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22, v’là les blondes ! - Sur le Salon du livre

Par Benard

F_046a953cff36db2e756b21cfc5a148864cf67c48a4015.jpgMAASTA_39296b.jpgPas de danger que les Reader et autres Kindle ne fassent une percée en Scandinavie. Allez emprisonner un oiseau dans une tablette. Oui, dans les pays du nord, les livres sont une matière vivante, animale, gourmande, odorante. Ca crisse sous la dent. Ca brûle la langue et le cerveau. De son dernier roman, «Darling River», Sara Stridsberg, la dernière bombe littéraire suédoise, dit volontiers qu'il est comme «un oiseau qui tournoierait au-dessus des quatre créatures» dont il raconte l'histoire. Après un premier livre extraordinaire, poétique, enfantin et sulfureux à la fois, Sara Stridsberg réinvestit, à sa manière, le «Lolita» de Nabokov. Lo roule dans la vieille Jaguar de son père, dormant et mangeant et rêvant sur la banquette arrière, urinant aussi dans des barquettes empilées dans le coffre. Le paysage défile, apocalyptique, avec ses incendies permanents qui semblent finir de consumer ce qui reste d'amour en ce bas monde. On se croirait chez un Lynch qui aurait sniffé du Lewis Carroll. Même s'il déçoit un peu, par la légère naïveté de son propos, on retrouve dans le livre de Sara Stridsberg cette force poétique envoûtante qui a conquis les lecteurs de son premier roman, et qui fera sa gloire dans les années qui viennent.

Si d'autres éditeurs s'honorent de publier Helle Helle (première Danoise à recevoir le Prix Per Olov Enquist), Anne B. Ragde (un suspense écolo chez Balland), ou Herbjorg Wassmo (la star des lettres nordiques, traduite en 24 langues), on reste confondu devant la richesse du domaine scandinave des Editions Stock: Sara Stridgsberg, Sofi Oksanen, remarquée il y a an avec son puissant «Purge» (Prix Fémina étranger 2010), Monika Fagerholm aussi. Monika, reine du nord. Se souvient-on avoir jamais lu quoique ce soit d'aussi puissant, d'aussi original, que ses «Femmes merveilleuses au bord de l'eau»? Problème d'arithmétique appliqué à la littérature: un livre est plus qu'un livre, une œuvre, plus que la somme des ouvrages qui la composent. C'est le théorème Monika. Cet écrivain finlandais d'expression suédoise vit près de Helsinki et passe des semaines entières recluse dans l'univers de ses histoires. Son nouveau roman, «La Scène à paillettes», glisse de lieu en lieu, le «coin», la «pointe», le marais de Bule (où s'est tuée, en 1969, une jeune fille américaine, Eddie de Wire, dans les circonstances mystérieuses que décrivait son précédent roman, «La Fille américaine»). Avec «La Scène à paillettes», Monika redistribue les cartes, et raconte les mêmes événements sous un autre éclairage, plus diffus, lorsque le temps commence à effacer les souvenirs des protagonistes du drame. Il y a du Max Ophüls chez Monika Fagerholm, dans son art somptueux, «à paillettes», d'enchanter le réel, d'une manière enfantine, tragique, infiniment complexe comme la traque qu'elle raconte, celle du passé infidèle et des impressions évanouies.

Lire la suite : http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/28/les-romancieres-du-nord.html


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