Sheeduz aux Disquaires, Paris, le 7 mars 2011
Je retrouvais le groupe Sheeduz que j'avais découvert la semaine précédente aux caveau des oubliettes. Les trois Audrey qui composent cette formation d'habitude électrique se produisait dans une configuration totalement différente avec piano, basse et cajon.
C'est donc un set acoustique qu'allait proposer Sheeduz, ce n'est pas pour autant que leurs chansons en perdraient de leur mordant. Au contraire, nos trois musiciennes montrent une versatilité bienvenue en ajoutant la touche ample et mélodique du piano à des compositions toujours aussi abrasives. Audrey au chant et à la basse occupe le devant de la scène avec une belle assurance sous une douce lumière orangée. Expressive et volontaire, elle chante d'une voix tantôt apaisante, tantôt hargneuse dans ce contexte acoustique propice aux changements de registre.
Audrey réalise au clavier ce qu'elle est accoutumée à faire à la guitare : de belles lignes mélodiques qui tendent cette fois-ci parfois vers une atmosphère jazz. Elle précisait du reste en début de concert qu'elles n'avaient jamais effectué de prestation acoustique de ce genre auparavant. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle donnait une tonalité différente et originale à leurs compositions. Elle leur ajoutait cette touche de finesse et aussi paradoxalement d'intensité dramatique.
La troisième Audrey n'était pas en reste. Laissant momentanément sa batterie pour le cajon, elle imprimait le rythme de façon efficace et discrète. Placée hors du faisceau de lumière, elle resta un peu dans l'ombre des autres mais c'est bel et bien elle qui faisait avancer les morceaux. Ces chansons surprenaient par rapport à leur version électrique comme le très beau Queen's prayer et ainsi que The end of us d'habitude portée par les guitares. Cette instrumentation d'un soir était parfaite pour écouter plus paisiblement la voix de chacune et de mieux en apprécier les nuances. Blank Page était superbement interprété dans une atmosphère piano jazz alliée au côté incisif intrinsèque de la chanson. On distingue plusieurs mouvements durant le morceau entre passages harmoniques et sections instrumentales qui donnent une couleur si particulière à Blank Page. Pour refermer ce concert, le groupe joua Feel Free qui fit tranquillement redescendre la pression avec sa mélodie rêveuse. Audrey qui a entre temps lâché sa basse faisait une dernière fois admirer sa voix tendre et délicate.
Cette prestation était l'occasion de voir Sheeduz dans une toute autre configuration. Cette rare expérience a été bien réussie et devrait même donner aux trois musiciennes des idées pour le futur. Elles ont en tout cas montré de la versatilité en présentant leurs compositions sous un nouveau jour.
Sheeduz joue Blank Page