Alors ça y est, revoilà Noah et la baleine qui pointent le bout de leur nez au large d’une plage du sud de l’Angleterre. Sous le bras de Noah voilà un tout nouveau bijou pour hanter nos nuits : Last Night On Earth. Encore une fois, il s’agit d’un album conceptuel particulièrement bien ancré dans notre époque où l’Art devient beau par l’idée qu’il dégage. Après les premiers jours du Printemps, c’est une dernière nuit sur Terre que les Noah And The Whale nous offrent en dix titres de belles idées.
Car, oui, chaque riff, chaque coup de baguette ou chaque note sortie de la bouche de Charlie Fink respire une idée, une croyance de ces jeunes musiciens pas comme les autres. On a là un disque tellement compact que l’on se voit obligé de le penser dans son ensemble (à part peut-être "LIFEGOESON", seul titre réunissant tout les critères d’efficacité du tube), le décrire titre par titre serait le dépouiller du charme et de l’idée qui l’entoure, celui d'un album au concept de fantôme.
"Our third album is adventurous like its journey from Bethnal Green synagogue via the Thames riverbank across the Atlantic, the United States and all manner of Los Angeles neon-lighted highways. But it is unmistakably Noah and the Whale"
C’est ce qu’annonçait le groupe sur leur site officiel et ce sont les images qui nous viennent à l’écoute (en boucle) de ce disque : un road trip à travers un monde déjà conquis par les Noah And The Whale, avec cette sensation à la fois amère et délectable que l’on perd quelque chose pour toujours, multipliée par cent car c’est la vie entière que l’on est convaincu de perdre à l’écoute de cet album. Cette dernière nuit sur Terre on s’en imprègne à vrai dire dès que Charlie Fink pose sa voix sur "Life is Life".
Mais cet album s’écoute par cent fois et jamais la fin du monde n’arrive, alors on est rassuré de cette peur qu’ils nous ont eux-mêmes donnée : les Noah And The Whale injectent ce sentiment bizarre (qui nous fait tourner la tête dès que les gentils monsieur posent des chœurs sur "Life is life") et en donnent le remède en même temps.
L’ambition visuelle qui caractérisait The First Days Of Spring - à la fois disque et film de fiction - se retrouve ici évaporée à l’état de sensations : celle de tomber d’un pont, de s’accrocher vivement à quelqu’un ou quelque chose, de parcourir à une vitesse irréelle des paysages familiers... Les Noah And The Whale font ici appel à notre imaginaire individuel : ils nous donnent le thème (la dernière nuit sur Terre), l’ambiance (loin d’être désespérée, plutôt relativiste) et c’est notre imagination qui fait le reste.
Avec leur musique, ils laissent une part à l’auditeur que le spectateur d’un film ou même le lecteur d’un livre n’aurait pas pu créer, cette part qui dépend d’un individu à l’autre et laisse une fenêtre ouverte sur notre mémoire personnelle. Pour ma part, mon imaginaire a un peu modifié le thème : c’est sous le soleil d’une journée éclatante que j’imagine ce road trip car la musique de Noah and the Whale dégage toujours cette lumière tantôt scintillante, tantôt funeste, mais toujours aussi réelle.
En bref : un album que l’on ne saurait juger meilleur ou moins bon que les précédents car il s’agit d’une évolution naturelle dans la carrière du groupe : La dernière nuit sur Terre n’arrive-t-elle pas après les premiers jours du Printemps ?
Le site et le Myspace
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Le clip de "L.I.F.E.G.O.E.S.O.N" :