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Le fleurage de son soutien-gorge ...

Publié le 11 mars 2011 par Lafon
Le fleurage de son soutien-gorge ...

M’absentant une belle semaine., là où les connections au Net sont malaisées, je vous soumets un petit jeu. La dernière fois que j’ai accompagné ma belle-mère à Santa Lucia, je suis “entré” dans trois romans. En deux billets, Je vous propose de les identifier. Voici le premier: un roman s’y cache ainsi que l’amorce du second. La suite, dans une semaine.

Bon amusement…

La propreté du wagon était loin d’être sans reproche. Il venait de Trieste. Une teinte différente des autres, une touche étrangère, une odeur singulière. Après avoir placé la valise et l’encombrante sacoche sous la banquette, j’embrassai ma belle-mère.

- On se revoit à Bruxelles, après demain, Mamie. Et ne vous tracassez pas à Paris. Pierre sera présent pour le changement de gare.

Il restait deux ou trois minutes avant le départ. Je la laissai avec ce petit sourire absurde qu’elle arbore depuis quelques temps. Nous ne voulions pas l’accepter, mais Mamie vieillissait. Dans le compartiment voisin, une dame seule regardait droit devant elle. Elle me semblait déconcertée. L’anxiétude palpable qui par accoups tortillait ses sourcils me la rendait presque sympathique. Plus rien n’inquiétait ma belle-mère, comme si la vie s’en allait lentement. Cette sournoise béatitude nous était chaque jour de plus en plus délicate à affronter. Je croisai dans le couloir un homme qui portait un costume jaune crème. Mise que je pensai difficile à porter si vous n’êtes italien. Debout devant la vitre baissée, il écoutait patiemment les recommandations de son épouse sur le quai entourée de ses deux enfants. En un seul bond, je me trouvai à leurs côtés pour accompagner des yeux Mamie aux premiers soubresauts du train .

- Surtout soigne-toi bien et prends tous tes repas chez Etienne, conseilla la femme d’une voix grave et feutrée.

De belle allure, à la silhouette svelte, elle était vêtue d’un chemisier à rayures sur un simple short. Le fleurage de son soutien-gorge était visible. Collée à son bras, la fille, douze ans tout au plus, portait un maillot de bain d’où tréssautaient d’impatients bras et jambesmalingres. Le petit frère, surnommé Bip, slip de bain et chemise à carreaux, léchait une gelato comme il se plaisait à le rabâcher. Tous deux étaient coiffés d’un chapeau de gondolier au ruban bleu pour lui, rouge pour elle.

Un homme en uniforme remonta le convoi pour fermer les portières. Illança un strident coup de sifflet. Le chef de gare sortit de son bureau, déroula un drapeau rouge et le brandit aussi haut que possible. Le train allait partir. J’agitai la main vers ma belle-mère qui ne me regardait pas. La femme et ses deux enfants soufflèrent des baisers invisibles vers l’homme toujours à la vitre. La dame inquiète croisa mon regard. Je pus lire distinctement sur ses lèvres tordues: il va venir, il faut bien qu’il vienne!

Le train ne partait pas.

- Un retardataire? questionna l’homme au costume clair, le buste en dangereux équilibre sur le rebord de la fenêtre du wagon. Son épouse ota ses lunettes de soleil. Des yeux bleus, très doux, un rien mélancoliques.

- Je ne sais pas. Je ne vois courir personne…

Le temps semblait figé.

A suivre…


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