En 2008, je découvre comme beaucoup de monde The Dodos, et quelle rencontre ! Visiter, leur deuxième album, fut un véritable coup de cœur. Pendant une heure entière, le duo composé de Meric Long (guitare/chant) et Logan Kroeber (batterie) nous enchantait par leurs compositions somptueuses qui naviguaient entre sauvagerie et mélancolie. Visiter reste à ce jour un album marquant qui donna un sacré coup de fouet à la scène folk de l’époque en proposant un concept original. La batterie très présente tapait de toutes ses forces tandis que les guitares étaient souvent énervées contrastant à merveille avec la voix de Long beaucoup plus mélancolique.
La suite, ne fut pas des plus joyeuses pour ce sympathique groupe, Time To Die, reçut des avis beaucoup moins élogieux, en reprochant le son trop lisse dont le producteur Phil Ek (Fleet Foxes, The Shins) doit être en partie responsable. Pourtant, ce disque n’avait rien de honteux, au contraire, The Dodos, allait de l’avant en faisant évoluer leur musique, sans perdre leur identité, et surtout, en gardant un talent intact pour l’écriture. Ces mauvaises critiques auront pourtant raison du duo : éviction du musicien Keaton Snyder, embauché à l’occasion de Time To Die pour habiller leurs chansons de vibraphones, et retour en arrière en reprenant le producteur John Askew qui avait œuvré sur Visiter.
Indéniablement, No Color se rapproche beaucoup de leur chef d’œuvre mais il faut avouer que lorsque l’on décide d’évoluer à deux, les possibilités sont vite limitées et le tournage en rond arrive vite. C’est ce qui se produit sur ce disque. The Dodos reviennent aux basiques au détriment de la prise de risque mais c’est bien là le seul point que l’on peut leur reprocher, car force est de constater que The Dodos n’ont rien perdu de leur génie sur ce quatrième album. On remarque même quelques ajouts, anecdotique certes, mais du plus bel effet. Ainsi, la rouquine Neko Case vient prêter main forte sur de nombreux titres en y ajoutant quelques cœurs ici et là. On remarque aussi l’arrivée du violon qui fait quelques merveilles notamment sur le final bouleversant de Companions. Avec ces quelques ajouts, le son se fait beaucoup plus dense, d’autant plus qu’il est rare de n’entendre qu’une seule guitare. Tapi dans l’ombre, l’électricité gronde et nous réserve quelques accords rageurs du plus bel effet.
Mais la principale qualité du disque reste ce contraste permanent entre la voix et les instruments qui ont encore gagné en complexité. Il n’y a qu’à écouter le jeu de Meric Long sur Don’t Stop. Incroyablement doué, le guitariste dévoile de fantastiques arpèges joués à une vitesse affolante. Que dire de Logan Kroeber qui retrouve avec No Color une précision, une rapidité et surtout une force dans l’exécution qui est faite de ses percussions.
No Color nous permet de retrouver ces deux garçons qui nous avaient tant charmés à l’époque. Mais à quel prix ? Ce retour en arrière laisse la désagréable impression de voir un groupe tant aimé faire du surplace. Mais à côté, on a 9 titres sublimes, à la fois beaux et énervés qui nous laissent des étoiles pleins les yeux. Entre ces deux points de vue, je ne sais pas vous mais moi, mon cœur a déjà tranché.
En écoute aujourd’hui, Sleep, parfaite synthèse de la chronique ou vous entendrez : des guitares électriques et acoustiques, Neko et un violon pour un résultat qui frôle l'excellence... Comme c’est toujours le cas chez The Dodos.
Extrait de l'album : No Color
sortie le : 14 février 2011
Label : French Kiss
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite
Pour :
Funk You Dear
Feu à volonté
Tasca Potosina
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Contre :
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