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Les Amours Imaginaires

Publié le 20 mars 2011 par Mg

Les Amours imaginaires. Le titre condense deux thématiques à l’accouplement régulier d’un fantasme qui hésite entre réalité physico-biologique et douces rêveries enfantines. C’est un peu sur cette corde là que tente de s’équilibrer Xavier Dolan, l’esthète faux dandy (puisque le vrai dandy est le pauvre imitateur des grandes classes, pas la grande « classe » elle-même) résigne son champ de vision au désordre effleuré par ses maîtres, et en confectionne un ordre, un jeux de règles qui retourne tout le propos de son image pour se faire l’ennemi juré de l’avant-garde : l’engloutissement bourgeois.

Lutte des classes à part (mais ici obligatoire à souligner tant la déferlante de bourgeoisie assomme de fonds en formes), Dolan, de sa propre confession, parle de ses amours, sa vision intime du social intime. Tout un programme qui se situe en période de seconde jeunesse, où la sexualité est au centre des relectures mais où elle est déjà certaine, sans aucun doute définitionnel, individuel. Sûr de soi sont ces trois personnages confectionnés en marshmallow couleur guimauve. Les personnalités sont donc convaincues mais moles, fades et sans ambition aucune autre que de pavoiser ses lamentations amoureuses. Même en confessions face caméra où il est plus facile à la direction d’acteur de commander l’humidité d’un œil sincère, et la frénésie stylistique de chaque vêtement en porte une grande part de responsabilité. Xavier Dolan adouci le (son) monde ; même le pays des merveilles et ses illuminations à morales douteuses sont plus « réalistes » et bien moins naïves que les bordels de canapé ici posés.

Mais comment en vouloir à Dolan ? Des indéniables caractéristiques du film on doit bien lui accorder sa sincérité. Dolan est un enfant riche, naïf et ignorant du reste du monde quoi que conformément cultivé, mais il déverse sa mélancolie stylistique avec la croyance d’un acharné. Parce que tout ce que veut faire Dolan, ce sont de belles images. Ce qu’il est cependant possible de reprocher au jeune prodige c’est justement de ne vouloir que ça (nous ne relèverons même pas ses propos quant à sa volonté d’exprimer les névroses de la jeunesse, c’est l’enfant aveugle en quête de contenance qui parle là) et de se faciliter la tâche en se raccordant de justesse à une finition du post-modernisme qui va de l’avant. Reprendre à vide les grands esthètes du cinéma, non plus pour en ressortir une technicité propre personnalisant l’analyse (le post-modernisme), mais en y forçant l’intrusion du soi, même s’il faut pour ça s’y intégrer physiquement. Dolan acteur est la représentation la plus exacte de ses films. Loin de nous l’envie de lui reprocher son look mais il est bien évident qu’en dehors de son propre contrôle, le style Dolan est classé. Et ce aux sens les plus divers du terme. On ne prend pas le temps ni l’argent de se surgeler les cheveux, d’enfiler une paire de lunettes à montures noires et large (est-il seulement myope ?), où de garder sa barbe de trois jours rigoureusement régulière partout. C’est un code, un signe de reconnaissance entre milieu.

Dolan consanguin ? Il y a une course à l’hérédité choisie dans la pensée dolanienne. Une sélection artificielle de restes de culture totale. Dolan fonde un univers d’utopie, il fait rêver certains donc, parce qu’il n’a pas d’autre choix. C’est son réel.


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