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[Roman]: Boneshaker, par Cherie Priest

Par Corwin @LR_Corwin

Si la couverture, très belle au demeurant, ne laisse planer aucun doute quant à la “catégorie” dans laquelle glisser ce roman (on y voit le portait d’une femme équipée de lunette de fabrication étrange dont le reflet laisse apparaitre un dirigeable en flamme) : Steampunk. Maintenant, permettez moi de poser la question : est-il suffisant de placer deux ou trois dirigeables dans un ouvrage dont l’action se déroule à la fin du 19ieme siècle, d’inclure quelques improbables créations mécaniques pour en faire un roman Steampunk. Pas si sûr. Explications…

[Roman]: Boneshaker, par Cherie Priest

Sous le fond :

Ce problème de perspective, pour commencer.
Pourquoi faut-il vraiment claquer une étiquette de genre sur un roman ? SteamPunk, Space-opéra, etc etc. Je veux bien croire qu’il y a une dimension marketting, et que, au départ, cela peut servir l’auteur dans ses démarches auprès d’un éditeur. On affirme pouvoir prétendre à une collection, par exemple.
Mais au-delà, il y a ensuite une certaine attente de la part du lecteur.
Or dans le cas présent, sur ce Boneshaker, à mon sens, il y a tromperie sur la marchandise. Comme je le disais en intro, quelques dirigeables et un peu de machineries sont bien présents. Okay. Mais ce sont des éléments loin en second plan… voire troisième. Ils sont peu d’importance par rapport au récit.

Puisque ce fameux accident à Seattle provoque une nouvelle Histoire des USA, j’aurais tendance à placer ce bouquin en “Uchronie”.
Mais pas seulement.
L’élément majeur à mon sens, c’est Seattle. Ce territoire appartenant à des survivants d’une catastrophe, entourée de hauts murs (comme Manhattan dans NewYork 97), où errent des “Pourris”, des zombies en fait. On est donc dans du Survival Horror.

Pour moi, la distance historique et les zombies sont des éléments bien plus fort que les quelques allusions au Steampunk.

Maintenant que c’est dit, voyons la suite.

Le paquet :

Très beau livre, belle couverture, format sympa. Rien à redire. Au niveau du style, par contre, c’est parfois étrangement discontinu. Certains passages sont fluides, agréables, bien pensés. Et puis de temps à autres, la qualité saute. Comme si la course au nombre de caracs l’avaient emporté. Des dialogues plats, des affirmations sans démonstrations, des persos à peine caractérisés… quelques lourdeurs et “erreurs” de construction qui m’ont même éjecté de ma lecture. Imputable à la traduction ? Faute de l’auteur ? Je ne saurais dire. Cependant, je puis vous affirmer que certains passages m’ont paru interminables, voire pénibles, et que cela a beaucoup nuit à mon plaisir de lire.

L’histoire :

Les Amériques des années 1880 sont en proie à la Guerre Civile depuis 20 ans.  Dans ce “siècle mécanique” (nb : c’est le nom du cycle), la technologie suit des chemins tortueux pour nourrir l’effort de guerre. A Seattle, Leviticus Blue a mis son talent au profit de la construction d’une machine, le Boneshaker, capable de forer le sol en profondeur. Seulement voilà, Levi a utilisé sa création pour dévaliser les banques du coeur de Seattle. Ce faisant, il a provoqué un véritable chaos. Effondrement d’une partie de la ville, certes, mais surtout, il a libéré un terrible gaz, le Fléau.

Ce gaz gangrène les vivants, transformant les humains en “Pourris”, des morts-vivants. Dépassées par les évènements, le gouvernement a fait érigé autour de la ville un rempart. Aussi bien pour éviter que les Pourris n’en sorte, que pour contenir le gaz.

Autour de Seattle, la vie a repris dans les Faubourgs.
C’est la que Briar Wilkes, veuve de Levi Blue, tente d’élever son fils depuis seize ans. L’adolescent, Zeke, est dur, et veut connaître ses origines, veut apprendre qui fut son père. Briar refuse d’en parler. Alors Zeke monte une expédition : il se rend, seul, dans Seattle, avec la ferme intention de découvrir qui était Levi.

Découvrant la disparition de son fils, et mise au courant de son plan, Briar n’a plus d’autre choix : il lui faut à son tour se rendre dans Seattle, et le retrouver…. coute que coute.

***

Malgré ce que j’ai pu dire sur la forme au début de ce billet, ce Boneshaker est pétri de bonnes intentions. Et passé ce moment où je grognais parce-que-ce-n’est-pas-du-steampunk-non-madame, je me suis mis à le lire comme une uchronie-fantastique. Tout de suite, ça allait mieux.

Je regrette simplement le manque de “profondeur” des personnages. A part Zeke, et à la limite Briar, dont on connait et comprend les motivations, c’est très très flou à mon sens pour tous les autres. Que font réellement tous ces gens qui sont restés dans la ville, pourquoi ? Comment ce fait-il qu’il y ait toujours autant de pourris ? Tout n’est pas clair… mais peut-être est-ce voulu et que les réponses viendront plus tard, dans un autre roman.
Je continue de trouver ça dommage. Quant à la fin d’un roman, il me reste autant d’incompréhension, j’ai comme un goût d’inachevé.

C’est bien dommage, car BoneShaker dispose d’un super-potentiel.
Les amateurs de Survival-Horror apprécieront.


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