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Libye : la nouvelle erreur de Sarkozy

Publié le 13 mars 2011 par Hmoreigne

 Signé Sarkozy. La reconnaissance formelle par la France du Conseil national de transition (CNT) comme le représentant légitime du peuple libyen constitue un coup médiatique destiné à racheter les errances de la diplomatie française face aux bouleversements qui traversent le monde arabo-musulman. L’empressement français ressemble plus à une volonté de tirer la couverture à soi qu’à une clairvoyance particulière dans les événements qui se déroulent en Libye. Passé la gloriole éphémère du moment, la position française marginalise un peu plus notre diplomatie.

La crainte de passer une nouvelle fois à côté du cours de l’histoire peut conduire à bien des erreurs. Après l’attentisme dicté par des liaisons vénales peu avouables dans l’épisode tunisien, l’exécutif français avec une arrogance rare n’hésite pas à vouloir donner des leçons au reste de la planète en enfilant un costume de superpuissance bien trop grand pour elle.

Derrière Nicolas Sarkozy se profile l’ombre peu discrète de Bernard Henri Lévy. Le chevalier blanc des causes humanitaires et des cols pelle à tarte par son assurance communicative est devenu le mauvais conseilleur d’un président qui n’en a vraiment pas besoin. La qualité pourtant d’un homme d’État est de savoir s’entourer.

L’Europe, quelle Europe ? Oubliant qu’il en avait été le président tournant il n’y a pas si longtemps, Nicolas Sarkozy s’est assis avec autant de légèreté qu’un éléphant sur un haut de forme sur la diplomatie européenne. Sans consulter ses homologues des autres capitales européennes, sans chercher un consensus qui aurait eu beaucoup plus de poids que la seule position française, l’Élysée, pour parler communément , a joué perso.

Le cavalier seul français a suscité des crispations lors du sommet qui s’est tenu vendredi à Bruxelles entre dirigeants de l’UE. Le chef du gouvernement belge parle de “débats musclés“. Une position unanime a néanmoins été trouvée, qualifiée “d’équilibrée“, entre les 27. Elle est surtout beaucoup plus prudente que celle de Paris et constitue un camouflet à son égard. L’UE réaffirme la perte de légitimité de Kadhafi mais, à la différence de la France voit dans le CNT “un interlocuteur politique” et pas le représentant légitime du peuple libyen.

Au-delà de la reconnaissance unilatérale d’une nouvelle légitimité qui renvoie à la division des capitales européennes lors des guerres des Balkans, demeure la question inquiétante de frappes aériennes. Nicolas Sarkozy surestime les capacités des forces armées françaises qui en tout état de cause ne peuvent rien seules, guère plus avec l’appui des Britanniques. La création d’une zone aérienne interdite ne constitue pas une simple annonce mais une déclaration de guerre contre un pays souverain.

On peut légitimement penser que la rue arable le verrait d’un mauvais oeil une intervention militaire occidentale en Libye qui ne serait pas sans analogie avec l’épisode irakien. Personne n’est dupe en effet que l’intérêt occidental est quelque peu proportionnel aux ressources pétrolières libyennes.

Alors que BHL proclame dans les colonnes du Parisien que, “c’est le début de la fin pour Kadhafi “, on apprend au même moment que les forces fidèles au guide libyen regagnent du terrain et reprennent ville par ville.

On pourrait en sourire à moins qu’il ne faille en pleurer. Derrière l’agitation et le folklore, un homme reste au sol. Il s’agit d’Alain Juppé. On annonçait le grand retour de la diplomatie française, avec un chef du Quai d’Orsay aux coudées franches. On découvre qu’il n’en est rien, que toutes les décisions continue à se prendre à l’Élysée. Que la nomination du super ministre Juppé relève plus d’un effet d’annonce que d’une réalité. Au moment en effet où Paris annoncé unilatéralement la reconnaissance de l’opposition libyenne, notre ministre des affaires étrangères planchait avec ses collègues européens pour tenter de trouver une position commune.

Reste à savoir quelle sera l’attitude du maire de Bordeaux. Si le personnage a les qualités qu’on lui prête, il devrait rendre dans la foulée son tablier. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs un successeur tout trouvé : Bernard Henri Lévy.

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