"Ashenden avait pour habitude d'affirmer qu'il ne s'ennuyait jamais. C'était l'une de ses convictions personnelles que cela n'arrive qu'aux personnes vides de toute richesse intérieure et que seuls les gens stupides comptent sur le monde extérieur pour les distraire."
Extrait de la nouvelle Giulia Lazzari
Mr Ashenden n'est ici autre que Somerset Maugham lui-même, écrivain de profession devenu agent secret depuis qu'un certain Colonnel R. l'a engagé. Il s'acquitte de sa tâche avec une désinvolture toute britannique et un peu de mépris pour les émotions d'autrui... cependant il n'est pas sans se rendre compte des conséquences de ses missions. Souvent replié dans une chambre d'hôtel, gardant comme couverture cette fonction bien pratique de romancier en quête de quiétude et de personnages, il attend, observe et agit.
L'ensemble des nouvelles nous offre une galerie de portraits assez savoureux et hauts en couleurs, ceux d'une époque révolue où l'on ne voyage qu'en train et où les femmes même intelligentes sont jugées sur leurs toilettes. L'espionnage a ici un goût particulier de réalisme qui fait parfois aussi un peu froid dans le dos car cynisme et patriotisme intransigeant sont de rigueur. J'ai aimé cependant le côté Scherlok Holmes du personnage principal, alliant flegme, compétence et assurance.
Au final, voici une lecture plutôt agréable, au charme certain, quoique un peu désuet.
Somerset Maugham himself explique en préface le contenu de son recueil de nouvelles...
"Ce recueil s'inspire de mon expérience d'agent secret pendant la guerre (celle de 14), mais remaniée au service de la fiction. Car la réalité est un piètre conteur. [...] elle n'a pas le sens de la gradation dramatique et en noie les effets dans des détails oiseux."
Un grand merci à BOB pour ce partenariat et aux éditions Robert Laffont pour l'envoi.