Magazine Culture

Poezibao a reçu, n° 164, dimanche 20 mars 2011

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
  
Jean-Pierre Verheggen, Poète bin qu’oui, poètes bin qu’non ?, Gallimard 
Claude Chambard, Carnet des morts, Le Bleu du Ciel 
Mathieu Brosseau, la Confusion de Faust, Dernier Télégramme 
Anthologie Quels infinis paysages, publie.net 
Aragon, Le Musée Grévin, Le Temps des Cerises 
Daniel Pozner, la danse (vaudeville, vanité), La Porte 
Maxime Coton, Le geste ordinaire, Esperluète Éditions 
Pavie Zygas, Principe d’incertitude, Éditions Pictura 
François Emmanuel, Sept chants d’Avenisao, Esperluète Éditions
Sandrine Pot, Poèmes 1998-2010, aux environs de Midi 
Anne de Roo, Amour, impossibles objets, Esperluète Éditions 
et les revues 
Décharge, n° 149  
Midi n° 32/33 
La revue des revues, n° 45  
Notices détaillées de ces livres et revues en cliquant sur « lire la suite... » 

 
Jean-Pierre Verheggen
Poète bin qu’oui, poètes bin qu’non ?
Gallimard ; 2011 
15 € 
 
 « Il y a trente-six sortes de poètes : champêtres ou rodomonts, peuls ou auvergnats, voire ambigus et ambidextres à la fois! Il y a parmi eux des alcoolos, des mycologues, des indécis, des kamikazes, des inconnus et des curés de leur propre petite gloire locale personnelle! Sans oublier les agités du buccal et les centaines d'autres espèces. Poète moi-même – peut-être? (la question reste ouverte) –, j'en ai tiré quelques portraits, le plus souvent au tir à têtes de pipes. C'est que je n'attache jamais ma censure quand je conduis mon autodérision! Me voici donc fonçant à vive allure sur l'âge ingrat qu'est la vieillesse pour lui rappeler que je suis et veux rester une « personna non gaga » ou plus loin écrasant sans vergogne quelques nouveaux-nés choisis parmi nos récents néologismes abscons et technico-bluffeurs venus, une fois encore, s'embourber dans notre langue : procrastination, locaphage (ou locavore : au choix!), accidentogène et buvabilité, etc. Pan! Sans le moindre coup de frein! Pan dans le mille! » (4ème de couverture).  
 
 
Claude Chambard
Carnet des morts
un nécessaire malentendu IV.  
Le Bleu du Ciel, 2011 
14 € 
 
Lors d’une longue marche, sur plusieurs saisons, il est 
accompagné par les aïeuls, fantômes si proches car il sait  
prêter attention au monde invisible et n’a plus peur de ce qui  
l’émeut. Les morts parlent, sont pour lui visibles, hantent ses 
journées, marchent avec lui... Dès lors rêve et réalité sont 
difficilement dissociables. La tentation du récit est partout 
présente, du roman d’aventure, du dialogue, du poème perdu 
et tout se mélange pour devenir la sépulture d’un monde dans 
lequel il ne sait plus vivre. (4ème de couverture) 
 
 
Mathieu Brosseau 
La confusion de Faust 
Dernier télégramme, 2011 
6, 50 € 
 
« Écrit sous la forme d’un palimpseste ou d’un monologue polyphonique, ce texte reprend le mythe de Faust à partir de la version de Goethe. Des blocs de textes avec des polices de caractère différentes s’entrecroisent et donnent à l’ensemble, par ce fait, une impression de confusion destinée à marquer la distinction entre l’ancien et le moderne, entre l’original et sa reprise. 
Aussi, une telle disposition des textes dans la page tend à replacer et à mettre dans un schéma critique et en tension, le dualisme opposant le « déjà-fait » au « à-inventer » tout en introduisant la question blanchotienne du livre à venir et de son impossibilité essentielle. 
En outre, la question spirituelle du Mal - et de l’attrait que l’on peut avoir pour lui -, de la possession à la vente de son âme, interroge l’être humain depuis toujours et cela traversant toute les crises de la modernité, sachant les révolutions qu’elles invoquent. 
La Confusion de Faust, en une vingtaine de pages interroge le lecteur, espérant opérer en lui un mouvement qui déplacerait sa vision de la convoitise par un effet rétrocritique. 
(extrait d’un mail de l’auteur) 
 
 
Quels infinis paysages ? 
Une anthologie proposée gratuitement en partenariat avec le Printemps des Poètes. 
Par François Rannou 
Collection L'Inadvertance, poésie 
Télécharger ce livre ici 
 
Cette anthologie est d’abord une manière d’interroger, aujourd’hui, le paysage et ses infinies variations – celles du regard singulier grâce auquel chacun construit son paysage, au fil du temps ; celles qu’il subit sous l’effet des transformations liées à l’action de l’homme, ou des éléments. Paysage précaire, donc, mouvant, qui se constitue pourtant dans l’arrêt qu’il impose : une pause est nécessaire pour admirer, décrire, peindre, cadrer ce qui est là sous les yeux. Chaque texte, ici, écrit un rapport au monde, tente d’en percevoir un rythme, d’en traduire une leçon, d’en soulever un questionnement. Il y a bien un enjeu qui fait du paysage autre chose qu’un thème décoratif. Notre « terre habitable » (François Cheng), c’est la chute d’Iguazú (Michel Collot) et la ville (Michèle Dujardin, Denis Heudré, Fred Griot) autant que le poème comme espace (Fabienne Courtade) ou les noms qui le désignent (Patrick Beurard-Valdoye). C’est toujours un départ vers l’inconnu (Michel Butor, Kenneth White), un angle de vue (Antoine Emaz) qui, parfois, remet en cause avec ironie (Paol Keineg). Les peintres, qui nous ont appris à voir le paysage, sont présents dans cet ouvrage et c’est somme toute d’une logique irréductible. 
Encore un mot : c’est un livre — électronique : à lire sur ordinateur, sur liseuse, sur tablette. Chaque poète est présenté par des liens qui renvoient à l’extérieur du livre vers un autre espace de connaissance de l’auteur (sites internet, blogs, vidéos en ligne, radio, revues… : il vaut mieux alors lire sur un outil de lecture connecté au Web).  
François Rannou, sur le site de l’éditeur 
 
 
Aragon 
Le Musée Grévin 
Préface de Jean Ristat 
Le Temps des Cerises / Les Lettres Françaises 
12 € 
 
Commencé en juin 1943, Le Musée Grévin fut achevé dans la Drôme puis publié en août 1943. Georges Sadoul se souvient des circonstances de cette sortie : « Quand notre “technique” nous parla d’une imprimerie clandestine possible, Aragon, parcourant Montchat, chercha durant de longues heures un titre de maison d’édition, pour s’arrêter à “la Bibliothèque française”. Une des premières brochures qui porta le nom de cette firme fut Le Musée Grévin publié sous une couverture de papier peint jaune et blanc, par un imprimeur de Saint-Flour. Ce livre signé François la Colère fut bientôt après réédité par les éditions de Minuit dont nous diffusions en zone Sud les publications. »
Le Temps des Cerises réédite enfin ce texte, introuvable depuis de nombreuses années, et comparable dans l’œuvre d’Aragon à ce que sont Les Châtiments dans celle d’Hugo, dans sa version d’après-guerre il est augmenté de Quelques poèmes inédits, et d’un superbe texte en prose sur le réel en poésie intitulé Les Poissons noirs.  
 
 
Daniel Pozner 
La danse 
(vaudeville, vanité)  
La Porte, 2011 
 
Carpe diem carpe farcie 
Les formes sauvages sont plus élancées que les formes domestiques 
C’est le chat qui se régale 
 
Inutile poisson de te cacher maquiller sous les cailloux 
Regarde leurs efforts de pantin 
Pour te prendre 
Gesticulent en vain 
– Le temps pour souple fuir 
 
 
Maxime Coton 
Le geste ordinaire 
Gravures de Laurence Léonard 
& Esperluète éditions, 2011 
14 € 
 
Maxime Coton réunit dans Le geste ordinaire une suite de poèmes qui construisent un lien père-fils d’une grande intensité.  Comme dans le film éponyme (qui sort en parallèle du livre), le fils parle du travail du père, du regard qu’il porte sur l’usine, les camarades, l’engagement,... Il y a parfois de l’incompréhension entre ces deux-là, il y a surtout une connivence dans la pudeur et la force de l’amour filial. Ce sont des mots francs, simples, dénués de tout apprêt. S’esquisse alors le portrait d’un homme discret, d’un ouvrier qui dans le silence des gestes quotidiens transmet à son fils des outils pour vivre. 
Les gravures de Laurence Léonard, par leurs contrastes francs, rythment  
les pages et offrent un décor aux mots du poète. (site de l’éditeur) 
 
 
Pavie Zygas 
Principe d’incertitude 
Encres de François Marquez 
Éditions Pictura 
30 € 
 
merci à la brume 
d’avoir laissé passer le héron 
gris sur gris 
derrière ma fenêtre 
 
Pavie Zygas, née en 1949 de mère lettone, est passionnée par les poètes classiques de l’Extrême Orient où elle voyage régulièrement. Elle a publié essentiellement en revues : ARPA, Neige d’Août, Triages, Voix d’Encre, Souffles, Grèges, Moriturus, Osiris (États-Unis), Kyoko (Japon), La Traductière. Son premier livre, Berceau de branches vides est paru chez fissile en 2007. Pictura a publié en 2009 un premier recueil dans sa collection « les Contemporaines » : Familiarité de la montagne vide.  
 
 
François Emmanuel 
Sept chants d’Avenisao 
Dessins d’Anne Leloup 
Esperluète éditions, 2011 
 
Inspiré par la légende d’Orphée Sept chants d’Avenisao est à la fois l’adresse d’un homme à une disparue et le récit fragmenté de son voyage entre mémoire et rêve pour tenter de la retrouver. 
Sept chants marquent le dépouillement progressif du narrateur, sa mort peu à peu consentie, sa traversée de pays indéfinis, son errance au gré des voix et des présences, jusqu’à cette lumière tant espérée qui scella jadis la rencontre.  
La force du texte tient dans la suggestion du temps, l’ellipse de la narration ; entre récit et mélopée. Les dessins d’Anne Leloup nous enveloppent et nous entraînent entre masses vibrantes, lignes fluides et traits éphémères. Au fil des pages, les lignes se construisent et se déconstruisent pour nous esquisser les images d’un rêve tactile. Imprimés sur papier calque, les dessins jouent comme une apparition et renforce les sensations de fragments, de passages et de traces contenus dans le texte. (sur le site de l’éditeur, que Poezibao recommande particulièrement, pour sa très belle qualité graphique) 
 
 
Sandrine Pot 
Poèmes 1998-2010 
Aux environs de Midi 
7 € 
 
Ce premier Carnet de la collection « Aux Environs de Midi » rassemble les textes de Sandrine Pot parus dans la revue Midi depuis 1998. En offrant une lecture continue de ses poèmes, un fil rouge se dessine et guide le lecteur. On découvre ainsi au fil du temps le passage d’une écriture elliptique et en apnée, à une narration qui reflète furtivement ce mouvement sous-marin, s’en imprègne et le dépasse. (4ème de couverture)  
 
 
Anne de Roo 
Amour, impossibles objets 
Gravures de Monique Dohy 
Esperluète éditions, 2010 
8 € 
 
Un geste, un objet, une sensation et Anne De Roo entrevoit l’espace d’un instant, les moments du lien amoureux. Entre lien et perte, déséquilibre et repos, un temps en creux ou en plein se construit en une suite de textes courts. Les gravures à l’eau-forte de Monique Dohy montrent l’équilibre fragile qui s’installe entre deux objets. Ces formes en suspension se cherchent dans les plis du livre ou tout au bord de la page. Textes et images se répondent alors comme les amants peuvent le faire. (site de l’éditeur) 
 
 
Revue Décharge, n° 149 
6 € 
 
Avec notamment un dossier « La critique en questions 1 » avec Antoine Emaz, Jacques Morin, Jean-Pascal Dubost, Romain Fustier, Amandine Marembert. Et des textes notamment de Charles Pennequin, Christian Bulting, Róza Domascyna... 
 
 
Revue Midi, n° 31/32 
14 € 
 
avec notamment une correspondance inédite entre Charles-Albert Cingria et Suzanne Tézenas, avec un CD de Gilles de Obaldia signé et numéroté réservé aux abonnés, huit poèmes dit par Mildred Clary et Gilles de Obaldia, création sonore Nadir Babouri.  
 
 
Revue La Revue des Revues, n° 45 
15,50 € 
 
avec notamment des articles sur Walter Benjamin, auteur de revues, des articles sur les revues Issue, Quo Vadis, Broom... 


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