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Robe de marié de Pierre LEMAITRE

Publié le 13 mars 2011 par Melisende
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Robe de marié

de
Pierre LEMAITRE
(Baby Challenge Thriller - 4/20)
Le Livre de Poche,
2010, p. 314
Première Publication : 2009


Pour l'acheter : Robe de marié

Né à Paris, Pierre Lemaitre a beaucoup enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l’analyse littéraire et la culture générale. Il est aujourd’hui écrivain et scénariste. Il a rendu hommage à ses maîtres (James Ellroy, William McIlvanney, Bret Easton Ellis, Émile Gaboriau…) dans son premier roman, Travail soigné, qui a obtenu le Prix Cognac en 2006.

 
Quatrième de Couverture :
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   Nul n'est à l'abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s'accumulent puis tout s'accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n'a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite; elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape...

Mon Avis :
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   Il y a un an, après avoir fait un tour aux Quais du Polar à Lyon et m’être rendue compte de l’ampleur de mon inculture dans le domaine du thriller et du polar, j’avais pris la décision de combler ce manque et de lire de grands noms du genre.
   Un an après, à part quelques Christie et un Chattam, on ne peut pas dite que j’ai tenu ma résolution… Mais comme je voulais au moins avoir lu le titre d’un des invités des Quais du Polar cette année, avant le jour J dans deux semaines, je me suis lancée, il y a quelques jours, dans Robe de marié, titre de Pierre Lemaitre qui semble avoir remporté la plupart des suffrages.
   Après un début très particulier, je n’ai pas mis longtemps à accrocher et j’ai dévoré les 300 et quelques pages en peu de temps. Les révélations ne sont pas forcément extraordinaires, pas plus que la chute, car on les attend ; mais c’est plutôt la découverte de l’ampleur de la « machination » qui fait frémir et qui fait dire : « Waouh ! ».
   Ravie d’avoir découvert Pierre Lemaitre, je compte bien lire d’autres de ses titres à l’occasion ; et continuer ma découverte des auteurs du genre…
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   Sophie, jeune femme bientôt trentenaire, gagne sa vie en jouant la baby-sitter du petit Léo, six ans, fils des Gervais, couple très occupé, jamais là ou presque.
   Mais ce jour-là, Sophie perd patience et gifle le petit garçon au milieu de la rue, se laissant aller à un accès de colère. Fatiguée et très nerveuse, elle accepte pour la première fois de passer la nuit dans la chambre d’amis de ses employeurs.
   Le matin au réveil, elle se dirige vers la chambre de Léo et le découvre sans vie, étranglé dans son lit par le lacet d’une chaussure. Par le lacet de la chaussure de Sophie.
   Paniquée, elle s’enfuit, cherche un moyen d’échapper à cette folie. Elle ne se souvient de rien. Un peu comme ce jour où sa belle-mère était tombée accidentellement dans les escaliers…
   L’instinct de survie la fait tenir et lui dicte la conduite à tenir ; il faut changer de vie, changer de nom…
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   Le livre est divisé en quatre parties.
   Dans la première (presque 120 pages), on suit Sophie et sa fuite. Face à la descente aux enfers de jeune femme et face à sa désorientation manifeste, je me suis sentie très mal à l’aise. Au fil des pages, on voit qu’elle sombre, qu’elle s’enfonce de plus en plus dans la démence, allant même jusqu’à certains sacrifices horribles pour obtenir assez d’argent pour changer de nom. On laisse ce point de vue féminin alors que Sophie a pris une décision difficile mais indispensable : se marier avec un quasi inconnu pour obtenir un nouveau nom et une nouvelle vie.
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   Dans la deuxième partie (une centaine de pages), on change non seulement de point de vue, mais également de système de narration. En effet, au début, Pierre Lemaitre nous offrait un récit à la troisième personne du singulier, mais ici on se retrouve face au journal intime d’un nouveau personnage, rédigé donc à la première personne du singulier ; journal s’étendant sur de nombreux mois. En découvrant la vie de Sophie, ce qui s’est passé dans son passé (avant le meurtre du petit Léo), d’un autre point de vue, on a l’impression d’être en présence de l’histoire d’une toute autre personne et là, toutes les pièces du puzzle commence à se mettre en place, tout s’éclaire petit à petit. On se retrouve confrontés à une machination parfaitement orchestrée, c’est effrayant ! De telles choses peuvent vraiment exister ? Et si ça m’arrivait ? Flippant ! A la fin de cette deuxième partie, j’avais deviné la révélation que nous réservait l’auteur, mais l’ampleur de la manipulation n’en reste pas moins étonnante !
   Les deux dernières parties (un peu moins d’une centaine de pages à elles deux) reprennent à l’endroit où l’on avait laissé Sophie et nous présentent la suite des évènements. Petit à petit, la compréhension se fait en elle, elle se rend compte et comprend enfin tout ce qu’elle a fait et subi ces dernières années et…
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   Dans ce thriller, ce ne sont pas vraiment les personnages qui m’ont le plus charmé. Sophie, l’héroïne, m’a tour à tour dégoutée, touchée, fait pitié,… mais je ne me suis pas attachée à elle plus que ça. Frantz, le deuxième personnage principal me marquera c’est certains, mais, ce que je retiendra surtout de cette lecture, je me répète, c’est l’ampleur de la machination mise en place et surtout le fait qu’elle semble si réelle, si « palpable ».
   L’histoire se déroule en 2003/2004 en France, entre Paris, sa banlieue et quelques villes de France dont… Lyon ! En lisant « Place Bellecour » ou « Avenue de la République » - lieux que je connais et fréquente souvent -, c’est peut-être un peu bête, mais ça m’a encore plus donné l’impression que cette histoire pourrait arriver à n’importe qui… et pourquoi pas à moi ?! C’est cette proximité avec la réalité, particulièrement dérangeante qui, paradoxalement m’a le plus plu. Le simple fait d’imaginer que quelqu’un, n’importe qui, pourrait me manipuler - car on le comprend vite, cette histoire est la mise en scène d’une énorme manipulation -,… bbbrrrr… j’en ai des frissons dans le dos ! Je vais me méfier de tout le monde dorénavant !
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   Pour finir, j’ajouterais que le style de Pierre Lemaitre n’est pas pour rien dans ce coup de cœur livresque.
   J’ai l’habitude de lire des récits au passé alors là, soudain, oublier l’imparfait et le passé simple pour laisser la place au présent dans les actions… voilà qui donne encore plus de réalité à cette histoire, et surtout, une réalité immédiate ! Les scènes sont donc encore plus « vivantes », , plus « palpables »… et ça donne également beaucoup plus de force aux agissements de Sophie et à sa descente dans la folie. On a l’impression de perdre la tête avec elle, d’oublier des heures entières avec elle… d’où mon malaise pendant les premières pages.
   Je salue également l’auteur pour son choix du changement de point de vue qui donne un nouvel éclairage à l’intrigue ; ainsi que son choix dans la dernière partie de croiser le récit (ce qui se passe dans le présent) et des morceaux du texte lu par un des personnages quelques heures plus tôt, ce qui explique le comportement de ce dernier, mais on ne le comprend qu’en tournant les pages…
   Dans l’ensemble, Pierre Lemaitre ne s’attarde pas sur les détails inutiles. Les phrases sont plutôt courtes. C’est clair, net. Il nous assène les mots avec brutalité, presque violence ; ce qui, une nouvelle fois, sert ce qu’il nous raconte. On lit donc ce thriller très vite, il n’y a aucun temps morts, on a juste envie de découvrir le dénouement le plus vite possible !   Les Petits [ + ] :Une histoire très « réelle », qui pourrait très bien se passer « pour de vrai », c’est effrayant ! La construction du texte en quatre parties distinctes, les précédentes étant éclairées par les suivantes. Le changement de point de vue d’une partie à l’autre donne des explications et renforce le rythme du récit. L’utilisation du présent accentue cette idée de réalité, et surtout, de réalité immédiate !Les Petits [ - ] : La révélation de la fin de la deuxième partie n’a pas été une surprise et on se doute du dénouement assez vite ; mais c’est la façon d’en arriver là qui compte.

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