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La Mécanique de l'Orange.

Par Michcine

jaffa.jpgNon, vous n'avez pas mal lu. Non, il n'y a pas erreur dans la formulation. La Mécanique de l'Orange c'est: 

  l'’histoire de la Palestine et d’Israël s’articulant autour de représentations, d’images et de clichés. Parmi tous ces symboles partisans et opposés, un seul est commun aux deux pays : l’orange. Raconter son histoire, c’est raconter l’histoire de cette terre.
L’orange de Jaffa sert de trame pour raconter une facette de la vie commune judéo-arabe en Palestine, le récit d’une convoitise coloniale, l’histoire d’un effacement, d’une nat...ionalisation, puis d’une négation et, peut-être un jour - si les Dieux et les hommes le veulent bien – la genèse d’une histoire commune.
Le film sortira en salles le 30 mars. cette sortie sera précédée de plusieurs avant-premières en présence du réalisateur, Eyal Sivan.

Jaffa, l’une des plus anciennes villes du monde, était aussi l’une des villes les plus prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses orangeraies déployées à perte de vue, elle fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit jusqu’à sa préparation pour l’exportation, non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus d’Egypte, de Syrie, du Liban.

En 1948, plus de 4 000 bombes tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est devenue le symbole des produits de la colonisation.

Pour nous raconter cette « mécanique de l’orange » et le recouvrement de Jaffa, Eyal Sivan met à l’écran une foule d’images et de représentations et donne la parole à de nombreux interlocuteurs palestiniens et israéliens, historiens, écrivains, chercheurs, ouvriers… Un travail remarquable autour d’un fonds d’archives, photographies, peintures, vidéo, et de témoignages percutants.

On y voit d’abord, dans les années 1920, Arabes et Juifs travailler ensemble dans une relation qui a été extirpée des deux mémoires. Les Juifs ne possédaient alors que 7 ou 8 % des terres et les paysans palestiniens, qui transmettaient leur savoir-faire, étaient loin d’imaginer que dans le sillage de leurs élèves viendraient leurs colonisateurs.

La rupture est intervenue avec l’arrivée des kibboutzim : « Pour eux, nous étions des traîtres », indique un agriculteur israélien qui se souvient : « Ils voulaient imposer le travail juif. Mais l’idéal était une chose, la réalité une autre : Ils pelaient ausoleil. » Leur peau claire et leur incapacité à travailler la terre ne les empêcheront pas de persister. La colonisation sera méthodique et rigoureuse, donnée à voir avec documents et images d’avant 1948 en abondance.

Le début de la photographie remonte à 1839 et Khalil Khaed est le premier photographe palestinien à avoir immortalisé les Palestiniens dans les champs d’agrumes et leur relation charnelle à la terre. Puis les Israéliens vont effacer la présence arabe et imposer leurs propres représentations. « On s’est d’abord approprié l’image et après la terre », précise une historienne israélienne : « Les Juifs veulent donner une vision européenne de la Palestine : l’Orientvu de l’Occident. » Avec la peinture aussi, les colons se veulent dans la continuation de l’orientalisme. Ils se travestissent en celui qu’ils viennent remplacer. Le discours de la « terre arabe mal exploitée et peu fertile » se met en place. La propagande sioniste a recours à une iconographie très organisée et contrôle totalement les images produites pour échafauder le mythe d’une terre à l’abandon où ils viennent introduire la modernité. « Le cliché selon lequel la colonisation apporte le progrès ! », souligne Elias Sanbar. Et qui va se décliner dans des images de la bonne santédans le travail, les chants, les danses, les femmes radieuses, émancipées et en short... C’est le réalisme socialiste à l’israélienne, le rêve colonial qui produit les oranges que l’Orient envoie à l’Occident.

L’orange va devenir un symbole de l’idéologie sioniste. « L’Israël des oranges, c’est un Israël sans Arabes », résume un historien. Dès 1948, les Israéliens déposeront la marque Jaffa. Près de 5 millions de caisses par an seront produites jusqu’en 1970. Les investissements en budgets publicitaires sont considérables : « Jaffa est aux fruits ce que Coca-Cola est à la boisson. » En devenant une marque, la « Jaffa » a effacé la ville de Jaffa, absorbée aujourd’hui par Tel-Aviv.

* « Jaffa, la mécanique de l’orange », un film d’Eyal Sivan, durée : 90 minutes. Premier Prix au Fimmaker milan 2009

http://blog.mondediplo.net/2010-03-15-Jaffa-histoire-d-un...

Mais encore ceci :

Une histoire commune

Des Palestiniens et des Israéliens (issus du milieu agricole, mais aussi historiens, poètes, écrivains ou encore artistes) ont accepté d'évoquer ce passé devant la caméra d'Eyal Sivan. Comment expliquer la détérioration de la relation judéo-arabe, au départ modelée par une communauté d'intérêts et poussée par la conquête du marché européen, au moment où la colonisation britannique s'est imposée dans le pays ? Comment, dans les années 1920, les institutions sionistes ont-elles utilisé l'image des oranges de Jaffa pour véhiculer des valeurs telles que le travail, l'effort collectif, la fierté nationale ou la réussite ? Quels sont les événements qui ont conduit à ce qu'il n'y ait plus d'orangeraies aujourd'hui ? Comme un devoir de mémoire, Eyal Sivan répond à ces questions en donnant la parole à des hommes et des femmes marqués encore par cette période charnière de leur histoire commune.

Ariane Dadier


PROGRAMMATION
BRUXELLES - PIANOFABRIEK
Avant-Première en présence du réalisateur le 25 mars
BRUXELLES - FLAGEY - sortie le 30/3
MONS - PLAZA ART - sortie le 27/4
+Avant première le 5 mars
CHARLEROI - LE PARC - Sortie le 30 mars
+Avant première - 29 mars - 13h30
NAMUR - CAMEO II - Sortie le 27 avril
GAND - STUDIOSKOOP
Avant première en présence du réalisateur le 23 mars
LIEGE - CINEMA LE SAUVENIERE


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