Comme chaque année, à l’occasion de la grande foire d’art et d’antiquités de Maastricht, The European Fine Art Fair (Tefaf) publie un rapport sur l’état du marché mondial de l’art. Pour la première fois, la Chine devance le Royaume-Uni et se place ainsi à la deuxième place du classement.
Après quelques années de repli, le marché mondial de l’art s’est considérablement revivifié en 2010. Au regard des chiffres de 2009, la hausse est estimée à près de 52%. Ce sont les performances sans précédent des Etats-Unis et de la Chine qui expliquent en grande partie ce redressement. Les Etats-Unis confortent leur place de leader mondial du marché de l’art, avec 34% des parts. La Chine évince le Royaume Uni et conquiert la seconde place du classement. De précédents rapports l’avaient présagé, celui de la Tefaf le confirme : l’ascension accomplie par la Chine en 2010 est fulgurante. Désormais, le pays détient 23% du marché mondial de l’art, contre 22% pour le Royaume Uni.
Le recul accusé par le Royaume-Uni affecte en fait tous les pays membres de l’Union Européenne. Pour les Britanniques, cette régression est imputable au droit de suite mis en place par l’Union. Ce prélèvement, souhaité par la France, s’applique à toutes les œuvres d’artistes morts depuis moins de 70 ans. Cependant, l’argument avancé par les Britanniques ne peut pas être entièrement validé. Le Royaume-Uni bénéficie en effet d’un statut particulier : le droit de suite qui s’applique sur son territoire ne concerne que les œuvres d’artistes vivants. Par ailleurs, si les taxes pénalisent le marché britannique, elles existent également en chine où la taxe sur les œuvres d’art s’élève à près de 30%.
Tableau de Zhang Daqian, célèbre peintre chinois du XXe siècle
Et si ce « changement sismique de la distribution géographique de ce marché » (Tefaf) était simplement lié à l’extraordinaire dynamisme de la Chine ? En 2007, le pays comptait déjà 36 artistes classés dans le top 100 des artistes contemporains (Etude Artprice). Le 3e artiste dont les œuvres se vendent le mieux actuellement est chinois, il s’agit de Zhang Daqian. Il en est de même pour les deux plus grandes sociétés d’enchères au monde, Sotheby’s et Christie’s. Hong Kong, qui concentre une large part de l’industrie de l’art chinois se mesure désormais à Londres ou à New-York. C’est d’ailleurs dans cette ville que sont nés beaucoup des talents dont les œuvres s’arrachent à présent à prix d’or dans le monde entier.
Si cette explosion du marché de l’art chinois est aujourd’hui possible, c’est parce que l’attitude de l’Etat vis à vis de l’art a considérablement changé ces dernières années. Après le massacre de Tian’anmen, les œuvres d’avant-garde subissaient bien souvent la censure. Leurs auteurs étaient emprisonnés, accusés de vouloir faire tomber le régime communiste. Aujourd’hui, si le gouvernement continue de favoriser l’art traditionnel et impérial, la libéralisation du marché de l’art progresse. Les artistes, réfrénés pendant des années, déploient aujourd’hui toute leur créativité, jusqu’à défier la censure.
Tableau de Yue Minjun, artiste contemporain chinois
Le marché de l’art chinois ne s’est jamais aussi bien porté, et ce n’est sans doute qu’un début.
Jeu de briques
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Pacman
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