Magazine Beaux Arts

La Passion selon Saint Martin : After Hours – Part II (by Nico)

Publié le 14 mars 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Reprenons notre analyse de ce film que ceux d’entre vous qui ne l’avaient pas vu ont probablement regardé après avoir lu la première partie de cet article (vous avez intérêt).

Dans After Hours on retrouve, de façon très nette et immédiate au travers du personnage de Paul Hackett, l'image du monsieur-tout-le-monde dépourvu de personnalité et d’originalité. Enfermé dans la monotonie de sa vie et aspirant à un avenir différent, il rêve à un accomplissement personnel créatif et valorisant jusqu’à ce que cela devienne obsessionnel. Un peu plus tôt, en 1979, Scorsese déclinera ce thème à l’extrême en transformant Robert de Niro en Rupert Pupkin, comique frustré dans La Valse des Pantins. Le comédien adulé, l’artiste contemporain inspiré, le boxeur star, le mafieux respecté, sont des représentations fortes de cette obsession du réalisateur. On note aussi dans After Hours des références récurrentes dans l’œuvre du metteur en scène, comme cette passion pour la vie nocturne New Yorkaise et ses taxis, ou encore les grands lofts faisant office d’ateliers d’art contemporain (images déjà présentes  de manière quasi-symétrique, dans New York Stories en 1989, aux côtés de Coppola et de Woody Allen).

L’attirance irrémédiable vers la facilité et l'interdit pousse systématiquement les personnages de Scorsese à dépasser les limites et leurs limites, et à basculer peu à peu jusqu'à la chute (les Affranchis, Casino, La Valse des Pantins, Taxi Driver…). Colère, Envie, Luxure, Orgueil, pêchés capitaux entraînant la pénitence : références mystiques culturelles redondantes chez le réalisateur italo-américain et catholique, et qu’il se plaît à accompagner de musique lyrique (cf. la chute vers les enfers de Sam Rohstein, illustrée par la Passion selon Saint Matthieu de J.S. Bach, dans l’ouverture de Casino, ou ici l’Aria N°3 de J.S. Bach et le 1er mouvement de la Symphonie en D Majeur de W.A. Mozart).  La musique joue déjà un rôle prépondérant et Martin Scorsese arrive à illustrer, compléter, voire même justifier de sa mise en image à travers des choix surprenants et éclectiques, bien que majoritairement centrés autour de la musique classique et du Rock'n Roll (Absents de After Hours, les Rolling Stones restent une référence importante. Il ira jusqu’à leur consacrer un documentaire, Shine a light, en 2008). Sans atteindre la richesse de la bande son de A Tombeau Ouvert (1999), autre chef d'œuvre, la bande son de After Hours complète et accentue le caractère déjà très particulier de l’opus.

Bref pour briller en société, si vous vous retrouvez à parler de cinéma, et de Scorsese en particulier, ne citez pas les Affranchis. Citez plutôt After Hours. Ça claque plus.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lifeproof 5971 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines