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Anthologie permanente : Olivier Apert

Par Florence Trocmé

Poezibao a publié hier un ensemble critique sur Olivier Apert, constitué d’une note de lecture d’Upperground par Pierre Drogi, complétée par une lettre ouverte à Olivier Apert d’Anca Vasiliu. 
 
 
Voici le fossé aux yeux bandés 
  à l’aube de préférence 
personne n’y envisagera « la mort en face », à genoux 
juste au bord la nuque ployée il importe que l’orgueil 
de la colonne se tasse vertèbre après vertèbre il importe 
que l’orgueilleuse colonne éprouve l’humiliation ultime 
après avoir enduré le fléchissement progressif de la verticale : 
du lavabo toujours trop bas à la charge quotidienne des outils :: 
de la menace introjectée dans un surmoi savamment censuré 
à la « camisole de force sociale » ligotant l’instinct grégaire ::: 
tout l’homo faber y passe pour en arriver là 
  à l’aube de préférence  
quand le froid fait grincer les articulations matutinales 
cependant pas de « nuque raide » ici, il faut s’incliner 
encore & encore 
  une balle dans la nuque pour voir 
  le fossé aux yeux bandés 
 
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CRISEs, cinq 
 
mais que me veut cet homme avec du sang dans la main 
(au coin de la rue) 
sans doute saigne-t-il du nez comme autrefois 
j’aimais les fleurs de mercurochrome séché c’était 
(au coin de l’autel) 
il y a longtemps maintenant que N.S.J.C. sous la couronne 
s’écartelait & que le haut-flanc pissait du vinaigre 
(au coin de la rue) 
il y avait encore des vierges Nossa Senhora de la Concecao– 
seculo XVII– que le désir modelait en poupées coupables 
(au coin de l’autel) 
il y aura désormais la nuit pour recouvrir de la haine de la poésie 
cet homme avec du sang dans la main – que me veut-il 
(au coin de la rue) 
avec ses fleurs de mercurochrome séché 
 
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OUBLI, 
 
& déjà la nuit tombe – mais combien 
combien de 
  temps aura-t-il fallu avant (c’était avant) 
de rose douxleurre (même les pylônes électriques hurlent) 
pour que le ciel outragé relève translucide sa 
toile où rires de colère & colères pour rire s’entendent 
à clouer les étoiles (les absentes) une bonne fois 
pour toutes au revers d’un col (de veste ? de montagne ?) 
que la solitude dans le froid honore – oui 
 
 
  Le 8 juin 2002, dans le train Wien-Paris 
 
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S+U Bahn 
 
zurück bleiben bitte : 
il suffit désormais de chanter l’égarement 
du corps pris entre l’obsession vive 
des grosse Busen & des travestis 
exhibant terriblement leur décrépitude que 
l’obscénité baise avec la compassion de la diérèse : 
tout pour être heureux, diriez-vous, 
avant que je ne vous prouve que la 
langue des signes demeure le remède, 
que vous ignorez en vain : 
nulle violence là où le mutisme parle –  
mais des cris minuscules qui cognent la nuit de leur 
poings crispés ! 
vor bleiben bitte 
 
Olivier Apert, Upperground, La Rivière échappée, 2010, pp. 45, 61, 79 et 87 
 
Olivier Apert dans Poezibao : 
bio-bibliographie extrait 1
 
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