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Le lierre sur l'arbre mort de Grazia Deledda

Par Sylvie

ITALIE (SARDAIGNE) -1908

 

Le lierre sur l'arbre mort de Grazia Deledda

Editions Autrement

 

Mon prochain voyage en Sardaigne m'a conduit vers les oeuvres de Grazia Deledda (1871-1936), l'écrivain sarde la plus connue et l'un des plus grands écrivains italiens de ce siècle. Mais malheureusement trop méconnue....

 

Elle a été pourtant la deuxième femme à obtenir le Prix Nobel de Littérature en 1926, après Selma Lagerlöf. La légende dit qu'elle n'a jamais souri, même lorsqu'elle a reçu son Prix Nobel...

 

Héritière à la fois du courant du "vérisme" (courant littéraire italien qui s'attache à décrire avec réalisme la vie de communautés, proche du naturalisme du Zola) et du "décadentisme" de Gabriele d'Annunzio, elle met en scène le déclin des valeurs morales (fin de la croyance religieuse, l'effritement des valeurs familiales) dans la communauté sarde ; mais le sujet est touché par une profonds sentiment de la culpabilité ; il cherche le châtiment puis la voie de la rédemption. Elle est en cela proche de l'oeuvre de Dostoievski.

 

Le lierre sur l'arbre mort de Grazia Deledda

De ces multiples influences, il en ressort des récits magnifiques alliant des descriptions de paysages et de traditions sardes agropastorales à des passages d'introspection très subtils.

http://www.contre-feux.com/culture/grazia-deledda-un-etrange-et-injuste-oubli.php

 

Le lierre sur l'arbre mort a été pour moi une révélation. Je compte bien sûr lire d'autres romans...

 

Un gros village, une grosse maison décrépie, deux vieillards qui parlent sur le pas de la porte, les brebis dans les pâturages...le décor est planté.

Annesa, l'héroïne, est la domestique de la maison. En fait, elle a été recueillie toute petite par la famille noble du village. Elle soigne un vieil homme de la famille, un lointain cousin, lui aussi recueilli par charité.

Car, c'est une tradition sarde, la famille noble donne à manger aux nécessiteux. D'ailleurs, c'est la fête des bergers, les femmes de la maison se doivent de nourrir les pauvres. Mais cette riche famille n'est plus ce qu'elle était. Le fils de la maison a fauté et le petit fils, Paulu, a fait les quatre cents coups en parcourant l'île et a dilapidé l'argent...

 

Ce soir, donc, la fête des bergers annonce pour Paulu  une course contre la montre pour éponger ses dettes et obtenir de l'argent afin d'empêcher la vente du domaine.

Alors que la fête bat son plein (magnifique description des bûcherons déguisés dévorant la charcuterie), Paulu parcourt les villages à la recherche des usuriers ou des veuves riches....

Quant à Annesa, amoureuse clandestine de Paulu, elle va commettre un acte désespéré pour sauver l'honneur de la famille....

 

Ce récit est construit en deux temps : la première partie exalte les traditions sardes et nous parle des légendes de l'île ; parfois, on pense à George Sand nous décrivant les contes et légendes du Berry. Les rochers deviennent des fantômes lors des promenades nocturnes, une montagne serait le tombeau d'un vieux géant. Grazia Deledda nous enchante en décrivant ce folklore mais l'auteur n'est pas pour autant régionaliste !!!

A partir du moment où le "crime" est commis, l'auteur suit pas à pas Annesa et vous vivons avec elle ses états d'ame passionnés, ainsi que ceux de Paolu. Il n'y a pas un mot de trop, la phrase est fluide comme une rivière, à la fois descriptive et analytique.

 

Et c'est à partir de ce moment là que l'oeuvre de Grazia Deledda devient universelle. Elle décrit les ravages de la passion et du sentiment de la faute.

Sublime !

 

Toute l'oeuvre de Deledda est centrée sur ce thème du crime ou de la faute. A lire aussi La mère, qui découvre que son fils prêtre fréquente une jeune fille.

 

 

 

 

 

 


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