Nous les filles on a vraiment tout pleins de problèmes existentielles, dont le premier est : comment faire pour paraître à l’aise sur des talons haut de 12 cm ? On fait genre qu’on maîtrise grave et pourtant on meurt littéralement des petons. Mais, irrésistiblement on achète encore et encore ces superbes objets de tortures qui coutent souvent très chères, et qui finissent dans un placard. J’ai dénombré chez moi, plus de dix paires de chaussures avec des talons dépassant facilement les dix centimètres, j’aime les regarder tendrement et leur donner des petits surnoms affectifs. Ainsi mes boots noirs ont été renommé les « Assassines« , tandis que ma paire d’escarpins blanches ont hérité du nom de « Meurtrières ». Mais je vous assure je les aimes…
Miss A, ma grande complice a le même souci, qu’elle vous racontera beaucoup mieux que moi. Et, souvent elle se lance des défis. Chemin faisant on a une idée, et si on se lançait toutes les deux un défi : METTRE DES 12 CM PENDANT TOUT UN CONCERT ? Ben oui, on aime vivre dangereusement. Et parce qu’on aime partir à l’aventure, on a décidé de mettre nos Assassines non pas pendant un concert ou l’on reste assis à écouter des chansons tristes de folkeux MAIS pendant un concert ultra funky, ou t’es tellement emporté par la musique que tu peux pas t’empêcher de danser, je parle bien sûr de Namasté au Point Éphémère.
Déjà accéder la salle se révèle etre un véritable morceau de bravoure : une pente, des pavés, et une démarche instable avec des talons très très fins. Lablonde et moi, on avance d’un pas lent et pas très rassuré, tout en essayant de faire croire qu’on maitrise grave la démarche « Béyoncé ». Résultat : il faut environ dix minutes pour faire le trajet métro/point éphèmère. Et là, d’abord gros coup de gueule ! On voit bien que Paris a été bati par des mecs, qui n’ont absolument pas pensé aux bien-êtres des femmes. Messieurs ! Vous aimez bien nous regarder marcher avec nos instruments de tortures qui nous donnent une démarche sensuelle et chaloupée…Mais pourquoi avoir fait des pavés, et des rues pas droites ?
Bref, on arrive enfin à l’intérieur de la salle, et ils sont cools à l’intérieur, ils ont installé de sympathiques banquettes, dans lesquelles on peut s’affaler comme de grosses loques. Fiou, elles sont libres on s’y installe. Le concert commence, Lablonde se lance dans son parcours du combattant pour prendre des photos et se faire une place dans le public présent en masse ! Moi pour ma part, je grimpe sur les fauteuils instables, en luttant pour que celui-ci ne bougent pas trop, histoire de ne pas me retrouver face contre terre. Sauf que…des talons aiguilles sur un fauteuil c’est pas l’idéal. Je lutte pour trouver l’équilibre, (comme en patinage, je me dis, fléchis les genoux Sabine, tu peux pas tomber comme ça!). Celui-ci enfin trouvé, je peux me mettre à apprécier le concert, plus grande que tout le monde.
Mais non, au bout de quelques chansons, une jeune fille grimpe sur mon fauteuil à moi (pourquoi le mien d’abord?). Un peu brutasse, et pas du tout fine pour le coup, elle s’agrippe à moi. Je manque de me casser la figure, mon talon fait un superbe trou dans la banquette… C’est là que je dis pour ma survie personnelle, mieux vaut finir à plat… La lumière est éteinte, les gens sont à fond dans le concert, personne ne remarque que discrètement j’ôte mes belles boots. J’aime bien prendre mes aises pour écouter la musique, les salles de concerts sont un peu ma deuxième maison, du coup je fais comme chez moi : en chaussette je saute sur un fauteuil en écoutant du Namasté. Normal quoi… La fin du concert arrive, je décide de me rechausser, mais pour quelque chose de plat. Lablonde arrive quelques minutes après. « je suis fière j’ai pas du tout enlever mes chaussures une minute… Mince j’ai perdu alors ?…Ai-je le droit de dire que ce n’était pas des 12 cm mais des 9 qu’elle avait ? Bon c’est vrai c’est de la mauvaise foi…