Par Fabienne
Parlons aujourd’hui d’une artiste qu’il ne faudra bientôt plus présenter : Miette. Touche-à-tout, elle met en scène un personnage récurrent et enfantin : une poupée évoluant dans un univers ludique et sombre.
C’est au fin fond d’une très typique cour d’immeuble parisien que se cache l’atelier où Ariane -alias Miette- m’accueille en cette fin d’après-midi de février. Pour cette rencontre, il me semblait important de passer par une interview « moins conventionnelle »… On commence en effet, à entendre parler d’elle de plus en plus facilement. Pour ma part sa découverte eu lieu -relativement tard- avec l’exposition Oh ! My Gode ! Soit 6 ans après la naissance de ce personnage qui prend vie dans toutes ses réalisations : Miette. Sorte d’avatar enfantin et sombre à la fois qui s’est construit à son entrée dans le Collectif Obsessions Visuelles : elle va alors orienter ses réalisations vers la thématique des poupées -en chiffon puis en peinture-, les supports vont par la suite se multiplier et leur sujet s’affirmer !
Miette en plein travail dans son atelier. © Cyril Drouin
Aujourd’hui, et pour tous ceux qui n’auraient pas eu la chance de découvrir son travail et son « CV » : Miette est une parisienne de -bientôt- 30 ans, passionnée de dessin dès l’enfance, elle a suivi un cursus scolaire créatif, école Boule suivi d’études en fac d’arts plastiques. Aujourd’hui, elle expose régulièrement… Et n’en est déjà plus à son coup d’essai, c’est en 2004 qu’aura lieu la toute première sur une thématique que j’abordais tout dernièrement : les Squats (justement… chez Robert électron libre devenu le 59, rue de Rivoli). Depuis beaucoup d’autres galeries et espaces d’exposition se sont succédés et lui ont proposé de montrer ses réalisations en France (Artwist, Ars Longa, la Galerie Celal, Artoyz…) mais également aux Etats-Unis (Compound Gallery). Elle participe régulièrement à divers évènements collectifs, scénographies (comme ce qui fut le cas pour le clip d’Olivia Ruiz : Les crêpes aux champignons) et recueils illustrés (Dernièrement sur Elegy, « livre rouge C215 », «400 ml», « Cadavre Exquis » de Pascal Pacaly).
Extrait du clip d’Olivia Ruiz Les crêpes aux champignons
J’ai besoin de confronter mes créations à plusieurs supports, je m’ennuie assez vite, donc j’aime toucher un peu à tout et considère mon travail comme une série d’expériences où je teste pleins de choses !
Mes principaux domaines de prédilection restent le dessin et la peinture, mais j’ai toujours aimé travailler la matière donc il m’arrive souvent d’incorporer des collages, de la couture, des effets de textures, des vernis, etc… Pour le dessin en noir et blanc, je suis plus classique : rotring !
© Miette, Crédit photo : Cyril Drouin
Quelles sont tes sources d’inspirations, artistes -ou mouvements artistiques- ?
Mon influence 1ère était Basquiat, mon travail s’étant ensuite tourné sur le thème de la poupée, donc sur quelque chose de plus figuratif mes influences se sont plutôt tournées vers des artistes comme Hans Bellmer, Egon Schiele, le surréalisme, quelques photographes comme Diane Arbus ou Nan Goldin mais également des artistes comme H.R Giger, Mark Ryden, Camille Rose Garcia, l’expressionnisme allemand, Gustave Doré, etc…
© Miette, Crédit photo : Cyril Drouin
Ton travail en général fait appel à un imaginaire onirique et sombre auquel on commence à se familiariser, as-tu le sentiment d’appartenir à une mouvance d’esthétique gothique ?
L’esthétique gothique est quelque chose qui visuellement me plaît beaucoup mais de là à y appartenir… Je préfère me dire que je n’appartiens à rien ! J’ai passé mon adolescence et plus dans un milieu punk, rock’n’roll etc.. je pense donc qu’il était évident que mon travail n’allait pas se tourner vers quelques chose de tout « rose et gentillet »…
Je suis souvent associée à un univers à la « Tim Burton », je pense que si l’on regarde mon travail de plus près, je suis dans quelque chose de beaucoup plus dur et réaliste…
De quelle manière prépares-tu une nouvelle œuvre ?
Mon travail étant une succession de « petites expériences », quand une idée ou une technique me vient à l’esprit, je teste, je tâtonne pour l’appliquer à mon univers et personnage. D’une œuvre à l’autre je garde certains éléments et en enlève d’autres.
© Miette, Crédit photo : Cyril Drouin
Pourquoi cette récurrence des lèvres cousues tu peux nous expliquer pourquoi tes personnages sont systématiquement soumis au mutisme ?
Je ne vois pas du tout ça comme une « soumission », mais plutôt comme une force ! Le but étant d’arriver à dégager des sentiments (colère, tristesse, joie, espièglerie…) uniquement à travers son regard et son environnement. Mais nous pouvons aussi prendre les choses d’un point de vue plus terre à terre :
j’ai une certaine fascination pour les points de suture, cicatrices etc… Et le fait d’en placer sur sa bouche est maintenant devenu une sorte de signature.
Tu travailles sur quoi en ce moment ?
En ce moment je travaille sur mon premier livre !!! Voilà aussi pourquoi je prévois peu d’expositions pour cette année, je voudrais me recentrer sur ce projet, préparer une nouvelle série et m’orienter plus encore vers l’illustration !
Mais chut… on ne vous en dira pas plus aujourd’hui. Si toute cette lecture a attisé votre curiosité et en attendant sa parution vous pouvez compléter cette interview, en retrouvant Miette via :
Un vernissage ce soir ?
Côté expositions -tout de même-, une sympathique actualité aujourd’hui, ce 16 mars la galerie L’Art de Rien expose -entre autres- Miette !
À l’occasion de la parution -aux éditions Flammarion- de « Métamorphose en bord de ciel » , ouvrage de Mathias Malzieu, et en accord avec la galerie soucieuse de créer des liens entre littérature et arts plastiques, il a choisi une quarantaine artistes pour illustrer son roman :
Je ne voulais surtout pas faire un catalogue d’expo et je ne voulais pas faire un livre illustré. Je voulais faire un ovni, avec un texte qui puisse exister sans l’expo et que l’expo puisse avoir du sens sans le texte.
Donc si vous souhaitez découvrir « l’ovni » de Mathias Malzieu, le travail de Miette et d’autres artistes parmi lesquels : Isabelle Lameloise, Mllz Fannib, Liz Mc Grath, Peggy V., Benjamin Lacombe, Victor Jaquier, Nicoletta Ceccioli, Christophe Goussault, Fabesko, Lostfish, Bleuz, Muriel Belin…
Je vous invite à vous rendre à la Galerie pour :
Métamorphose en bord de ciel : l’exposition.
Du 16 mars au 1er mai 2011
48 rue d’Orsel, 75018 Paris