Magazine Culture
La fascination de Hardwicke pour les jeunes figures féminines, vierges, adolescentes, soumises à la violence du monde extérieur ne semble pas avoir de limites. De son uppercut Thirteen, en passant par La Nativité, et jusqu’au premier (et meilleur) volet de la saga Twilight, elle ne s’intéresse qu’à une chose : le passage de l’enfance à l’âge adulte. Après Evan Rachel Wood et Kristen Stewart, c’est Amanda Seyfried (Chloé, Jennifer’s body) qui s’y colle, en nouvelle chaperon rouge, chassée par un loup-garou mystérieux au cœur d’un petit village. Faux pas pour la réalisatrice avec cette resucée de Twilight (si Taylor Lautner a même été un temps envisagé pour le rôle de Peter ( !), Billy Burke, le papa de Bella est ici le papa de Valérie), qui lorgne très (trop) souvent du côté du grotesque. Pourtant, il y avait du potentiel : clins d’œil nostalgiques à l’horreur nineties (la Virginia Madsen de Candyman, le Gary Oldman de Dracula), double lecture intéressante (sur l’approche de la sexualité notamment), univers gothique à construire, suspense convaincant sur l’identité de la bête. A la place, Hardwicke flirte avec le carnage, et rate tout ce qu’elle entreprend. D’un morceau de Fever Ray sur une séquence moyenâgeuse à la mise en image des désirs assumés (anti-Bella) de l’héroïne, des effets spéciaux et à la résolution de l’affaire, Hardwicke se prend les pieds dans le tapis, tiraillée entre des finalités lucratives (film de commande) et l’envie bien présente de faire du cinéma. Illustration cheap d’une sexualité naissante, ridicule d’un romantisme exacerbé, ambiance en carton pâte : Red Riding Hood n’a rien de son côté (si ce n’est le vague plaisir du divertissement immédiat), et réussit même l’exploit de saccager, dans un final particulièrement laid, le féminisme latent du conte original.
Sortie France: le 20 avril 2011.