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Shaolin vs Wu-Tang

Publié le 10 mars 2011 par Www.streetblogger.fr

Le concept de cet album a germé dans la tête de Raekwon juste avant la sorti de 8 Diagrams du Wu-Tang Clan : produire un album estampillé Wu-Tang SANS RZA, à qui on lui reprochait de trop asseoir son contrôle sur la troupe de guerriers de Staten Island. Par ce crime de lèse-majesté, Raekwon est par conséquent devenu le chef de la rébellion Shaolin en se soulevant contre l'Abbé du Clan.

Depuis cet affront, la réputation de Rae ne s'est que consolidée ces dernières années par son multiples sollicitations dans le rap game (jusqu'à figurer sur le remix de Justin hum Bieber...) et son nouveau classique Only Built 4 Cuban Linx 2 (lire la chronique). Le moment était propice pour lancer son attaque avec Shaolin vs Wu-Tang.

Shaolin vs Wu-Tang
D'abord prévu comme un side-project du Wu-Tang Clan supervisé par Raekwon avec les membres posant sur des producteurs différents, Shaolin vs Wu-Tang est devenu petit à petit un projet solo de Raekwon avec divers producteurs et figurations, tout en gardant les bases de l'architecture Wu. Sans RZA bien entendu, sans imitations non plus. L'objectif du Chef Rocka est atteint haut la main puisque tous les producteurs retenus sur cet album affichent les couleurs du Wu dans leurs instrus (samples asiatiques, atmosphère, etc...). Okay, il y a des artisans bien connus du temple (Allah Mathematics, Bronze Nazareth), mais que ce soit Oh No, Scram Jones, Evidence (Dilated People), Xtreme (le producteur derrière « Back Like That » de Ghostface), les ex-Hitmen Sean C & LV, Alchemist ou même Kenny Dope, chacun remplit son office par un tour de force. Ajoutez à l'ensemble un fin montage avec des dialogues du film Shaolin vs Wu-Tang (qui a logiquement inspiré le titre du disque) et quelques bruitages typiques et vous retrouvez ce caractère rustique et authentiquement Wu.

L'autre point fort de Shaolin vs Wu-Tang, et c'en était un des objets, ce sont les collaborations. Ses deux assassins du Wu-Massacre (lire la chronique), Method Man et Ghostface, se taillent le bout de viande avec leurs lames. Quelques artistes conviés sont pour le moins prestigieux apportent une plus-value appréciable à l'album : Busta Rhymes plus en forme que jamais (« Crane Style »), Lloyd Banks (« Last Trip to Scotland »), Black Thought des Roots (« Masters of our Fate »), et même Rick Ross impressionne sur (« Molasses »). Cependant c'est sur ce point-là que le bât blesse aussi. Inspectah Deck est très décevant sur « Chop Chop Ninja » déjà gâché par un beat faible et le refrain inadapté d'Estelle, les couplets de Nas sont datés (« Rich & Black »), Jim Jones et l'autotune de Kobe dispensables sur le terrible « Rock'N Roll ». Raheem Devaughn aussi peine à convaincre en jouant son falsetto à la Curtis Mayfield sur « From The Hills », sa prestation semble inappropriée.

Mais aucun d'eux ne brille autant que le chef Raekwon. Il connaît toutes les stratégies de l'art de la guerre et ses techniques du ninjutsu, très classiques et parfois éprouvées, sont assassines. Il maîtrise son art comme personne. Ses opérations en solo versus le Wu-Tang sont parmi les plus meurtrières (« Ferryboat Killers », « Dart School », « Butter Knives », « Snake Pond »...) et ses refrains sonnent comme des exécutions. Pour l'après, Raekwon prophétise sur « Every Soldier in the Hood » avec cette phrase : « Cuban Linx III comin' / Don't know when but time's runnin' ».

Shaolin vs Wu-Tang

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