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Qu’est-ce que le désir ? Pourquoi tant de haine Monsieur Schopenhauer ?

Par Bgn9000

J’ai conscience que c’est un délit de faciès. Encore que je n’ai jamais vu d’image de cet homme pas plus que je j’ai lu ses œuvres. Toutefois, j’ai le sentiment irrépressible que cet homme était amer envers la vie. Certains de ses propos rapportés m’ont paru d’une lucidité destructrice, une volonté de nuire. Cela dit, dans un esprit sensible à la vérité qui est le mien et qui aux dires d’André Comte-Sponville est signe d’esprit philosophique, je me ferais un jour violence et je lirais Schopenhauer.

Revenons au « Bonheur, désespérément », page 24, avec un premier propos en forme de slogan marketing comme les aime l’auteur, mais que je trouve moins intéressant que ses autres propos professoraux : « Il n’y a pas d’amour heureux : tant que le désir est manque, le bonheur est manqué » et quand le désir est assouvi, le bonheur n’est plus. Je complète exprès la citation d’André Comte-Sponville en gardant l’esprit de ce qui précède pour enfoncer le clou de cette phrase si négative sans doute déjà influencée inconsciemment par la citation de Schopenhauer trois pages plus loin. Pourquoi n’y aurait-il pas d’amour heureux ? Je ne dis pas cela parce que je suis un romantique et optimiste déclaré, mais je dis cela, car il ne faut jamais dire jamais, les choses de la vie sont tout sauf simples. D’abord, le désir ne se réduit pas au manque, tout comme le bonheur ne se réduit pas au désir, tout comme ce que l’on s’interdit de faire ou à contrario ce que l’on s’oblige de faire est un des obstacles majeurs pour le bonheur. Je ne veux pas dire qu’il ne faut rien s’interdire et qu’il ne faut pas se forcer à quelque chose, car c’est aussi une forme d’interdiction ou d’obligation. Je l’aide souvent dit et je le répète encore, les positions extrêmes sont dangereuses, mais ne croyez pas qu’il faille s’en détourner résolument, car même un positionnement équilibré avéré est un extrême, le centre d’un cercle comme ses bords est un extrême. Ainsi, l’amour existe même quand le bonheur n’est plus et même quand il n’est plus question de désir, de même le bonheur continue même quand l’amour n’est plus, encore qu’il n’existe pas qu’une seule forme d’amour, lui aussi, comme beaucoup de choses de la vie d’être humain que nous sommes, il est multiple. La cause est bien sûr l’inter-être pas seulement des individus, mais aussi de la nature qui nous entoure. La cause est que nous sommes multiples et que nous avons les moyens intellectuels de nous en rendre compte. Les enseignements de Thay ont été révélateurs pour moi, au-delà de tout prosélytisme. Je suis philosophiquement athée. La sagesse de Bouddha a été d’essayer les privations jusqu’à l’extrême puis de comprendre que c’était inutile de faire du mal à son corps pour booster son esprit (comme il est de nos jours courant de booster son corps pour donner de l’élan à nos capacités personnelles). Tout en se gardant bien de se juger pour cette erreur finalement nécessaire pour son développement personnel.  Quel intérêt d’ailleurs, le passé est fini, le futur est le présent à vivre.

Et, Schopenhauer dans tout ça ? Je ne sais pas s’il assumait ses paroles virales dont voici la plus célèbre : « la vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ».  Je cite les propos d’André Comte-Sponville , page 27, à propos de cette phrase : C’est ce que Schopenhauer, en génial disciple de Platon, résumera bien plus tard, au XIXe siècle, en une phrase, dont je dis toujours que c’est la plus triste de toute l’histoire de la philosophie. Quand je désire ce que je n’ai pas, c’est le manque, la frustration, ce que Schopenhauer appelle la souffrance. Et quand le désir est satisfait ? Ce n’est plus la souffrance, puisqu’il n’y a plus de manque. Ce n’est plus le bonheur puisqu’il n’y a plus de désir. C’est ce que Schopenhauer appelle l’ennui ».

Tout cela est bien réducteur même si ce n’est pas faux. J’assume complètement mon penchant optimiste. Nous avons tous une orientation de ce point de vue là. Et même si on en a aucun, agnostique de ces sentiments, c’est aussi avoir un penchant. « Se surestimer est une maladie, se sous-estimer aussi et s’estimer à sa juste valeur est aussi une maladie », dixit Thay. Le plus important est d’avoir une vision suffisamment profonde de nos processus intérieurs pour qu’ils participent à notre pensée, dans un élan commun au lieu d’une lutte fratricide. Sur un ton plus léger, j’aime cette citation d’Oscar Wilde recueillie sur Twitter ce soir (@distriforce) :  » La chose la plus commune, dès qu’on nous la cache, devient un délice », le manque est souffrance et cette dernière est notre lot commun, mais qui a dit que la souffrance est une mauvaise chose dans l’optique d’une distinction de ce qui est bien et de ce qui est mal ? La vie est faite de souffrance et la souffrance est synonyme de vie, la souffrance est une conséquence naturelle de la vie, un simple capteur interne que notre corps met à la disposition de notre cerveau pour l’équilibre de nos actes.

Alors oui nous vivons entre frustrations et souffrances. C’est dans la nature de l’homme de ne pas être satisfait parce que l’on a. D’après les récentes études, les nouveau-nés sont attirés par la nouveauté et ce bien avant qu’ils soient capables des questionnements qui nous obsèdent et qui peuvent expliquer nos manques. L’homme est programmé pour l’amélioration continue. Il regarde de l’avant et quand il regarde derrière lui c’est pour améliorer son devenir à travers une sorte de bilan parfois auto destructeur. Mais, par contre, Monsieur Schopenhauer, j’ose dire que votre vue était un peu basse ou mal intentionnée, car il est possible de vivre autrement.

Que pouvons-nous conclure sur le désir? Assurément que le désir est manque mais tout aussi assurément que le désir comme l’argent ne fait pas le bonheur même s’il y contribue grandement pour la majorité d’entre nous.

11 mars 2011

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