’État quelques heures plus tôt, nous étions à peine dix à nous répartir aux quatre coins de la salle.
A l’origine j’étais un peu hésitant pour Rio Sex Comedy. Une comédie franco-américano-brésilienne à Rio avec des couples explorant leur vie sexuelle (ainsi que ça en avait l’air) par le réalisateur du documentaire Mondovino, j’étais hautement craintif. Mais l’esprit festif qui semblait régner dans le film, plus la présence au générique du trop rare Bill Pullman, ont attisé ma curiosité. Et je crois bien que le terme technique en vigueur dans l’appréciation d’un film décrivant le mieux ce que j’ai ressenti devant Rio Sex Comedy est : je me suis éclaté. Excusé le langage très élaboré, mais il convient à merveille. Rio Sex Comedy est un film totalement foutraque. Totalement. Les personnages sont inconstants, les intrigues partent dans tous les sens, et le film est trop long… non vraiment, vu d’en haut, le film ne ressemble souvent à rien. Mais c’est pourtant bien cette confiture étrange à saisir qui fait tout le charme de Rio Sex Comedy. C’est un joyeux bordel dans lequel il fait bon être spectateur.
Rire et sexe à toute heure pour spectateurs oisifsPullman incarne l’ambassadeur américain qui prend la tangente dans une favella pour se trouver une nouvelle vie, Charlotte Rampling la chirurgienne plastique qui déconseille ses clientes de passer sur le billard, Fisher Stevens un drôle d’américain qui fait visiter les favellas aux touristes et est amoureux d’une belle indienne qui se rêve star de telenovela… Les personnages sont tous assez fous et inattendus, et ils vivent en osmose avec l’esprit coloré du film. C’est absurde, c’est cliché, c’est sexy. Et surtout c’est jubilatoire. Le cocktail est étonnant et réjouissant. Les craintes se sont évaporées.

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